EN DIRECT - Algérie : le président par intérim annonce un "processus de dialogue", sans participation de l'Etat ni de l'armée

EN DIRECT - Malgré le départ d'Abdelaziz Bouteflika, le mouvement de contestation continue de refuser que le "système" en place organise la présidentielle en Algérie. Alors qu'un appel à des manifestations massives a été lancé pour vendredi 5 juin, le président par intérim a promis mercredi le lancement d'un "processus de dialogue" mené par des personnalités indépendantes.
MANIFESTATIONS
Avant l'annonce par le président Bensalah du "processus de dialogue" mené par des personnalités indépendantes, plusieurs personnalités algériennes avaient appelé à une manifestation massive vendredi. Ce serait la vingtième à avoir lieu, coïncidant avec l'anniversaire de l'indépendance du pays.
"Faisons du 5 juillet la concrétisation de la libération de l'Homme, après la libération de la patrie" du pouvoir colonial français le 5 juillet 1962, ont lancé dans une vidéo postée sur internet des universitaires, un avocat, un ancien diplomate et un responsable d'un petit parti d'opposition. Ils avaient appelé "à garder le caractère pacifique, unitaire, populaire et national de (leur) Révolution" et réclamé du pouvoir "des mesures dans le sens de l'apaisement". Ils n'ont à cette heure pas réagi à l'annonce du président par intérim.
NDLR : Nous reprenons ce fil info en direct consacré à la crise politique en Algérie.
"GOUVERNEMENT DE LA HONTE"
La mobilisation se maintient également car au delà des purges, le pouvoir ne cède pas sur l'essentiel des revendications des manifestants.
Abdelkader Bensalah, proche de Bouteflika l'ayant accompagné tout au long de ses 20 ans au pouvoir, est chef de l'Etat par intérim depuis plus de trois semaines. Noureddine Bedoui, autre fidèle dévoué, est toujours le Premier ministre d'un "gouvernement de la honte", comme le nomment les manifestants.
Le général Gaïd Salah, ancien pilier du régime Bouteflika qui a contribué à obtenir sa démission, est devenu de facto un homme fort du pays, s'attirant dans le même temps les foudres de certains manifestants.
Les protestataires refusent particulièrement que les bras droits d'Abdelaziz Bouteflika organisent la présidentielle - fixée au 4 juillet - et réclament une transition dirigée par une nouvelle structure indépendante.
DES PURGES JUGÉES INSUFFISANTES
L'incarcération en début de semaine de trois frères Kouninef, famille propriétaire d'un géant privé du BTP algérien et bénéficiaires de gigantesques contrats publics, a satisfait la contestation qui dénonce depuis le 22 février les liens troubles entre la présidence Bouteflika et les "oligarques".
Or les frères Kouninef étaient réputés proches de Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président déchu, qui lui, n'a pas encore inquiété par une enquête ou une arrestation. Les manifestants pointent ainsi du doigt ces purges "à deux vitesses". A Alger aujourd'hui, ils réclamaient l'arrestation de Saïd Bouteflika, et que tout puissant soupçonné de trafic d'influence soit convoqué par la justice.
Dans une note publiée vendredi, le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) voit surtout dans l'actuelle campagne anticorruption un moyen pour le régime d'essayer de "diviser" le mouvement de contestation, tout en "réglant des comptes internes".
DIXIÈME VENDREDI DE MOBILISATION
Nous réactivons ce live pour suivre ce dixième vendredi de mobilisation en Algérie. Le président Abdelaziz Bouteflika a renoncé à briguer un cinquième mandat puis a démissionné. Abdelkaler Bensalah, désormais président par intérim, et le chef de l'armée Ahmed Gaïd Salah, ont commencé à ordonner des purges contre les noms les plus influents et riches du pays. Mais les Algériens veulent plus. Cet après-midi, de nombreuses manifestations sont une nouvelle fois prévues à Alger et dans d'autres villes du pays.
HEURTS
Quelques centaines de jeunes affrontent la police vendredi en plein coeur d'Alger, renvoyant les grenades lacrymogènes que tirent les policiers tentant de les disperser à l'issue d'un 8e vendredi de manifestations hebdomadaires qui a fortement mobilisé, selon des journalistes de l'AFP.
Alors que l'essentiel du défilé dans la capitale s'est déroulé dans le calme mais dans une ambiance plus tendue qu'à l'accoutumée, des heurts ont éclaté en milieu de journée en plein centre d'Alger entre des manifestants et un cordon de police. En fin de journée, les policiers tentent de repousser certains irréductibles hors du centre d'Alger, alors que le gros du cortège se disperse dans le calme.
ELECTION
L’élection présidentielle algérienne aura lieu le 4 juillet 2019. Selon le site d'actualité TSA :
"Le président par intérim Abdelkader Bensalah a signé le décret portant convocation du corps électoral pour la prochaine élection présidentielle qui aura lieu jeudi 4 juillet"
ARMÉE
Toujours selon le communiqué du ministère de la Défense, le général Ahmed Gaïd Salah met en garde contre "un vide constitutionnel" en Algérie, jugeant "irraisonnable" tout idée de "gérer la période de transition" en dehors des institutions. "Avec le début de (la) nouvelle phase et la poursuite des marches, nous avons déploré l'apparition de tentatives de la part de certaines parties étrangères (...) de mettre à exécution leurs desseins visant à déstabiliser le pays", a ajouté le chef d'état-major de l'armée.
