PARADOXAL – Les Etats-Unis ont annoncé mercredi la vente de 12 milliards de dollars (10,750 milliards d'euros) d’armements au Qatar, une semaine après les critiques de Donald Trump contre l’émirat qu'il accuse de financer le terrorisme "à un très haut niveau". Une façon pour l’exécutif américain de montrer qu’il n’abandonne pas la pétromonarchie, actuellement empêtrée dans la crise avec ses voisins du Golfe.
Après la claque, la caresse : avec le Qatar, Donald Trump souffle décidemment le chaud et le froid. Moins d’une semaine après avoir ordonné à l’émirat d'arrêter de financer "immédiatement le terrorisme", ce qu’il l’accuse de faire "historiquement" et "à un très haut niveau", le président américain a, semble-t-il, choisi de tourner la page : les Etats-Unis viennent d'annoncer mercredi avoir conclu un accord avec la pétromonarchie pour la vente d’avions de combat F-15. Étonnant ? Pas forcément.
Ce juteux contrat (12 milliards de dollars) signé par le chef du Pentagone James Mattis doit en effet permettre de dissiper le brouillard - et les tweets de Trump - entre les deux pays et montrer que Washington ne lâche pas Doha, empêtré depuis le 5 juin dans une crise diplomatique avec son puissant voisin saoudien mais aussi l’Egypte, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Yémen ou les Maldives.
Comme Donald Trump, ceux-ci reprochent au Qatar de "soutenir des organisations extrémistes" et de se rapprocher de l'Iran, grand rival chiite des Etats sunnites du Golfe.
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L’économie à ses raisons que la raison ignore
La tentative de réchauffement des relations entre les Etats-Unis et le Qatar, qui se matérialise également par l’arrivé de deux navires de l'US Navy au port Hamad, au sud de Doha, pour "participer à un exercice conjoint", cache aussi d’autre raisons, plus pécuniaires. De fait, nombre d’observateurs se sont récemment inquiétés de possibles conséquences économiques en cas d’enracinement de la brouille dans la péninsule arabique. L'agence de notation financière Standard and Poor's a par exemple déjà abaissé la note du géant Qatar Petroleum (QP) à AA en raison de la crise.
Preuve de ces craintes de secousses, outre les Etats-Unis, la France (Emmanuel Macron doit rencontrer l'émir du Qatar d'ici à la fin du mois), le Koweït – qui joue le rôle de médiateur – et la Turquie se sont également positionnés à la pointe des efforts stratégiques et diplomatiques. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a qualifié la décision des pays du Golfe d'"inhumaine" vis-à-vis du Qatar, doit ainsi avoir un entretien téléphonique avec Donald Trump sur le sujet dans les prochains jours. Sans doute pour le convaincre d'user plus de caresses que de claques.