Crise politique en Italie : Carlo Cottarelli, un "M. Austérité" chargé de former un gouvernement

Publié le 28 mai 2018 à 12h45, mis à jour le 28 mai 2018 à 12h51
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Source : Sujet JT LCI

CRISE - Au lendemain du refus par Giuseppe Conte de former un gouvernement, après que le président de la République a invalidé ses dernières propositions, la crise politique éclate au grand jour en Italie. L'économiste Carlo Cottarelli, ancien cadre du FMI, a été chargé de former un gouvernement, suscitant la fureur de La Ligue et du Mouvement 5 Etoiles. Il a par ailleurs annoncé la tenue de nouvelles élections d'ici début 2019.

Après l'inconnu Giuseppe Conte, censé devenir le nouvel homme fort de l'Italie mais renonçant à cette tache après avoir échoué à imposer son gouvernement de coalition La Ligue (extrême-droite) et Mouvement 5 Etoiles (M5S) au président de la République Sergio Mattarella, un autre inconnu pourrait arriver à la tête du pays. Il s'agit de l'économiste Carlo Cottarelli, ancien haut responsable au Fonds monétaire international (FMI). Agé de 64 ans, il était surnommé "M. Ciseaux", depuis qu'il avait été chargé de mettre en place une baisse des dépenses publiques par le gouvernement d'Enrico Letta en 2013. Le président Mattarella l'a chargé de former un gouvernement, lundi 28 mai. 

Aussitôt nommé, ce dernier a promis la tenue d'élections anticipées au plus tard "début 2019". Il faudra probablement bien ça pour résoudre la crise politique que l'Italie est en train de vivre. Le M5S et la Ligue, pressentis pour gouverner le pays, n'ont pas eu la main légère au moment de donner leur avis sur le nouveau Premier ministre. Avant même que ce dernier ne soit nommé, Luigi Di Maio classait l'économiste parmi les "experts donneurs de leçons qui nous ont accablés en taillant dans la santé, l'éducation, l'agriculture". Matteo Salvini, lui, le qualifiait de "Monsieur Personne qui représente la finance internationale".

L'arrivée de ce technocrate à la tête du pays fait immanquablement penser à l'expérience Mario Monti. Cet ancien commissaire européen, incarnation de la ligne économique honnie par La Ligue et le Mouvement 5 étoiles, avait dirigé un gouvernement dit "technique" entre 2011 et 2013, procédant à une politique de rigueur, prolongée ensuite par les gouvernements sociaux-démocrates d'Enrico Letta et Matteo Renzi.

Sociaux-démocrates qui avaient été balayés en mars 2017 aux élections générales. La coalition entre le M5S et La Ligue, alliage de populisme et d'extrême droite, avait abouti à un certain consensus en la personne de Giuseppe Conte, juriste de 54 ans issu des rangs du M5S et partisan modéré de la sortie de l'euro. Il avait renoncé à son poste après n'avoir pas réussi à imposer Paolo Savona, économiste eurosceptique à la tête du ministère de l'Economie et des Finances.

DECRYPTAGE - Italie : le programme populiste de la coalition M5S-Ligue inquiète l'EuropeSource : JT 20h Semaine
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Disons-le clairement qu'il est inutile d'aller voter, puisque les gouvernements, ce sont les agences de notation, les lobbys financiers et bancaires qui les font
Luigi Di Maio, chef du M5S

"C'est un conflit institutionnel sans précédent", avait déclaré, juste après, furieux, Matteo Salvini, le chef de file de la Ligue, qui était pressenti à l'Intérieur, dans une vidéo diffusée sur Facebook. "Nous avons travaillé pendant des semaines pour faire naître un gouvernement qui défende les intérêts des citoyens italiens. Mais quelqu'un (sur la pression de qui ?) nous a dit NON", a-t-il martelé. Avant même la fin de la réunion entre Conte et le président italien, il estimait que la seule solution passait par un nouveau scrutin. "Dans une démocratie, si nous sommes toujours en démocratie, il n'y a qu'une seule chose à faire, laisser les Italiens avoir leur mot à dire", a-t-il affirmé. 

"Il y a un grand problème en Italie : la démocratie", a pour sa part estimé Luigi Di Maio. "Nous étions prêts à gouverner et on nous a dit non, parce que le problème est que les agences de notation dans toute l'Europe étaient inquiètes à cause d'un homme qui allait devenir ministre de l'Economie", a-t-il ajouté. "Alors disons-le clairement qu'il est inutile d'aller voter, puisque les gouvernements, ce sont les agences de notation, les lobbys financiers et bancaires qui les font. Toujours les mêmes."

Plus tard dans la soirée, Luigi di Maio avait déclaré qu'il chercherait à obtenir du Parlement la destitution du président Matterella après son refus. Di Maio a dit vouloir invoquer l'article 90 de la Constitution italienne, qui permet de mettre en accusation le chef de l'Etat pour "haute trahison" ou "atteinte à la Constitution".


La rédaction de TF1info

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