Vaccin contre le Covid-19 : dans les coulisses de Spoutnik V, qui fait la fierté des autorités russes

M.D.
Publié le 22 février 2021 à 12h11, mis à jour le 22 février 2021 à 12h16

Source : TF1 Info

PANDÉMIE - Le vaccin Spoutnik V a été conçu avec une rapidité déconcertante au sein du laboratoire Gamaleya, à Moscou. Pour l'heure, 1,7 million de Russes auraient reçu le précieux sérum. Mais tous ne sont pas prêts à sauter le pas.

La scène, vue depuis la France, a de quoi interloquer. Au centre russe Gamaleya, où a été conçu le vaccin Spoutnik V, le port du masque n’est pas de rigueur. Alexander Gintsburg, le directeur de l’institut de recherche salue même les visiteurs d’une poignée de main. "Rassurez-vous, j’ai assez d’anticorps pour vous et moi, explique-t-il. J’ai été avec sept de mes collègues le premier vacciné au monde dès le mois de mars dernier", lance le directeur du laboratoire, non sans une pointe de fierté. La rapidité avec laquelle la Russie a mis en circulation son sérum pousse à l’admiration, bien qu’elle soulève aussi des interrogations. "En fait, nous avons pu commencer à tester massivement sur des humains avant même la fin des études cliniques car nous étions certains de notre méthode. Et aussi parce qu’en Russie une loi d’urgence sanitaire nous y a autorisés", explique le directeur de l’institut Gamaleya.

Le secret de cette réussite ne doit rien à la chance. À la différence de la plupart des autres vaccins contre le Covid-19, Spoutnik V n’est pas parti de zéro. Il s’agit en fait d’une déclinaison d’un autre vaccin, destiné à lutter contre le virus Ebola. Le même procédé est utilisé en Europe par AstraZeneca. Mais la version russe affiche de biens meilleurs résultats  : 91,6 % de protection contre le covid-19 (contre 60 % pour celui du laboratoire suédo-britannique), et à peine moins pour les nouveaux variants. "Les données disponibles à ce jour ne montrent pas que l’efficacité de notre vaccin baisse de manière significative. Cela fonctionne toujours, donc nous n’avons pas besoin de développer de nouvelles formules", assure Vladmir Gouchine, qui dirige l’équipe de 70 chercheurs qui a mis au point le précieux sérum.

Avant, ça prenait des années pour fabriquer un vaccin. Là, ça a été beaucoup trop vite. C’est louche
Un habitant de Moscou

Pour les Russes, le succès de Spoutnik V est aujourd’hui un motif de fierté. "En Russie, quand on réunit nos forces, on est capable de tout. Regardez la conquête de l’espace, Youri Gagarine et bien d’autres choses. C’est une grande fierté", se félicite un habitant de Moscou. Mais quand il s’agit de se faire vacciner, les Russes sont aussi méfiants que les Français. "Avant, ça prenait des années pour fabriquer un vaccin. Là, ça a été beaucoup trop vite. C’est louche", pointe l'un d'eux. "Je ne me ferais vacciner que si c’est obligatoire pour voyager", explique une autre. "Se faire vacciner ? Jamais ! Je n’y crois pas. C’est de la foutaise", estime un troisième. Alors, pour séduire les plus sceptiques, l’état russe met les petits plats dans les grands.

1,7 million de Russes ont reçu le vaccin

À Moscou, on peut ainsi se faire vacciner gratuitement, sans rendez-vous, entre deux emplettes dans le plus grand centre commercial de la ville. Et, plus surprenant encore, personne n’est prioritaire. "On accepte tout le monde. Il suffit d'avoir plus de 18 ans", explique, entre deux vaccins, l'infirmière. Un certificat est remis au patient après son vaccin. "Pour l'instant, il ne vous servira à rien mais si on met en place un passeport vaccinal pour voyager et bien cela vous servira", lui explique-t-elle. Dans certaines régions, comme au Bachkortostan, le vaccin est déjà obligatoire pour accéder à la piscine ou au cinéma.

Mais pour l'heure, il n'est pas prévu de le généraliser dans tout le pays. La semaine dernière, alors que le cap des quatre millions d’infections a été franchi, quelque 1,7 million de personnes avaient reçu une dose du vaccin Spoutnik V, soit un peu plus de 1% de la population, selon des chiffres communiquées par les autorités russes.

Impossible toutefois de mesurer le succès réel de cette campagne vaccinale ni même d’évaluer précisément les capacités de production du pays. Deux autres vaccins pourraient bientôt être homologués par la Russie, de manière à accélérer la cadence.

Bientôt un yaourt anti-covid en Russie ?

 À Saint-Pétersbourg, une équipe de scientifiques explore pour sa part une voie inhabituelle mais prometteuse. Ces chercheurs affirment être parvenus à introduire certains gènes du virus dans des bactéries probiotiques. En clair, ils ont inventé du yaourt anti-covid. "L’avantage du  ferment lactique est qu’il n’y a pas besoin de piqûre. On doit juste le boire et c’est très efficace contre les infections qui pénètrent par la bouche ou le nez. Nous l’avons expérimenté sur l’homme et nous avons observé que les patients ont développé des défenses immunitaires", assure Alexandre Souvorov, qui dirige les recherches. Faute de financement, aucune étude d’efficacité de grande ampleur n’a encore été lancée sur l'homme. 


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