ARMÉE
Par la voix de son chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, l'armée algérienne assure qu'elle "veillera" à "la transparence" et à "l'intégrité" de la transition en cours. "La préparation des élections présidentielles se fera avec l'accompagnement" de l'armée, "qui veillera au suivi de cette phase (...) dans un climat de sérénité et dans le strict respect des règles de transparence et d'intégrité et des lois de la République", a-t-il déclaré, selon un communiqué du ministère de la Défense.
INTERVIEW
Quels sont désormais les scénarios envisageables après l'arrivée d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat ? Quelle place va occuper l'armée dans la transition ? Les manifestations vont-elles continuer, comme tel est encore le cas ce mercredi, à Alger notamment ? LCI décrypte la situation avec l'historien de l'Algérie contemporaine Pierre Vermeren.
Algérie : quel rapport entretient le peuple avec son armée ?
DISCOURS
Sans rentrer dans les détails, il a toutefois semblé s'engager à lâcher le pouvoir une fois le nouveau président "démocratiquement élu". "Le tournant que va traverser notre pays débutera par une phase décisive qui consistera à remettre, constitutionnellement, les pouvoirs au Président de la République démocratiquement élu, dans un délai qui ne saurait dépasser les 90 jours à compter de la date de mon entrée en fonction en tant que Chef de l’Etat".
DISCOURS
"Nous sommes tenus de concourir, citoyens, classe politique et institutions de l'Etat, afin de réunir les conditions, toutes les conditions, d'un scrutin présidentiel transparent et régulier, dont nous serons tous les garants, un scrutin qui permettra à notre peuple d'exercer son choix libre et souverain", a poursuivi ce proche d'Abdelaziz Bouteflika, dont la nomination temporaire à la présidence, en tant que président du Conseil de la Nation, a suscité l'ire de la rue.
DISCOURS
A la télévision nationale, le nouveau président par intérim Abdelkader Bensalah, très contesté dans les rues algériennes en raison de sa proximité avec Abdelaziz Bouteflika, s'est engagé à organiser "un scrutin présidentiel transparent et régulier".
MANIF
Malgré l'intervention de la police, les étudiants, qui scandent "Bensalah dégage!, système dégage!" sont toujours présents devant ce bâtiment emblématique du coeur d'Alger, encerclés par des cordons de policiers anti-émeutes.
MANIF
C'est la première fois en sept semaines que la police tente de disperser ainsi une manifestation pacifique d'étudiants au coeur de la capitale algérienne. Outre les grenades lacrymogènes, la police a également fait intervenir un canon à eau contre les étudiants rassemblés devant la Grande Poste, épicentre du mouvement de contestation à Alger.
DES HEURTS A ALGER
Une première depuis le début de la crise. La police a tenté ce mardi de disperser une manifestation pacifique d'étudiants au coeur de la capitale algérienne. Ils s'opposent à la désignation d'Abdelkader Bensalah, proche d'Abdelaziz Bouteflika, au poste de président par intérim.
Outre les grenades lacrymogènes, la police a également fait intervenir un canon à eau contre les étudiants. Malgré l'intervention de la police, les étudiants, qui scandent "Bensalah dégage!, système dégage!" sont toujours présents en milieu d'après-midi devant ce bâtiment emblématique du coeur d'Alger, encerclés par des cordons de policiers anti-émeutes.
PORTRAIT
Algérie : qui est Abdelkader Bensalah, nommé président par intérim ?
REMPLAÇANT
Abdelkader Bensalah est nommé président par intérim, annonce la télévision nationale.
DISPERSION DANS LE CALME
L'essentiel des manifestations à travers le pays ont pris fin. Le gigantesque rassemblement d'Alger s'est dispersé dans le calme peu après 19h locale. Aucun incident n'a été signalé à travers le pays, selon l'AFP.
D'après l'agence de presse officielle (APS), une quarantaine de manifestations ont eu lieu en Algérie, dans pas moins de 48 régions.
QUI SONT LES "3B"?
Dans les cortèges, un nouveau slogan apparaît, demandant le départ des "3B". Une référence à trois hommes : Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui. Proches du pouvoir en place depuis une vingtaine d'années, ils tiennent un rôle-clé dans le processus de transition politique.
Abdelkader Bensalah a été placé à la tête du Conseil de la Nation par l'ancien président démissionnaire. Un poste qu'il occupe depuis plus de 16 ans. C'est à lui qu'incombe désormais la tâche de remplacer Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'État le temps d'élire un successeur.
Tayeb Belaiz a enchaîné différents postes de ministre pendant 16 ans. Le 10 février dernier, Abdelaziz Bouteflika l'a nommé pour la seconde fois à la tête du Conseil constitutionnel. Il est donc chargé de contrôler la régularité du scrutin.
