Donald Trump en roue libre (vers la réélection ?)

Michel Scott
Publié le 5 février 2020 à 16h51, mis à jour le 5 février 2020 à 17h25
Donald Trump en roue libre (vers la réélection ?)
Source : AFP

ELECTIONS AMÉRICAINES- C’est un Donald Trump à qui tout réussit qui se place en pole position pour le scrutin présidentiel de novembre 2020. L’échec de son procès en destitution et la cacophonie chez ses adversaires donnent d’autant plus de relief au bilan sans nuance qu’il dresse de son propre mandat.

La concomitance (à une journée près) du discours sur l’Etat de l’Union et de l’acquittement de Donald Trump par la chambre haute de ce même Congrès face auquel il s’exprimait, dans la soirée du mardi 4 février, marque pour le président américain le vrai point de départ de sa course vers un deuxième mandat.

Une économie flamboyante, un chômage au plus bas

Et trois lignes de force se dégagent du narratif trumpien. Son concept de nationalisme économique résumé sous l’injonction "L’Amérique d’abord" n’a pas seulement profité aux entreprises et à la classe moyenne mais à toutes les catégories d’Américains. Dixit la Maison Blanche, qui ne met pas seulement en avant le chiffre historiquement bas du chômage mais aussi le dynamisme des créations d’emploi chez les plus défavorisés et les minorités. Une punchline qui vise directement des secteurs de l‘électorat, à l'instar des Noirs américains, qui ne lui sont pas forcément acquis au départ. Grâce à la renégociation des grands traités commerciaux, avec la Chine d’une part, les voisins mexicains et canadiens de l’autre, l’horizon n’en serait que plus radieux. Imparable.

Des dépenses militaires accrues

La force de l’Amérique ne réside pas seulement aujourd'hui dans son économie florissante, dont elle reprend le contrôle, mais aussi dans sa formidable puissance miliaire. La Maison Blanche insiste ainsi pour rappeler qu’en trois ans, l'administration Trump n'a pas lésiné pour décupler ses capacités. 2200 milliards de dollars de fonds supplémentaires ont ainsi été alloués à la production de navires, d’avions de combats, de missiles à laquelle on peut ajouter, pour la première fois depuis 1940, la création, en complément de l’Armée, de la Navy, de l’Air Force et des Marines, d'une nouvelle force : la "Space Force", une armée spatiale qui vient confirmer un peu plus que ce n’est pas sous l’ère Trump que la monstrueuse avance américaine dans ce domaine se réduira. 

Trump, le "pacificateur" ?

Cette débauche de dépenses se justifie par l’idée, quelque peu contestable on en conviendra, que seule une Amérique puissante qui fait valoir ses droits par le rapport de force est la garante d’un monde pacifié. C’est le troisième point du bilan comme du programme de Trump. Le moins étayé par les faits. Washington n’aurait fait qu’œuvrer pour la liberté des peuples (en soutenant les contestataires au Venezuela et en Iran) et la résolution des conflits (en proposant le plan Kushner pour le Proche-Orient et en discutant avec les talibans en Afghanistan). Et peu importe la quadrature du cercle qui consiste à se désengager des zones de guerre tout en gardant par ailleurs une capacité d’intervention agressive comme c’est le cas en Irak, ou plus généralement l’ostensible mise au ban du multilatéralisme onusien. Trump se présente en faiseur de paix, quels que soient les contre-exemples en la matière. En somme, du point de vue de la Maison Blanche, une Amérique qui dicte sa loi est bonne pour les Américains comme pour la planète.

Et l’on voit se construire une cohérence du discours, qu’il sera bien difficile aux démocrates de contester. Ces derniers, empêtrés dans des primaires qui, outre le fiasco des caucus de l’Iowa, ne permettent pas d’identifier un futur champion, risquent d’en être quittes pour servir de faire-valoir au président sortant, héraut de cette écrasante domination de l’Oncle Sam.


Michel Scott

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