RIPOSTE - Une pluie de missiles américains a frappé une base aérienne syrienne dans la nuit de jeudi à vendredi, en réponse à l'attaque chimique attribuée au régime de Bachar al-Assad. Une frappe aérienne qui pourrait ne pas être la seule, selon Nikki Haley, ambassadrice américaine à l'ONU, alors que la Russie accuse les Etats-Unis de violer la loi internationale.
Les bateaux de guerre américains USS Porter et USS Ross ont reçu l'ordre de lancer 59 missiles de croisière depuis la Méditerranée orientale sur une base aérienne syrienne. Une frappe ciblée sur les installations de Shayrat, au sud de Homs, qui sont "associées au programme" d'arme chimique et "directement liées" aux évènements "horribles" de mardi, a indiqué un responsable de la Maison Blanche. Les frappes ont visé "de multiples cibles, [...] avions, piste", ou pompes à carburant, précisé un autre porte-parole.
"Ce soir, j'ai ordonné une frappe militaire ciblée sur la base aérienne en Syrie d'où a été lancée l'attaque chimique", a confirmé plus tard Donald Trump dans une allocution. Les Etats-Unis ont dans le même temps accusé le régime syrien d'avoir utilisé un agent neurotoxique de type sarin mardi contre la ville rebelle de Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie. Ce bombardement a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants. "Le régime Assad a utilisé un agent neurotoxique qui a les caractéristiques du sarin", a affirmé la Maison Blanche.
Lors d'un conseil de sécurité de l'ONU réuni en urgence ce vendredi, les Etats-Unis ont une nouvelle fois menacé de frapper "si nécessaire mais nous espérons que cela ne sera pas nécessaire", a prévenu l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, devant le Conseil de sécurité.
La Russie riposte
La salve de missiles de croisière américains a provoqué la colère de la Russie, l'allié indéfectible de Bachar al-Assad, avec l'Iran. "Les Etats-Unis ont attaqué le territoire souverain de la Syrie. Nous qualifions cette attaque de violation flagrante de la loi internationale et d'acte d'agression", a déclaré diplomate russe à l'ONU, Vladimir Safronkov, lors de cette réunion. De leur côté, les Américains ont jugé la réaction russe "est très décevante", selon le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson.
Pour l'heure, la seule conséquence pour les forces américaines est la suspension par la Russie de l'accord pour éviter les incidents aériens dans le ciel syrien entre les deux pays. Et malgré l'ire de la Russie, la visite de Tillerson à Moscou la semaine prochaine n'a pas été annulée pour le moment.
Les avions syriens ont pu redécoller
Malgré les frappes américaines sur la base aérienne de Al-Chayraate, L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a noté que deux avions de chasse syriens avaient pu redécoller de la base dès vendredi pour mener de nouvelles frappes, près de Palmyre. Une source militaire syrienne avait indiqué à l'AFP que l'armée syrienne avait eu vent de l'action américaine et avait "pu prendre des précautions". La Russie a aussi souligné que la frappe n'avait guère été efficace, moins de la moitié seulement des missiles explosant sur la base visée, selon elle.
Le gouverneur de Homs évoque des "morts"
Selon une source militaire syrienne, la frappe américaine a provoqué des "pertes", sans préciser s'il s'agissait de pertes humaines ou matérielles. "L'une de nos bases aériennes dans le centre du pays a été visée à l'aube par un missile tiré par les Etats-Unis, provoquant des pertes", a signalé la source citée par la télévision d'Etat, qui avait auparavant qualifié l'attaque d'"agression".
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a pour sa part indiqué que huit militaires avaient été tués, dont un médecin, et que l'aéroport militaire avait été "presque totalement détruit: les avions, le tarmac, le dépôt de fuel et le bâtiment de la défense aérienne ont été pulvérisés". Le gouverneur de Homs (où la base de Shayrat est située) a lui indiqué à l'AFP qu'il y avait des "morts" dans cette attaque. "Il y a des martyrs, mais nous n'avons pas encore de bilan ni pour les martyrs ni pour les blessés", a-t-il affirmé.
Dans une déclaration solennelle à la télévision, Donald Trump a expliqué que ces frappes étaient "directement liées" au raid aérien imputé mardi à l'armée syrienne contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun. Ce bombardement a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants.