REVELATIONS - Le président américain a confirmé avoir échangé en juillet dernier avec le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky à propos de Joe Biden, l'un des favori du Parti démocrate pour la présidentielle de 2020. Un lanceur d'alerte a récemment affirmé que Donald Trump avait conseillé à son homologue d'enquêter sur son rival, dont le fils a eu des activités en Ukraine.
Un nouveau scandale qui vient empoisonner Donald Trump à un peu plus d'un an de la présidentielle américaine. Le président américain a confirmé dimanche avoir échangé, le 25 juillet dernier, au sujet de l'ancien vice-président démocrate Joe Biden et de son fils, Hunter Biden, avec le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Il est clair que nous ne voulons pas que nos citoyens, comme le vice-président Biden et son fils, aillent créer de la corruption en Ukraine", a-t-il affirmé, avant de quitter la Maison Blanche pour un déplacement au Texas. Sur Twitter, selon son habitude, Donald Trump a renchéri en accusant Biden, l'un des favoris du Parti démocrate pour la présidentielle 2020 aux Etats-Unis, d'avoir forcé un magistrat ukrainien à abandonner ses investigations à propos de son fils.
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..Breaking News: The Ukrainian Government just said they weren’t pressured at all during the “nice” call. Sleepy Joe Biden, on the other hand, forced a tough prosecutor out from investigating his son’s company by threat of not giving big dollars to Ukraine. That’s the real story! — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 23, 2019
De quoi s'agit-il ?
Le Washington Post a révélé le 18 septembre l'existence d'une conversation entre Donald Trump et un dirigeant étranger qui aurait été tenue fin juillet et dont le contenu a poussé un membre des services de renseignements à prévenir sa hiérarchie. Ce lanceur d'alerte a adressé un signalement officiel à l'inspecteur général des services de renseignement, Michael Atkinson, le 12 août.
Selon le Wall Street Journal, le signalement indiquait que Donald Trump, lors de cette conversation avec son homologue ukrainien, avait encouragé ce dernier à lancer à "environ à huit reprises "une enquête sur le fils de Joe Biden, Hunter, qui a travaillé pour un groupe gazier ukrainien en 2014, lors que son père était vice-président de Barack Obama. Donald Trump aurait même recommandé au président ukrainien de prendre contact avec son propre avocat, Rudy Giuliani, pour travailler sur ces soupçons de corruption.
Pourquoi le signalement n'a-t-il pas été transmis ?
Le signalement du lanceur d'alerte a été jugé suffisamment crédible par Michael Atkinson pour être transmis au Congrès américain, comme il doit le faire en pareille circonstance. Le pouvoir américain s'y est toutefois formellement opposé, en la personne du directeur par intérim du renseignement national.
Ainsi, interrogé jeudi à huis clos par la commission du renseignement du Congrès, à majorité démocrate, Atkinson n'a pu révéler les détails du signalement adressé par le lanceur d'alerte, faute d'autorisation de sa hiérarchie. "Nous n'avons pas le signalement, nous ne savons pas si les informations de presse sont exactes ou inexactes", a déploré le président démocrate de la commission, Adam Schiff.
Que répond Donald Trump ?
Dans un premier temps, le président américain a remis en cause la légitimité du lanceur d'alerte, le jugeant "partial" tout en assurant ne pas savoir de qui il s'agissait. "J'ai eu des conversations avec de nombreux dirigeants, elles sont toujours irréprochables", a-t-il assuré. Quant à savoir de quoi il avait parlé, le 25 juillet, avec son homologue ukrainien : "Ce dont j'ai parlé n'a pas d'importance", répondait-il, avait de préciser toutefois : "quelqu'un devrait se pencher sur Joe Biden".
Jeudi, l'avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani, a été plus expansif sur le sujet. Sur CNN, il a reconnu que Donald Trump avait demandé à Kiev d'enquêter sur le fils de Joe Biden et "d'examiner les allégations qui impliquaient directement Joe Biden dans une grosse affaire de corruption".
Après avoir à nouveau contesté le fait d'avoir dit "des choses regrettables" au dirigeant ukrainien, Donald Trump a donc admis, ce dimanche, que la fameuse discussion avait bien porté sur son opposant démocrate. De leur côté, les autorités ukrainiennes n'ont pas estimé que le président américain avait fait "pression" pour obtenir une enquête sur Joe Biden.
Que dit Joe Biden ?
Le potentiel opposant démocrate à la présidentielle 2020 a contesté les accusations et dénoncé une tentative de déstabilisation de la part du président américain. "Donald Trump sait que je peux le battre. Il va donc chercher l'aide d'un gouvernement étranger, une fois encore [référence aux soupçons d'échanges avec la Russie qui pesaient sur le milliardaire durant la présidentielle de 2016, NDLR]. C'est un abus de pouvoir et cela viole les principes fondamentaux de la présidence."
Desperate Donald Trump knows that I can beat him, so now he’s enlisting the help of a foreign government — once again. It’s an abuse of power and violates every basic norm of the presidency. We cannot give him four more years in the White House. https://t.co/cqhkBUviAs pic.twitter.com/vXmH3lTW6k — Joe Biden (@JoeBiden) September 21, 2019
"Le Président a demandé de l'aide à un pouvoir étranger pour l'aider à gagner une élection. A nouveau", a réagi, dans le même ordre d'idée, l'ancienne candidate démocrate Hillary Clinton. Des déclarations qui montrent que l'affaire devrait s'inviter durablement dans la campagne démocrate.