Elections en Birmanie : cinq choses à savoir sur Aung San Suu Kyi

Publié le 8 novembre 2015 à 12h26
Elections en Birmanie : cinq choses à savoir sur Aung San Suu Kyi

POLITIQUE - Des millions de Birmans ont pris le chemin des bureaux de vote dimanche pour participer à des législatives historiques, en mesure de propulser au pouvoir l'opposante Aung San Suu Kyi. Toute l'attention médiatique était tournée autour de celle qui a passé plus de 15 ans en résidence surveillée et vote elle-même pour la 2e fois dans son propre pays, à 70 ans.

Lors des dernières élections libres en Birmanie, Aung San Suu Kyi était en résidence surveillée. Un quart de siècle plus tard, elle a été autorisée à multiplier les meetings à travers tout le pays avant les législatives de dimanche, où elle est archi-favorite. Retour sur une vie hors norme.

► Le jour où son destin bascule
L'entrée en politique de Suu Kyi n'avait rien de programmé : après la mort de son père, un héros de l'indépendance assassiné en 1947 quand elle avait deux ans, la première partie de sa vie s'est déroulée en exil. D'abord en Inde, puis en Grande-Bretagne. Elle y mène la vie d'une femme au foyer modèle, femme d'un universitaire spécialiste du Tibet à Oxford et mère de deux petits garçons. Mais en 1988, se rendant en Birmanie au chevet de sa mère, elle arrive en plein soulèvement contre la junte, réprimé dans le sang et décide de s'impliquer dans le destin de son pays. "Je ne pouvais pas, en tant que fille de mon père, rester indifférente à tout ce qui se passait", dit-elle lors de son premier discours, à la pagode Shwedagon, en 1988, resté comme le moment où l'icône Suu Kyi est née.

► Quinze ans en détention
En juillet 1989, Aung San Suu Kyi est arrêté, sous l'accusation d'incitation aux troubles à l'ordre public. Son assignation à résidence prend fin en juillet 1995, mais la junte continue d'arrêter ses partisans et lui interdit de quitter Rangoon. Autorisée par la junte à quitter le pays en 1999 après le décès de son mari au Royaume-Uni, l'opposante préfère ne pas se rendre aux obsèques par peur de ne pouvoir être autorisée à rentrer en Birmanie. L’année suivante, elle est à nouveau assignée à résidence. Il faudra attendre mai 2002 pour que celle-ci soit levée sans conditions... avant une nouvelle arrestation en 2003. Il faudra attendre le 13 novembre 2010 pour que celle-ci soit levée définitivement.

► Prix Nobel de la Paix
Lors des élections de 1990, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) fondée par Suu Kyi et ses proches quelques mois plus tôt s’offre un raz-de-marée (80% des sièges). Les militaires au pouvoir vont refuser le résultat et vont augmenter la répression et les persécutions vis-à-vis de l'opposition et des minorités ethniques. La communauté internationale s’indigne, et Suu Kyi reçoit cette année-là le prix Sakharov et le prix Rafto. Le prix Nobel de la paix lui est descerné l’année suivante.

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► Aung San Suu Kyi a-t-elle cédé aux sirènes du pouvoir ?
Sa récente mue en femme politique - elle est entrée au Parlement en 2012 à l'occasion d'élections partielles - a terni sa réputation d'icône des droits de l'Homme, notamment à l'étranger. Pragmatique, elle évite de s'avancer sur le sort des Rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie. Et au sein de son parti, certains lui reprochent aussi son autoritarisme et le peu de place laissée aux jeunes.

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► Impossible de devenir présidente
Même si son parti l’emporte ce dimanche dans les urnes, Aung San Suu Kyi ne pourra pas devenir chef de l’Etat en février prochain. La Constitution de 2008 empêche en effet toute personne ayant été mariée ou ayant eu des enfants avec un étranger de briguer la magistrature suprême. Ce qui est son cas, elle qui a eu deux fils avec un Britannique.


Thomas GUIEN

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