Danemark : le corps de la journaliste identifié, un scénario macabre se dessine

Publié le 23 août 2017 à 18h31, mis à jour le 23 août 2017 à 19h52
Danemark : le corps de la journaliste identifié, un scénario macabre se dessine

EN EAUX TROUBLES - Si l'épilogue du scénario dano-suédois qui secoue les rives de l'Öresund depuis le 10 août n'est pas encore connu, l'identification mercredi d'un tronc humain comme étant celui de la journaliste suédoise Kim Wall en dessine les contours. Le corps de la jeune femme, qui réalisait un reportage sur l'inventeur du plus gros sous-marin artisanal du monde, a été découpé et lesté pour ne pas qu'il remonte à la surface. Au cœur de l'enquête, l'énigmatique capitaine Madsen. LCI fait le point sur ce fait divers hors normes.

Il est le seul à savoir ce qui s’est réellement passé le 10 août à bord de son submersible. Le capitaine Peter Madsen, l’inventeur danois du plus gros sous-marin artisanal du monde, le Nautilus, est au cœur du polar dano-suédois qui se joue sur les rives de l'Öresund. 

La police a annoncé ce mercredi que le tronc humain retrouvé dans la baie de Køge, à environ 50 kilomètres au sud de la capitale danoise, était bien celui de Kim Wall, portée disparue depuis plus de dix jours. Cette journaliste suédoise de 30 ans réalisait un reportage sur cet ingénieur-autodidacte passionné par les sous-marins et les fusées. 

Peter Madsen, un inventeur en eaux troubles

Un homme aux rêves fous devenus pourtant réalité en 2008 après avoir achevé, avec une équipe de bénévoles un peu dingues, la construction d'un sous-marin artisanal. Après avoir exploré les abysses marins, Peter Madsen voulait conquérir l’espace et devenir le premier homme à explorer le monde dans une fusée fait-maison. Le projet n’a pas abouti mais ses constructions atypiques ont fait de lui un personnage connu au Danemark. Peter Madsen se définissait comme un "inventrepreneur". Ses proches dessinent un visage plus contrasté de ce personnage "passionné", parfois "étrange" mais jamais "violent". 

"Il ne boit pas, ni ne se drogue", a affirmé son biographe, Thomas Djursing, au quotidien danois Jyllands-Posten. "Mais il est en colère contre Dieu et les hommes", a-t-il expliqué. Son frère, Benny Langkjaer Egeso, a raconté au journal suédois Expressen qu'il partageait avec son père un vif intérêt pour les navires ou les aéronefs. "Je ne crois pas qu'ils parlaient de quoi que soit d'autre que de science". 

En 2014, il a un différend au sujet du sous-marin avec ses bénévoles. Dans un texto envoyé à deux membres du conseil d'administration, il évoque, comme un prophétie, "une malédiction sur le Nautilus". "Cette malédiction, c'est moi. Il n'y aura jamais de sérénité sur le Nautilus, tant que j'existerai (...) Vous ne vous sentirez jamais bien dans ce sous-marin... Ne mettons pas davantage de vies en péril dans ce bâtiment". 

Changement de version des faits

Kim Wall était, elle, une journaliste passionnée et indépendante. Elle avait collaboré avec The Guardian et The New York Times et voulait écrire sur l’énigmatique Peter Madsen. Le 10 août dernier, la reporter était montée à bord de son sous-marin. Une courte vidéo réalisée par un témoin montre Peter Madsen et la jeune femme souriante, en haut de la tour du submersible. C'est la dernière image d'elle vivante. Dans la nuit du 10 au 11 août, son compagnon inquiet de ne pas avoir de ses nouvelles alerte la police. Ce même jour, Peter Madsen est secouru dans le détroit de l'Öresund peu avant le mystérieux naufrage du Nautilus. Les enquêteurs ne croient pas à la version de l’homme qui affirme avoir rencontré un problème technique. Ils sont persuadés que le submersible a été intentionnellement sabordé. 

Où est la journaliste ? Dans un premier temps, l’inventeur au cœur des suspicions affirme qu'elle n'était pas avec lui au moment du naufrage. Il l'aurait débarquée vivante sur la pointe de l'île de Refshaleøen, à Copenhague, dans la soirée du 10 août. Et puis, en garde à vue, il craque et avance que Kim Wall a été victime d’un accident. Il l'a alors jetée à la mer. S’il maintient depuis cette version, l’identification du buste retrouvé dans cette baie pourrait la mettre à mal. Il s'agit bien d'une partie du corps de la journaliste dont les bras, les jambes et la tête ont été délibérément sectionnés. 

Un corps lesté pour ne pas qu'il remonte à la surface

Le tronc a été lesté d'une pièce en métal dans le but manifeste qu'elle demeure au fond de l'eau et des "blessures" font penser à "une tentative de s'assurer que l'air et les gaz s'échappent du corps pour qu'il ne remonte pas à la surface", a déclaré le directeur d'enquête, Jens Møller Jensen, lors d'une conférence de presse mercredi. Le sang de Kim Wall a par ailleurs été retrouvé en abondance à bord du sous-marin. Les recherches en mer se poursuivaient pour tenter de localiser les parties manquantes du corps.

Les enquêteurs devraient prochainement réentendre Peter Madsen. "Je n'ai pas l'intention de spéculer sur un mobile", a poursuivi le directeur d'enquête, qui a refusé de dire si l'autopsie avait pu mettre en évidence une agression sexuelle. Peter Madsen reste à ce stade soupçonné par les enquêteurs d'"homicide involontaire par négligence". Mais Jens Møller Jensen n'a pas exclu que ce chef d'accusation pourrait changer. 


La rédaction de TF1info

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