Elections en Allemagne : qui sont les populistes de l’AfD ?

Publié le 21 septembre 2017 à 19h14
Elections en Allemagne : qui sont les populistes de l’AfD ?
Source : SIPA

ALLEMAGNE - Le parti Alternative für Deutschland (AfD) devrait faire son entrée, dimanche 24 septembre au Bundestag, devenant le premier parti d'extrême droite à avoir des élus nationaux depuis le parti nazi, dans les années 30. Zoom sur cette formation populiste eurosceptique qui a crevé l'écran avec sa rhétorique "anti-migrants".

Les populistes gagnent du terrain en Allemagne. Au point que, pour la première fois depuis l'apogée du nazisme dans le pays, l'extrême droite devrait faire son entrée au Bundestag, l'équivalent de l'Assemblée nationale outre-Rhin. Une confirmation pour  ce mouvement, qui a émergé en 2013 et a depuis multiplié les succès électoraux, faisant son entrée dans 13 parlements régionaux sur 16.

Les plus symboliques étant l'entrée fracassante au parlement de Berlin après son score de 14% réalisé en septembre 2016 lors des élections régionales de la capitale allemande. Mais aussi son succès dans le Parlement de Mecklembourg-Poméranie occidentale, où elle avait réussi à devancer la CDU d'Angela Merkel, deux semaines plus tôt, confirmant ainsi ses progrès de l'année en Saxe-Anhalt, dans le Bade-Wurtemberg et en Rhénanie-Palatinat.

Si, depuis, la CDU a repris du poil de la bête, grâce à la popularité évidente d'Angela Merkel, chez qui chaque adverse salue la redoutable tacticienne politique, et que l'AFD est désormais plutôt située à 11% dans les sondages, la formation d'extrême droite, connue pour ses nombreux dérapages islamophobes, a toutes les chances de marquer l'histoire allemande, ce dimanche.

D’anti-euro à anti-migrants

L’AfD a été créée par un professeur d'économie de l'Université de Hambour, Bernd Lucke, sur fond de crise de l'euro, attirant notamment des transfuges de la CDU, déçus du recentrage opéré par la chancelière Merkel. Se faisant l'écho d'une partie de l'opinion allemande - convaincue de payer la facture des dérapages budgétaires de pays du sud de l'Europe - le parti a attiré également nombre d’eurosceptiques.

Né sur un programme anti-euro mais résolument libéral, diplomatiquement russophile, il s'est depuis transformé en parti anti-immigration et anti-islam parallèlement à l'afflux d'un nombre record de réfugiés. Face à la crise migratoire qui a commencé secoué à l'Europe en 2015, l'AfD prône aujourd'hui la fermeture totale des frontières et jure que l'islam n'est pas compatible avec l'Allemagne.

Succès électoraux et luttes intestines

Soutenu, entre autres, par des professeurs d'université, des intellectuels et des représentants de professions libérales, l'AfD échoue de peu à siéger au Bundestag lors des élections législatives de 2013. C’est finalement un an plus tard que la jeune formation réussi son premier coup d’éclat en faisant entrer 7 élus au Parlement européen. 

Mais cette réussite n’empêche pas une âpre lutte interne opposant Bernd Lucke et Frauke Petry. En 2015, après le congrès du parti à Essen, cette dernière, incarnation d'une ligne plus nationale-conservatrice, s’impose et entame son virage populiste.

Quadragénaire au verbe sec et aux formules choc, Frauke Petry capitalise sur les craintes d’une partie de la population face à l’arrivée d'un million de demandeurs d'asile dans le pays. Elle a par exemple créé la polémique en suggérant que la police fasse "au besoin" usage d'armes à feu pour empêcher les migrants d'entrer en Allemagne. Un autre cadre, Alexander Gauland, qui mène cette fois la campagne en compagnie d'Alice Weidel, économiste de 38 ans inconnue il y a un an, s'est spécialisé dans les déclarations polémiques, 

Droite populiste ou extrême droite ?

Ouvertement populiste, adepte des campagnes racoleuses et revendiquant un certain goût pour la polémique, le parti rejette cependant le qualificatif d'extrême droite. Nombre de médias allemands ne l’ont d’ailleurs jamais rangé dans cette catégorie, infamante dans un pays toujours hanté par son passé nazi. 

A gauche, le pas a pourtant souvent été franchi. Le vice-chancelier, le social-démocrate Sigmar Gabriel, les a ainsi récemment comparés aux nazis : "Tout ce qu'ils disent, je l'ai déjà entendu notamment de mon propre père, qui a été un nazi jusqu'à son dernier souffle".

Son essoufflement récent doit surtout aux discours d'Alexander Gauland sur l'holocauste, qui avait jugé que les Allemands avaient le droit d'être "fiers des performances des soldats durant les deux guerres mondiales". De quoi effrayer en partie l'électorat de la droite conservatrice, analyse le politologue Fabian Virchow pour l'AFP. Une radicalité qui devrait lui interdire, comme pour Marine Le Pen et Geert Wilders, l'accès au pouvoir. En tout cas pour l'instant.


La rédaction de TF1info

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