Des dizaines de migrants arrêtés en Pologne, l'UE prépare des sanctions contre la Biélorussie

Publié le 14 novembre 2021 à 17h16

Source : JT 20h Semaine

TENSIONS - Plusieurs dizaines de migrants ont été arrêtés samedi aussitôt qu'ils sont passés en Pologne depuis le Bélarus, a annoncé ce dimanche Varsovie. Des milliers de migrants massés à la frontière tentent de pénétrer dans l'UE. Les Occidentaux, qui accusent le régime bélarusse d'avoir délibérément orchestré la crise, s'apprêtent à élargir les sanctions à son encontre.

La police polonaise a indiqué ce dimanche sur Twitter que 50 migrants en provenance du Bélarus ont été arrêtés samedi, juste après avoir traversé la frontière près du village de Starzyna. Selon les garde-frontières, "une plus grande tentative de franchir la frontière aujourd'hui" se dessine.

Des milliers de migrants du Moyen-Orient campent à la frontière UE-Bélarus, source d'une très vive tension entre l'UE et les États-Unis d'un côté et le Bélarus soutenu par la Russie, son alliée, de l'autre. Les occidentaux accusent le régime du dictateur Alexandre Loukachenko d'avoir délibérément orchestré la crise en encourageant les migrants à venir, puis en les acheminant à la frontière. Minsk rejette les accusations et accuse l'Union européenne, à son tour.

"Si quelqu'un pense que Loukachenko ou les Bélarusses reculeront, alors cela n'arrivera pas", a déclaré Alexandre Loukachenko, parlant de lui-même à la troisième personne, dans une interview samedi. Ce dimanche, le ministre bélarusse des Affaires étrangères Vladimir Makei a indiqué lors d'un appel téléphonique avec le chef de la diplomatie européenne Joseph Borrell que les sanctions de l'UE étaient "contre-productives" et "sans espoir"

Au moins 10 migrants déjà morts à la frontière polonaise

Selon les organisations humanitaires, au moins dix migrants sont morts jusqu'à présent. Les ONG évoquent une crise humanitaire en cours par des températures qui chutent en dessous de zéro et exhortent à une désescalade pour aider les migrants.

Dans le plus grand camp, près du village bélarusse de Brouzgi, les autorités chiffrent les migrants ou réfugiés à environ 2.000 personnes, dont des femmes enceintes et des enfants. Les autorités bélarusses leur ont fourni de l'aide, des tentes et des radiateurs, une mesure qui pourrait présager une présence semi-permanente à la frontière.

Varsovie refuse de laisser les migrants passer et accuse le Bélarus de les empêcher de retourner chez eux. Le ministre polonais de l'Intérieur Mariusz Kaminski a signalé samedi une rumeur circulant parmi les migrants, selon laquelle lundi la Pologne leur permettrait de passer et que des autocars viendraient d'Allemagne pour les récupérer. "Une provocation est en préparation", a-t-il estimé.

Le gouvernement a envoyé un texto à tous les téléphones portables étrangers le long de la frontière, en dénonçant "un mensonge total et un non-sens ! La Pologne continuera de protéger sa frontière". "Ceux qui répandent de telles rumeurs cherchent à encourager les migrants à prendre la frontière d'assaut, ce qui peut conduire à des développements dangereux", prévient ce texte.

Vers un élargissement prochain des sanctions contre Minsk

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE doivent se réunir lundi pour élargir les sanctions imposées au Bélarus suite à sa répression contre les opposants de Loukachenko, qui dirige le pays depuis près de 30 ans. Le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, a déclaré que les ministres autoriseraient des sanctions contre "tous ceux qui participent au trafic de migrants vers le Bélarus", y compris les compagnies aériennes, les agences de voyages et les fonctionnaires.

"Loukachenko s’est trompé. Il croyait qu’en ripostant de cette façon il allait nous tordre le bras et faire annuler les sanctions. C’est tout le contraire qui se produit", a déclaré Josep Borrell au Journal du Dimanche. Le commissaire européen Thierry Breton a déclaré à France Inter que "l'ensemble des 27 vont être totalement alignés" sur ce sujet.

Selon le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, parmi les mesures envisagées figure "la fermeture complète de la frontière, pour couper le régime des avantages économiques". Dans une interview à l'agence PAP, il a estimé par ailleurs que "toute la communauté (européenne) devrait contribuer" à la construction d'un mur à la frontière polono-bélarusse.

De son côté, la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a exhorté dimanche le président russe Vladimir Poutine à intervenir dans la "crise honteuse et fabriquée des migrants" en cours à la frontière polono-bélarusse, où le Royaume-Uni a envoyé une poignée de militaires.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info