Macron évoque "une convergence de vue solide" avec le nouveau chancelier allemand Scholz lors de leur première rencontre

Maëlane Loaëc (avec AFP)
Publié le 10 décembre 2021 à 11h20, mis à jour le 10 décembre 2021 à 14h38

Source : TF1 Info

EUROPE - Tout juste élu, le successeur d'Angela Merkel s'est rendu à Paris ce vendredi pour son premier déplacement officiel à l'étranger, avant de prendre la route de Bruxelles. Emmanuel Macron a salué "une volonté de faire travailler ensemble nos deux pays", tandis qu'Olaf Scholz a abordé le pacte de relance post-Covid.

Comme le veut la tradition depuis la Seconde Guerre mondiale, c'est en passant par Paris que le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz est entré ce vendredi 10 décembre dans l'arène européenne. C'est aussi son premier voyage officiel à l'étranger en tant que nouveau chef de l'État allemand. 

Le social-démocrate de 63 ans a été accueilli avec un check du poing par Emmanuel Macron pour un déjeuner de travail, juste avant de se rendre à Bruxelles pour y rencontrer les dirigeants des institutions de l'Union européenne, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil Charles Michel, et préparer le sommet européen des 16 et 17 décembre.

Emmanuel Macron a jugé lors de ce déjeuner que ses premiers échanges avec le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz montraient "une convergence de vue solide" et "une volonté de faire travailler ensemble nos deux pays". Le président français a cité notamment la protection des frontières extérieures, une "réponse commune aux sujets migratoires", la relation avec l'Afrique ainsi que celle avec la Chine, à l'issue d'un déjeuner entre les deux dirigeants.

"Croissance" et "solidité des finances", "les deux faces d’un même effort" pour Olaf Scholz

Pour tous ces entretiens, le programme s'annonce chargé, entre la reprise épidémique qui secoue l'Europe depuis plusieurs semaines et les craintes d'invasion de l'Ukraine par la Russie. Après les 16 ans de règne d'Angela Merkel, qui a connu quatre présidents français, Olaf Scholz veut incarner une continuité assumée et rassurante pour les partenaires étrangers, tout en affichant de grandes ambitions pour l'Europe, après la tiédeur des années Merkel sur le sujet.

Emmanuel Macron et Olaf Scholz se connaissent déjà depuis plusieurs années : l’ancien ministre des Finances allemand a notamment travaillé avec Bruno Le Maire sur le plan de relance européen et sa prédécesseure l'avait déjà introduit dans des sommets internationaux, comme lors du dernier G20 à Rome fin octobre, note Europe 1

Le nouveau chancelier allemand Olaf Scholf quant à lui que croissance et "solidité des finances" n'étaient pas incompatibles, au moment où la France souhaite "repenser" les règles budgétaires de l'UE pour dégager de nouvelles capacités financières. "Il s’agit de maintenir cette croissance qui a été engendrée par le pacte de relance. Nous devons dans le même temps travailler à la solidité de nos finances. Ce n’est pas contradictoire. Pour moi ce sont les deux faces d’un même effort", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse commune avec le président français Emmanuel Macron.

Les deux dirigeants défendaient en effet des positions opposées au sujet de l'économie européenne. Emmanuel Macron a affirmé vouloir "repenser le cadre budgétaire" européen des accords de Maastricht, lors d'une conférence de presse. "La question n'est plus pour ou contre le 3%. Elle est dépassée", a expliqué le chef de l'État, en allusion à la règle qui empêche les pays membres de la zone euro de dépasser un seuil de 3% de déficit budgétaire, assouplie lors de la crise sanitaire. Son homologue allemand, lui, plaide pour davantage de rigueur budgétaire et souhaite revenir à un déficit zéro d'ici à deux ans.

Le couple franco-allemand renforcé à la tête de l'UE ?

Mais c'est l'un des rares points de divergence entre les deux gouvernements voisins. Saluée par Paris, la feuille de route des quatre années à venir, signée par Olaf Scholz avec ses alliés de coalition écologistes et libéraux, prévoit de renforcer la collaboration à la tête de l'Union Européenne, affirmant la nécessité d'une "souveraineté stratégique de l’Europe". Cet accord de coalition offre une "base de travail extrêmement solide" pour réformer l'Europe, a souligné le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

Et Emmanuel Macron semble partager les vues du nouveau chancelier. "L’Europe souveraine est une Europe capable de maîtriser ses frontières, pour éviter les drames que nous avons vécus, pour éviter que le droit d’asile ne soit dévoyé", a assuré le président de la République jeudi lors d'une conférence de presse à l'Élysée sur la présidence française de l'UE. 

"C'est enfin la réponse au discours de la Sorbonne" d'Emmanuel Macron, dans lequel ce dernier plaidait il y a quatre ans pour de vastes réformes européennes, estime auprès de l'AFP Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman. Angela Merkel, elle, n'avait que poliment pris note des propositions de son homologue français.  

À l'heure où la France prendra la tête au 1er janvier 2022 de la présidence de l'UE, le couple franco-allemand pourrait donc avoir un nouveau rôle crucial à jouer. Mercredi, Emmanuel Macron avait félicité sur Twitter le nouveau chancelier allemand élu, en lui promettant d’écrire "la suite ensemble", "pour les Français, pour les Allemands, pour les Européens". Un message publié après avoir remercié Angela Merkel "de n'avoir jamais oublié les leçons de l'Histoire, d'avoir tant fait pour nous, avec nous, pour faire avancer l'Europe".

Selon Le Progrès, Olaf Scholz et la plupart de ses secrétaires d’État sont ainsi des européistes convaincus, rodés sur les dossiers français. Et l'Élysée partage d'autres points de convergence notables avec cette nouvelle équipe allemande qui partage plusieurs priorités de la présidence française, comme le salaire minium ou la taxe carbone aux frontières de l'UE. La personnalité d'Olaf Scholz convainc également : "C’est quelqu’un qui tient parole et à qui l’on peut parler franchement", glisse le gouvernement à Europe 1. 

Les discussions s'annoncent aussi plus difficiles sur le nucléaire, que Paris souhaite intégrer dans une liste européenne des énergies "vertes" ouvrant accès à des financements spécifique, au grand dam des Verts allemands et de leur candidate malheureuse à la chancellerie, désormais cheffe de la diplomatie.


Maëlane Loaëc (avec AFP)

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