Dérapage sur l’avortement : pourquoi, cette fois, Donald Trump a fait machine arrière

Publié le 31 mars 2016 à 16h30
Dérapage sur l’avortement : pourquoi, cette fois, Donald Trump a fait machine arrière

POLEMIQUE - Le favori des primaires républicaines américaines a suggéré mercredi de punir les femmes qui avortent… avant de rétropédaler. Pourquoi un tel revirement alors que le milliardaire a toujours assumé ses outrances ? Eléments de réponse.

"Il doit y avoir une certaine forme de punition." Droit sans ses bottes, Donald Trump s’est prononcé mercredi soir sur la chaîne MSNBC en faveur d’une punition pour les femmes qui avortent. La petite phrase de trop pour le tonitruant milliardaire qui, noyé sous les critiques, a opté pour un rétropédalage en règle. Sauf que celui-ci pourrait laisser des traces dans sa course à l’investiture républicaine.

Tout a débuté quand l'animateur Chris Matthews lui a demandé s'il "croyait qu'il fallait une punition pour l'avortement" quand "vous (ndlr : Donald Trump) dites que l'avortement est un crime". Réponse du prétendant à la Maison Blanche ? Il faut "interdire" l'avortement, ni plus ni moins. Problème, celui-ci est légal partout aux Etats-Unis depuis une décision historique de la Cour suprême en 1973.

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"Cette question n'est pas claire"

Légal ou non, l’avortement continue d’alimenter le débat aux Etats-Unis, un pays où les disparités culturelles varient d’un Etat à l’autre. Pour preuve, le flot de réactions déclenchés mercredi par le républicain. Le réseau du Planning familial, qui gère des cliniques où les femmes peuvent avorter, a estimé qu'il s'agissait d'une "incitation à la violence contre les femmes". Même rengaine du côté républicains. Ses rivaux Ted Cruz et John Kasich, opposés eux aussi au droit à l'avortement, se sont malgré tout engouffrés dans la brèche : ils ont condamné les propos de leur adversaire, Ted Cruz défendant le "respect" des femmes.

Face à la polémique, Donald Trump a ainsi fait machine arrière. Une première pour lui depuis le début de sa tonitruante campagne. Sauf qu’il a ajouté de la confusion, expliquant via un communiqué que "cette question n'est pas claire". Nouvelle prise de position peu après, dans un second communiqué où il envisage de sanctionner non pas les femmes, qui sont "des victimes", mais les médecins, et seulement si une loi venait à être votée, interdisant l'avortement.

Pourquoi un tel micmac ? Donald Trump s'est souvent emmêlé sur la question de l'avortement, qu'il a longtemps défendu avant de s'y opposer durant sa campagne. En outre - et surtout ? - il risque désormais de se mettre à dos une partie des électrices, devenue sa faiblesse s'il venait à être investi cet été. Déjà coutumier d'insultes à l'égard des femmes ("grosse truie", "Bimbo" ou "folle"), il a en effet franchi un nouveau cap en attaquant l'épouse de son rival Ted Cruz. Or les femmes représentent plus de la moitié de l'électorat américain et sont plus promptes à aller voter que les hommes. Et pour l'heure, le constat est accablant : 73% des électrices ont une opinion défavorable de lui, dont 39% des électrices républicaines...

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Thomas GUIEN

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