Eau salée, oignon... les faux remèdes miracles qui entravent la lutte contre Ebola

Publié le 26 août 2014 à 16h33
Eau salée, oignon... les faux remèdes miracles qui entravent la lutte contre Ebola

ÉPIDÉMIE – Alors que le virus Ebola gagne du terrain, la psychose gagne la population, y compris dans les pays encore épargnés comme la Côte d'Ivoire. En l'absence de traitement, l'Afrique soigne sa peur d'Ebola avec de faux remèdes qui peuvent présenter des dangers.

Là où il ne sème pas la mort, il sème la panique. Le virus Ebola affole même les pays africains qui ne sont pas touchés, comme la Côte d'Ivoire ou le Mali. En l'absence de traitement – le seul sérum ayant donné des résultats positifs, le ZMapp , n'est ni infaillible ni pour l'heure disponible –, les conseils les plus fantaisistes pour échapper à la fièvre hémorragique se transmettent.

► Le sel
Le sel et l'eau salée figurent parmi les principales recettes en vogue pour se protéger du virus, notamment en Côte d'Ivoire. Un paysan de Kotouba, petit village du nord du pays, témoigne ainsi à l'AFP : "C'est dû à une révélation d'un monsieur. Il nous a dit que le virus était arrivé dans le pays et qu'on devait prendre du sel, en boire et se frotter le corps avec pour que la maladie parte." Avant d'avancer une preuve : "Pour l'instant, on n'a pas eu de problème d'Ebola à Kotouba." Ce traitement non-conformiste aurait surtout occasionné dans le village des problèmes… de diarrhée.

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► L'oignon, la noix de cola… les remèdes "naturels"
Le bouche-à-oreille plébiscite également l'oignon comme aliment miracle pour éviter la contamination. Des sites d'information n'hésitent pas à relayer la "recommandation", citant parfois comme source "un chercheur africain" et expliquant que le public "n'a rien à perdre" à essayer. Une recette populaire préconise d'écraser un oignon et de le mélanger à du lait concentré et à du café en poudre. Seul effet avéré : le prix de l'oignon a fortement augmenté dans certains pays africains. Autres produits cités sur les réseaux sociaux, la noix de cola ou encore l'huile de coco. Certains sites vont jusqu'à affirmer que ces remèdes naturels seraient cachés au public africain par les laboratoires pharmaceutiques occidentaux, soucieux de protéger leurs intérêts.

► Le cas du Nano-Silver
De nombreux sites africains se sont fait l'écho d'un remède expérimental contre l'Ebola, le Nano-Silver. Ce dernier aurait été mis au point par un chercheur nigérian expatrié. Le 15 août, le ministre de la Santé du Nigeria, Onyebuchi Chukwu, a même annoncé qu'il serait testé sur huit malades . Avant de faire marche arrière après une mise en garde de la Food and Drug Administration . Selon l'agence sanitaire américaine, le Nano-Silver, parfois vendu frauduleusement comme complément alimentaire, n'est autre qu'un pesticide et n'a pas de vertu curative connue contre la fièvre Ebola.

Des effets pervers
Ces faux remèdes miracles ou naturels brouillent le message des organisations sanitaires et des autorités officielles sur le terrain. Ainsi, l'interdiction de consommer de la viande de brousse, par laquelle peut se propager le virus Ebola, n'est pas forcément respectée. Dans certaines zones rurales de Côte d'Ivoire, "on continue d'en manger en se disant : 'Ebola c'est un virus des Blancs'", déplore l'universitaire Jules Évariste Toa. Si le remède à l'épidémie se fait encore attendre, l'antidote contre la rumeur semble également délicat à mettre au point.


Tristan MICHEL

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