Destruction de mausolées à Tombouctou : les remords d'un djihadiste devant la CPI

Publié le 22 août 2016 à 14h36
Destruction de mausolées à Tombouctou : les remords d'un djihadiste devant la CPI
Source : AFP

Alors que son procès s'est ouvert ce lundi matin devant la Cour pénale internationale de La Haye, un djihadiste reconnaît sa culpabilité pour la destruction de 9 mausolées à Tombouctou et demande pardon au peuple malien. Une première.

C’est un homme barbu à l'abondante chevelure bouclée et affublé de petites lunettes qui se présente devant la Cour. Ahmad Al Faqi Al Mahdi est accusé d’avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia. C’était en juillet 2012. Il aurait été le maître d'oeuvre de la démolition de ces monuments classés au Patrimoine mondial de l'humanité, participant à toutes les étapes de la destruction.

Devant la CPI, un de ses avocats, Jean-Louis Gilissen, décrit "un homme intelligent, raisonnable, un intellectuel". Un homme qui aujourd'hui a décidé de plaider coupable de crime de guerre. Mais surtout, qui est venu faire son mea culpa.

"Je demande pardon au peuple malien et je leur demande de me considérer comme un fils ayant égaré son chemin", a-t-il déclaré, promettant que "cette faute commise envers eux sera la première et la dernière".  Un long chemin de rédemption pour cet ancien directeur d'école, né vers 1975,  qui est très vite devenu le "shérif de la ville" prônant de façon stricte l'application de la charia.

L'accusation affirme qu'il était un membre d'Ansar Dine. Un de ces groupes djihadistes liés à Al Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant plusieurs mois en 2012 avant d'être chassés par l'intervention internationale. L'accusé, lui, rétorque qu'il était sous leur emprise. "J'avais cédé à leurs pressions comme à une tempête de sable", a-t-il avoué.

J'avais cédé à leurs pressions
Ahmad Al Faqi Al Mahdi

L'accusation va demander une peine comprise entre 9 et 11 ans de détention, selon un membre du bureau du procureur.  Une peine décidée en accord avec la défense. "C'est une échelle dans laquelle l'accusé s'engage à ce qu'il n'y ait pas d'appel" a déclaré l'un de ses avocats.

Les ONG, elles, se félicitent de la tenue de ce procès "hors norme". Elles appellent toutefois à "continuer les enquêtes sur les autres crimes perpétrés par les djihadistes au Mali comme les mariages forcés ou les viols".


La rédaction de TF1info

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