Après son échec dans l'Obamacare, Donald Trump se venge sur le climat

Publié le 29 mars 2017 à 8h43, mis à jour le 29 mars 2017 à 10h38
Après son échec dans l'Obamacare, Donald Trump se venge sur le climat

ÉNERGIE - Donald Trump a signé mardi un décret abrogeant une série de réglementations édictées du temps de Barack Obama sur la lutte contre les changements climatiques. Promettant un renouveau de l'industrie du charbon, le président américain a déclenché une levée de boucliers.

Donald Trump a lancé ce mardi la déconstruction du bilan de Barack Obama sur le climat, assénant une volonté de "mettre fin à la guerre contre le charbon" dans un discours au cours duquel il n'a pas mentionné une seule fois la question du changement climatique.

Depuis le siège de l'Agence de protection de l'environnement, le président américain a ainsi signé le "décret sur l'indépendance énergétique". Ce qui a pour effet d'ordonner un réexamen de la mesure phare de son prédécesseur démocrate : le "Clean Power Plan", imposant aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de CO2.

Une sortie de l'accord de Paris ?

"Mon administration met un terme à la guerre contre le charbon", a affirmé le locataire de la Maison Blanche. "Par le décret promulgué aujourd'hui (mardi), je prends des mesures historiques pour lever les restrictions sur l'énergie américaine, pour en finir avec l'intrusion du gouvernement et abroger les réglementations destructrices d'emplois".

Ce décret, coup de pouce assumé aux énergies fossiles, suscite de vives interrogations sur l'attitude des Etats-Unis vis-à-vis de l'accord de Paris sur le climat signé fin 2015 par plus de 190 pays après des années d'âpres négociations. Au sein même du pays, les protestations ont été nombreuses. Le gouverneur démocrate californien Jerry Brown a dénoncé "un cadeau inconscient du président Trump aux pollueurs". L'une des figures démocrates au Congrès, Chuck Schumer, s'est insurgé contre un texte qui démontre selon lui que le lobby des énergies fossiles "est de retour aux affaires". "Quoi qu'il se passe à Washington, nous travaillerons pour (...) réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% d'ici 2050 et nous diriger vers des transports à zéro émission", a averti de son côté le maire de Los Angeles, Eric Garcetti.

En France, le ministre des étrangères a enjoint les Etats-Unis à "rester mobilisés avec toutes les bonnes volontés (...) pour lutter contre le changement climatique".  La Chine a suivi. "Nous maintenons que toutes les parties doivent vivre avec

leur temps, saisir les chances, tenir leurs promesses et prendre sérieusement des mesures pour promouvoir conjointement la mise en oeuvre de l'accord (de Paris)", a ainsi déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lu Kang, réfafirmant ses engagements.

Etonnamment, la compagnie pétrolière ExxonMobil a rejoint le camp des défenseurs de l'accord de Paris et demandé au président de le respecter "comme un cadre efficace pour répondre aux risques du changement climatique".

Les Etats-Unis, 2e plus gros émetteur de gaz à effet de serre

Annonçant "une nouvelle ère" dans le secteur énergétique aux Etats-Unis, Donald Trump a insisté sur l'impérieuse nécessité, selon lui, de supprimer nombre de réglementations environnementales "inutiles et destructrices d'emplois".  "Nous adorons les mineurs du charbon, des gens fantastiques", a-t-il martelé, promettant de leur "redonner du travail".

 La National Mining Association l'a applaudi, affirmant que l'abrogation du Clean Power Plan allait permettre de sauver 27.700 emplois de mineurs et près de 100.000 sur l'ensemble de la chaîne d'utilisation du charbon.

Pourtant déjà en 2015, le charbon ne représentait plus que 21% de la production d'énergie aux Etats-Unis, pour 32% au gaz naturel, 28% au pétrole et dérivés, 11% aux énergies renouvelables et 9% au nucléaire, selon les chiffres de l'agence américaine pour l'énergie (EIA). Sur la seule année 2015, la production de charbon américaine a diminué de plus de 10%. "Se débarrasser de la règlementation ne fera pas renaître l'industrie du charbon", juge le professeur James Van Nostrand de l'université de West Virginia.


La rédaction de TF1info

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