Déportés d'Indochine, les oubliés de l'Histoire de France

Publié le 23 avril 2016 à 16h36
Déportés d'Indochine, les oubliés de l'Histoire de France

HISTOIRE - La France rend hommage aux victimes des camps nazis ce dimanche pour la journée nationale du souvenir de la déportation. Plus de 70 ans après la Seconde guerre mondiale, la reconnaissance des statuts des déportés d'Indochine reste cependant toujours aussi faible. Pourquoi ?

Comment les oublier ? La journée nationale du souvenir de la déportation rend hommage, dimanche 24 avril, aux victimes des camps nazis. Entre cinq et six millions de juifs, soit 40% de la communauté juive mondiale, ont péri dans l’entre des camps de la mort de 1939 à 1945. Parmi eux, environ un million d’enfants.

Une partie de la guerre qui n'est pas "au cœur de l'Histoire"

Mais si cette journée nationale reconnait les déportés juifs, l'hommage aux autres déportés de la Seconde guerre mondiale reste plus discret. On peut notamment penser aux 15.000 Français qui, de 1944 à 1945, ont dû survivre dans des camps japonais alors que la guerre sévissait en Indochine. Pour Raymond Bonnet, dernier survivant français de ces camps, ne pas en parler, c’est oublier.

Comment expliquer que le statut des déportés d’Indochine ne soit pas plus reconnu ou évoqué ? D'après un historien contacté par metronews, cette désensibilisation tient à deux facteurs : "L'Indochine, ce n'est pas le cœur de l'Histoire, en tout cas pas chez nous, pas pour nos médias. En conséquence, les auditeurs ont moins de repères et moins de mémoire." Moins de victimes, plus de distance, donc moins de considération, on oublie. 

Seul un chapitre traite du sujet dans les manuels d’histoire

Pourtant, l'histoire de Raymond Bonnet ressemble à s'y méprendre à celle de n'importe quel résistant sur le sol français. Parachuté secrètement en Indochine pour monter un réseau de résistance, il est dénoncé puis arrêté par la police japonaise en mars 1945. Battu, torturé, affamé, aujourd’hui encore il se souvient : "Voilà le genre de cellule où nous étions, des gros barreaux de bois, une pièce qui faisait quatre mètres sur trois à peu près, raconte-t-il à France Info . Ce sont des cages. On rentrait par un portillon qui faisait à peu près 50 centimètres. On rentrait à quatre pattes là-dedans. On n'avait pas le droit de s'allonger, on n'avait pas le droit d'être le dos au mur. Il fallait qu'on reste au milieu de la pièce. On avait le droit à deux boules de riz par jour, la taille d'un œuf. C'est tout ce qu'on avait à manger. J'avais maigri de 25 ou 30 kilos je crois".

Lorsqu’il est relâché en septembre 1945, soit après six mois de détention, Raymond Bonnet à 23 ans et ne pèse qu’une quarantaine de kilos. Il survit malgré le paludisme et les plaies purulentes. Cet enfer, il s’en souvient et en parle péniblement. Pire, il a l’impression d’être oublié.

Cette partie de la Seconde guerre mondiale n’est pas au cœur de l’histoire de France. Désormais, depuis la réforme de Luc Châtel, seul un chapitre est consacré au traitement de l'Histoire de la Seconde guerre mondiale. A l’origine, il y en avait trois. Difficile, dès lors, de dépasser les frontières de l'Europe quand on remonte le fil du temps.

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La rédaction de TF1info

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