Donald Trump continue de dénoncer des fraudes électorales : sont-elles avérées ?

Publié le 7 janvier 2021 à 13h38
Donald Trump continue d'évoquer une élection aux résultats truqués dans ses discours.
Donald Trump continue d'évoquer une élection aux résultats truqués dans ses discours. - Source : BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

CONTRE-VÉRITÉ - Donald Trump et ses soutiens peinent à reconnaître leur défaite. Ils assurent que des fraudes massives ont eu lieu lors des élections, mais aucune preuve de ces malversations n'a jusqu'à présent pu être apportée.

"Même si je suis en complet désaccord avec l'issue de cette élection et que les faits me donnent raison, il y aura une transition ordonnée le 20 janvier", a lancé Donald Trump suite au vote du Congrès entérinant la victoire de Joe Biden à la présidentielle de novembre dernier. Cette reconnaissance de sa défaite, une première, n'empêche pas le président sortant de contester la valeur des résultats. À chacune de ses prises de parole, il évoque des "fraudes" et multiplie les accusations.

Des discours qui ne suffisent pas à inverser le cours de l'Histoire, mais qui trouvent un écho favorable chez les fidèles soutiens du candidat républicain. Aux États-Unis comme en France d'ailleurs, où certaines personnalités défendent également la thèse de malversations autour de l'élection. "Il y eut une fraude massive, il y a un peuple qui ne l’accepte pas. La lobotomie n’a pas complètement réussi", a notamment lancé André Bercoff, éditorialiste et animateur de Sud-Radio. Deux mois après le scrutin, aucun élément tangible ne permet néanmoins d'accréditer cette thèse, et les multiples recours entrepris ont tous été jugés irrecevables.

Des recours par dizaines

Au cours des dernières semaines, de multiples thèses ont été émises par Donald Trump et son entourage afin de nier la validité du scrutin. Machines de vote électronique truquées, fraudes multiples dans les bureaux de vote, mais aussi conspiration communiste internationale cherchant à favoriser l'élection de Joe Biden. Plusieurs mois avant que ne se tienne le scrutin, le président Trump posait déjà les jalons de sa rhétorique post-élections. Il justifiait alors déjà une potentielle défaite par des manœuvres du camp démocrates. 

Donald Trump, après le 3 novembre, a multiplié les recours dans les états clés. Au total, il a été "débouté dans plus de 50 actions en justice par 83 juges différents, dont de nombreux juges nommés par des Républicains et plusieurs nommés par lui-même", résumait mi-décembre l'universitaire Anne Deysine, spécialiste des questions politiques et juridiques américaines. Des actions entreprises jusque devant la Cour suprême, l'ultime juridiction américaine : sollicité à plusieurs reprises, elle a à chaque fois éconduit le camp Trump, jugeant irrecevables les contestations formulées. La thèse d'un complot démocrate apparaît alors difficile à tenir puisque 6 des 9 juges qui siègent au sein de l'institution ont été nommés directement par des présidents républicains, dont 3 par Trump en personne.  

Dans les états les plus serrés, des recomptages de voix ont été demandés par le président sortant. Et acceptés. En Géorgie notamment, où l'avance de Biden était d'environ 14.000 voix. Suite à une nouvelle analyse des bulletins, cette avance a été révisée à seulement 12.200 voix, sans pour autant que l'issue du vote ne soit remise en cause. Quand bien même cet Etat aurait basculé dans le camp républicain, il faut souligner que les résultats globaux n'auraient pas été impactés, Donald Trump étant assez loin d'obtenir une majorité de grands électeurs à l'échelle nationale (232, contre 306 pour Joe Biden). Dans d'autres états où s'est déroulé un recomptage des voix, des obstructions ont été signalées, mettant en cause les observateurs nommés par les républicains et perturbant la bonne tenue des opérations. Ce fut par exemple le cas dans le Wisconsin.

Tout tenter

De multiples arguments ont été égrenés au fil des semaines pour tenter de discréditer la victoire de Joe Biden. Les outils et processus utilisés dans le cadre de l'élection ont ainsi été pointés du doigt. Le vote par correspondance notamment, Donald Trump cherchant à ce que certains bulletins arrivés tardivement ne puissent pas être pris en compte. Une stratégie qui s'explique pour beaucoup par le fait que cette méthode de vote, largement répandue outre-Atlantique, soit davantage utilisée par les électeurs démocrates. 

Si un retard dans la proclamation des résultats pouvait être craint de l'avis des experts, des fraudes liées à cette méthode de vote s'avèrent plus que limitées. France Info souligne qu'en 2017, "une étude d'un institut indépendant basé à New-York (Brennan Center for Justice) montrait effectivement que la fraude au bulletin de vote était inférieure à 0,0009% lors des élections précédentes". Les machines servant au vote électronique ont elles aussi fait l'objet de critiques par le camp Trump. La théorie d'un "problème logiciel" ayant modifié le nombre de votes dans plusieurs états, dont le Michigan et la Géorgie a notamment été avancée. Les investigations menées n'ont pourtant permis de mettre en lumière aucune irrégularité

Depuis le mois de novembre, les médias américains ont multiplié les articles pour analyser les accusations de Donald Trump. Quelles que soient leurs sensibilités politique, ils n'ont pas exhumé de cas de fraude, le président sortant se montrant lui-même incapable de fournir des preuves tangibles de ses allégations. Aux États-Unis, rappelle le journal The News & Observer, "la fraude électorale reste particulièrement rare". Il prend pour exemple l'Etat de Caroline du Nord, qui avait "mené un vaste audit sur les allégations de fraude électorale après les élections de 2016". Celui-ci a finalement "révélé deux cas d'usurpation d'identité d'électeurs, sur les 4,8 millions de votes de cette année-là, et 508 bulletins de vote au total qui auraient pu être inéligibles pour diverses autres raisons". Anecdotique à l'échelle d'un territoire aussi vaste et peuplé. 

En conclusion, rien ne permet donc aujourd'hui d'accréditer les propos de Donald Trump et de ses soutiens. Les quelques irrégularités signalées çà et là ne portent que sur un nombre très limité de bulletins et se révèlent semblables à celles observées d'ordinaire lors d'élections similaires. Aucune forme de fraude susceptible de mettre en doute la sincérité de l'élection de Joe Biden n'a pour l'heure été avérée, et aucune preuve de malversation n'a été apportée, que ce soit par le président Trump, par ses soutiens ou pas les observateurs nommés par le camp républicain pour s'assurer de la bonne tenue du scrutin.

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Thomas DESZPOT

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