"Je rentrais dans ma voiture et je m'effondrais": une soignante de New York raconte un an d'épidémie

A.P
Publié le 1 mars 2021 à 10h53, mis à jour le 1 mars 2021 à 11h00

Source : TF1 Info

CRISE SANITAIRE - Celle qu'on surnomme "The Big Apple" a été gravement touchée par la propagation du Covid-19. Un an après, la Dr Sarah Knafo Rosanel décrit cet épisode difficile qu'elle a vécu en première ligne.

La vie semble avoir repris son cours à New-York. À tel point que les salles de cinéma rouvriront leurs portes à partir du 5 mars. Celle qu'on surnomme "la ville qui ne dort jamais"  sort progressivement de sa torpeur. Direction Times Square pour prendre le pouls de la cité américaine. Dans les allées, les passants se déplacent à un rythme effréné. Mais la foule reste clairsemée et les stigmates de la pandémie ne sont jamais loin. Lorsqu'on lève la tête, plusieurs panneaux lumineux scintillent dans la nuit. Au milieu des billboards, se détache un message qui n'existait pas il y a un an. Sur fond bleu, il est écrit en lettre blanche : "Thanks to all the frontline workers" ("Merci à tous les travailleurs en première ligne"). 

Personne n'a oublié. Il y a un an, la ville était touchée de plein fouet par l'épidémie de Covid-19. Très vite, New York devient l'épicentre du coronavirus aux États-Unis. "C'était très dur", confie Sarah Knafo-Rosanel, une cardiologue qui a vécu l'épidémie de près, une vague qui aura emporté, en un an, plus de 29.000 New Yorkais sur une population de 8,3 millions d'habitants.

À l'époque, la situation est inquiétante. Alors que les morts s'accumulent, les informations autour du virus sont dévoilées au compte-gouttes. Sarah Knafo Rosanel s'était déjà exprimée devant les caméras de TF1 il y a un an : "C'est une maladie qui est encore inconnue. On ne la comprend pas encore et c'est ce qui est très frustrant pour nous les docteurs et les scientifiques." La soignante témoignait du drame qui se déroulait sous ses yeux tout en affirmant faire "ce qu'elle pouvait" pour répondre aux besoins des patients. 

Des hôpitaux engorgés et des soignants épuisés

Au printemps 2020, la vie de la population est rythmée par les bilans quotidiens de l'épidémie annoncés par le gouverneur de l'État de New York Andrew Cuomo. Dès le mois de mars, les hôpitaux new-yorkais sont engorgés. En avril, plus de.50 000 personnes étaient traitées dans des hôpitaux américains pour le Covid-19. "L'année dernière, trois personnes sur dix qui entraient à l'hôpital n'en sortaient pas", assure-t-elle encore. Selon une étude américaine, la pandémie de Covid-19 a engendré une surmortalité proche de 18% de mars à avril aux États-Unis.

Sur le plan politique aussi, la confusion règne. Le président américain Donald Trump ne semble pas prendre la mesure de cette épidémie. Au niveau national, aucun cap n'est fixé. Alors la population s'en remet à son gouverneur local. L'État de New York décide de mettre en place un confinement strict qui durera trois mois. Pendant que les pouvoirs publics s'organisent autour des mesures à adopter, les soignants doivent tenir. Coûte que coûte. "Combien de fois  je suis rentrée dans ma voiture et je me suis effondrée en larmes. Ça m'est arrivé plusieurs fois", avoue-t-elle. Sarah Knafo Rosanel travaille à l'époque plus de 24 heures d'affilée. Impossible pour elle de s'arrêter. Seule une contamination au Covid-19 l'obligera à rester chez elle quelques jours.

Quand cette professionnelle de santé quitte l'hôpital, une autre angoisse la saisit : la peur de transmettre le virus à sa famille. "Dès qu'on arrive à la maison, directement on doit remplir le processus de décontamination. Personne ne peut me toucher. Normalement, j'ai toujours trois enfants qui me sautent dessus", raconte-t-elle. Aujourd'hui, la donne a un peu changé. Sarah Knafo Rosanel est vaccinée. Elle peut de nouveau prendre ses enfants dans ses bras. "C'est une héroïne", glisse tendrement son mari. Par ailleurs, la médecin a conservé des liens indéfectibles avec ces patients qui ont frôlé la mort. Mais la soignante sait que le combat contre le Covid-19 n'est pas terminée. Elle compte bien continuer à se battre. 


A.P

Tout
TF1 Info