Noureddine Bedoui est lui aussi l'un des hommes fort de l'ancien gouvernement d'Abdelaziz Bouteflika. Nommé premier ministre le 11 mars dernier, il était jusqu'alors à l'Intérieur. Mal perçu par les manifestants, il est qualifié par le quotidien francophone El Watan comme " l'ingénieur en chef de la fraude électorale et ennemi des libertés".
MANIFESTATIONS
Des milliers de personnes sont mobilisées à Alger, selon plusieurs journalistes sur place. Car malgré le départ d'Abdelaziz Bouteflika, les manifestants veulent désormais montrer leur refus de l’ancien "système" dans sa globalité. Ils s'opposent notamment à l’implication des anciens fidèles du président dans la transition politique.
Les protestataires appellent ainsi au départ des "3B". Un slogan en référence à trois hommes à la tête du processus d'intérim : Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui.
EXCUSES
Dans une lettre d'adieux aux Algériens, Abdelaziz Bouteflika présente ses "excuses".
Au lendemain de sa démission, Bouteflika demande "pardon" au peuple algérien dans une lettre d'adieux
LETTRE
Dans une nouvelle lettre adressée aux Algériens, Abdelaziz Bouteflika demande "pardon en tant qu’être humain, qui n’est pas dépourvu de faire des erreurs, pour toute négligence que j’aurais pu commettre à votre encontre, que ce soit une parole ou un acte."
LA MOBILISATION CONTINUE
La démission, désormais entérinée d'Abdelatif Bouteflika, ne suffit pas. Un collectif qui regroupe des syndicats, des associations et des ligues des droits de l’Homme a réaffirmé, ce mercredi 3 avril, son rejet de "toute transition clanique", appelant de nouveau les Algériens à des manifestations vendredi, rapporte TSA.
PROCÉDURE
Selon la télévision nationale, le Conseil constitutionnel entérine la démission de Bouteflika. "La vacance définitive de la Présidence de la République est constatée conformément à l’article 102 alinéa 04 de la Constitution", écrit-il dans un communiqué.
PROCÉDURE
Le Conseil constitutionnel est actuellement réuni à Alger pour constater la "vacance" de la présidence de la République, après la démission la veille du président algérien Abdelaziz Bouteflika, annonce l'agence de presse officielle APS.
Une fois constatée, le Conseil constitutionnel doit transmettre un acte de "vacance définitive" au Parlement, selon la Constitution.
C'est le président du Conseil de la Nation (chambre haute), Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui est chargé par la Constitution d'assurer l'intérim pendant trois mois.
RÉACTION
Le Kremlin appelle ce mercredi, à une transition sans "ingérence de pays tiers" en Algérie, au lendemain de la démission du président Abdelaziz Bouteflika confronté à une contestation populaire inédite.
"Nous espérons que, quoi qu'il arrive, les processus internes qui se déroulent dans ce pays et qui relèvent exclusivement des affaires intérieures de l'Algérie se dérouleront sans ingérence de pays tiers", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Moscou espère aussi que la transition qui s'annonce n'aura "aucune répercussion sur le caractère amical de nos relations bilatérales", a-t-il ajouté. La Russie est un grand allié de l'Algérie à laquelle elle livre notamment des armes.
ET APRES ?
Frédéric Encel, docteur en géopolitique donne quelques pistes pour l'après-Bouteflika.
SUR PLACE
Notre correspondante sur place raconte les minutes qui ont suivi la démission de Bouteflika.
LA LETTRE DE DÉMISSION
Voici le texte de la lettre qu'il a adressée au Conseil constitutionnel, publiée par l'agence de presse algérienne officielle APS, citant un communiqué de la présidence de la République:
"J'ai honneur de vous notifier formellement ma décision de mettre fin au mandat que j'accomplis en qualité de Président de la République, à partir de ce jour, mardi 26 Radjab 1440, correspondant au 02 avril 2019.
Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l'apaisement des coeurs et des esprits de mes compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement.
Cette décision procède de mon souci d'éviter que les excès verbaux qui marquent malencontreusement l'actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l'Etat.
Dans le même temps, cette décision se veut l'expression de ma foi en une Algérie fière et digne tenant son rang et assumant pleinement ses responsabilités dans le concert des nations.
Dans cette perspective, j'ai pris les mesures appropriées, dans l'exercice de mes prérogatives constitutionnelles, pour les besoins de la continuité de l'Etat et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition devant mener à l'élection du nouveau président de la République.
Dieu, Le Tout-Puissant, m'est Témoin des initiatives que j'ai prises, des actions que j'ai menées, des efforts que j'ai déployés et des sacrifices que j'ai consentis pour être à la hauteur de la confiance dont mes compatriotes m'ont honoré, oeuvrant sans relâche pour consolider les bases de l'unité nationale, de l'indépendance et du développement de notre cher pays ainsi que pour promouvoir la réconciliation avec nous-mêmes et avec notre identité et notre histoire.
Je souhaite tout le meilleur au Peuple algérien."
Suivez en direct dans le live ci-dessous, les dernières informations sur cette crise inédite du pouvoir algérien.
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