Daech peut-il être vaincu en 2016 ?

Publié le 6 janvier 2016 à 18h58

INTERVIEW – L'intensification de l'offensive contre le groupe Etat islamique de la fin de l'année dernière devrait se poursuivre en 2016. D'ores et déjà, le groupe djihadiste a enregistré de cinglantes défaites, notamment en Irak. De là à imaginer la chute de l'organisation terroriste d'ici la fin de l'année qui s'ouvre ? Rien n'est moins sûr.

Daech a connu de récents revers en Irak. Ces défaites militaires annoncent-elles, selon vous, la fin du groupe djihadiste ?
On a vu des retournements de situation assez spectaculaires en Syrie et en Irak, mais on est loin du compte en ce qui concerne l'EI. Pour vaincre cette organisation, il faudrait prendre au moins Mossoul (Irak) et Raqqa (Syrie) pour entraîner une spirale négative et dissoudre les allégeances qui se sont développées.

Les reprises récentes de villes comme Sinjar ou Ramadi, en Irak, sont tout de même notables...
Symboliquement, c'est important. Ramadi, par exemple, est une grande ville, la capitale de la grande province sunnite d'Al-Anbâr. Maintenant, il faut voir qui va contrôler les villes reprises. Si c'est pour avoir une armée aussi peu efficace que celle qui s'est fait chasser de Ramadi l'an dernier, ce ne sera pas très utile. Il faut également et surtout un changement politique très fort.

EN SAVOIR + >> Irak : Daech chassé de Ramadi

C'est-à-dire ?
Il est essentiel de changer la manière de gérer les provinces sunnites pour que le soutien à l'EI disparaisse. Je rappelle que l'EI existe depuis 2003 et a failli disparaître en 2007. Il est toutefois revenu sur le devant la scène dans le contexte de la politique très dure menée par le Premier ministre de l'époque, Nouri al-Maliki contre les sunnites et les mouvements de protestations de 2012. Les populations sunnites n'ont pas fait allégeance à l'EI, de manière plus ou moins forcée, pour rien. Elles l'ont fait car elles ne se sentent pas en sécurité. Elles sont agressées de tous les côtés par Bagdad, Damas, les Kurdes.

Une intervention au sol est-elle inévitable ?
Oui, il faut planter des drapeaux, puis contrôler les régions. La stratégie actuellement en place se concentre sur l'appui aux forces locales kurdes et irakiennes qui se divisent entre les milices chiites et l'armée fédérale. Aujourd'hui, toutefois, sans déployer particulièrement des troupes au sol, la coalition pourrait sans doute faire mieux en engageant plus de moyens que la seule aviation, notamment des hélicoptères d'attaque et des forces légères sur la zone de conflit.

* Michel Goya est historien, spécialistes des questions militaires et colonel en retraite. Il est l'auteur du blog "La Voie de l'épée". Il a publié en avril dernier "Sous le feu La mort comme Hypothèse de travail" sur l'action militaire vécue au plus près des combats et de ceux qui les livrent, aux éditions Tallandier. 272 pages.

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La rédaction de TF1info

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