Des victimes de l'affaire Epstein en France ? Schiappa réclame une enquête, Belloubet lui rappelle que la justice est indépendante

Publié le 12 août 2019 à 18h18, mis à jour le 12 août 2019 à 21h38

Source : TF1 Info

JUDICIAIRE - Deux membre du gouvernement français réclament l'ouverture d'une enquête en France concernant l'affaire Epstein. Le milliardaire - retrouvé mort dans sa cellule samedi - était accusé de multiples agressions sexuelles et de trafic sexuel sur des mineures. Plusieurs éléments font état de ses liens avec la France, pays dans lequel il possédait une résidence.

L'affaire Jeffrey Epstein , dans laquelle le milliardaire américain était soupçonné d'exploitation sexuelle sur des mineures - a-t-elle des ramifications en France ? L'hypothèse mérite vérification selon Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, et Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’enfance. Les deux membres du gouvernement ont demandé ce lundi l'ouverture d'une enquête dans une communiqué quelques heures après la mort du milliardaire dans une prison de New-York.

Contacté par LCI, le cabinet de Marlène Schiappa explique que "la ministre ne souhaite pas s’exprimer plus sur le sujet. L’enquête a établi qu’il (Epstein) aurait des liens avec Paris – nombreux allers retours, biens immobiliers etc- et des ramifications en France. C’est cela que nous voulons éclaircir".

Il n'appartient pas au gouvernement de décider "des poursuites"

La demande d'ouverture d'enquête a suscité une réaction rapide au ministère de la Justice. "Les poursuites ne sont pas des décisions du gouvernement. Depuis 2013, les  instructions individuelles sont prohibées, conformément au principe  d'indépendance de l'autorité judiciaire", a souligné Nicole Belloubet, dans un  message transmis à l'AFP. 

Un rappel qui n'émeut guère la ministre secrétaire d'Etat, comme a pu le constater LCI auprès de son entourage : "Marlène Schiappa et Adrien Taquet sont dans leur rôle. Ils n’ont donné d’instruction à personne mais passé un message de protection des victimes dans le débat public. Le gouvernement ne pouvait pas rester silencieux alors que la France était citée multiplement au risque de passer pour complice ou voulant couvrir".

Le milliardaire américain, retrouvé mort dans sa cellule samedi, avait été inculpé le 8 juillet pour exploitation sexuelle de mineures et association de malfaiteurs en vue d'exploiter sexuellement des mineures. Emprisonné, il encourrait 45 années d’emprisonnement. Il avait déjà été poursuivi et condamné en 2008 à 18 mois d'emprisonnement pour incitation à la prostitution après un accord passé avec les autorités, lequel ne tenait pas compte de la minorité des victimes et a fait couler depuis beaucoup d'encre.

Une résidence et des contacts à Paris

Jeffrey Epstein été arrêté au début du mois de juillet dans le New Jersey alors qu'il rentrait d'un séjour en France. Il possédait un appartement dans le XVI ème arrondissement de Paris dans lequel il se rendait régulièrement.

Lorsque l'affaire Epstein a éclaté et que ce lien avec le France a été révélé, l'ONG Innocence en danger avait appelé les autorités françaises à lancer une enquête dans un communiqué dès le 12 juillet : "Compte tenu du profil de M.Epstein, déjà condamné pour des faits semblables, il est légitime de se demander s'il n'y a pas de victimes mineures dans l'hexagone".  L'association a écrit une lettre au procureur de la République et a également lancé un appel à toute personne ayant pu être victime ou témoin des activités de Jeffrey Epstein à Paris.  Innocence en danger cite une "source fiable" selon laquelle plusieurs victimes du réseau prostitutionnel présumé créé par Jeffrey Epstein et ses complices  "sont également de nationalité française". 

Cette lettre au parquet envoyée lundi s'appuie "sur les informations  publiques, des documents déclassifiés aux Etats-Unis depuis vendredi où  apparaissent des noms français, mexicains, saoudiens, etc", a expliqué Homayra  Sellier, présidente de l'association, interrogée par l'AFP.

Un document publié par le site Gawker en 2015 suscite également de nombreuses interrogations. Il s'agit du "black book" de Jeffrey Epstein, découvert il y a plusieurs années et qui a refait surface lorsque l'affaire a éclaté. Le carnet a été décrit par le FBI en 2009 comme "un petit livre" contenant les noms de personnes qui ont possiblement côtoyé Jeffrey Epstein. Parmi les contacts, une page entière est titrée "Massage - Paris" et contient une vingtaine de numéros.

Les premiers documents liés à l'affaire Epstein ont été rendus public le 9 août. Ils contiennent plusieurs révélations données par une jeune femme qui raconte avoir été victime du milliardaire. Virginia Roberts Giuffre accuse une complice présumée de Jeffrey Epstein de l'avoir forcée à participer à des orgies sexuelles dans plusieurs résidences appartenant au milliardaire. 

La jeune femme était mineure au moment des faits et donne plusieurs noms : des hommes politiques américains, des avocats, le président d'une grande chaîne d'hôtel et le directeur d'une agence de mannequinat. Ceux-ci ont tous démenti les accusations. 


La rédaction de TF1info

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