Crimée : la possibilité d'une guerre

Publié le 18 mars 2014 à 19h19
Crimée : la possibilité d'une guerre

UKRAINE - Vladimir Poutine a signé mardi un traité historique rattachant la Crimée à la Russie, à l'issue d'un discours au ton très anti-occidental, s'attirant les foudres de l'UE et Washington. Quelques heures plus tard, un soldat ukrainien était tué dans un assaut russe à Simféropol. Faut-il craindre une escalade militaire ? Explications.

" La Crimée fait partie de la Russie. C'est une conviction transmise de génération en génération." Sous les ors du palais du Kremlin, mardi, Vladimir Poutine savoure son succès. Le président russe vient tout juste de signer un traité historique, ramenant dans le giron de Moscou la petite péninsule, offerte à l'Ukraine en 1954. A peine quelques heures plus tard, la situation sur le terrain tourne au vinaigre.

"Le conflit passe de la phase politique à une phase militaire, a ainsi tempêté dans la soirée le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk. Aujourd'hui, les troupes russes ont commencé à tirer sur nos soldats. C'est un crime de guerre". En cause : la mort d'un militaire dans une tentative d'assaut russe sur une base militaire à Simféropol, chef-lieu de la Crimée. La goutte d'eau pour Kiev qui, après plusieurs incidents identiques ces jours-ci, opte pour une réponse musclée. "Pour protéger les vies de nos soldats, les unités militaires ukrainiennes en Crimée ont été autorisées à utiliser leurs armes", annonce dans la soirée le ministère de la Défense.

Isolement international

Mais si la petite péninsule vacille sous le poids de l'occupation russe, la généralisation d'un conflit à l'échelle européenne semble à ce stade peu probable. "Une escalade militaire n'est pas possible. Nous n'allons pas nous battre pour l'Ukraine qui n'est ni membre de l'Otan, ni de l'Europe", nous assure Philippe Migault. Selon ce directeur de recherche à l'IRIS, "nous n'avons pas non plus les moyens militaires de faire fléchir la Russie, seconde puissance nucléaire mondiale et qui dispose de moyens de défense très dissuasifs dans la région."

Si l'option militaire s'avère exclue, Paris et ses alliés devraient jouer la carte de l'isolement international. Après une première salve de sanctions plutôt symboliques – gel des visas et des avoirs d'une trentaine de dirigeants -, les Occidentaux pourraient tenter de taper plus fort au portefeuille du géant russe. "La Russie est beaucoup plus vulnérable que les Européens à la prise de sanctions : elle représente un peu plus de 1% du commerce extérieur de l'UE, quand cette dernière constitue 50 % du commerce extérieur de la Russie", pointe François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Soixante ans après la cession de la Crimée à l'Ukraine, voici revenu le parfum de la guerre froide.


Thomas GUIEN

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