Enfants mutilés, soldats au chevet des populations... : ces fausses images de l'offensive turque en Syrie

par Claire CAMBIER
Publié le 11 octobre 2019 à 20h39, mis à jour le 14 octobre 2019 à 16h29
Enfants mutilés, soldats au chevet des populations... : ces fausses images de l'offensive turque en Syrie

A LA LOUPE - Avec l'offensive de la Turquie sur le nord de la Syrie, des milliers d'images sont partagées sur les réseaux sociaux. Parmi elles, on retrouve de nombreuses photos anciennes, sans relation avec le conflit actuel.

La Turquie a lancé une offensive en Syrie contre les forces kurdes. Si la bataille fait rage sur le terrain, elle se poursuit également sur les réseaux sociaux, photos et vidéos à l’appui. Chaque camp tente de montrer l’horreur. Mais parmi les milliers d’images partagées, beaucoup montrent en réalité les affres d’autres combats, qui n’ont bien souvent aucun lien avec le conflit actuel et ses belligérants. Quand la propagande prend le pas sur les faits.

Des photos d'enfants morts lors de précédents conflits

De nombreuses photos d'enfants blessés ou morts sont partagées. L'une d'entre elle montre un petit garçon assis par terre, le visage recouvert de sang. 

Cette photo est présente sur Internet au moins depuis l'été 2016. On la retrouve sur un site islamique russe qui évoque des bombardements russes à Alep et Idlib. Elle apparaît également cette année-là sur le site internet du Community Eye Health Journal, un média gratuit envoyé aux instituts médicaux principalement dans les pays du tiers monde. L'article évoque des bombardements d'hôpitaux en Syrie. En légende de la photo, le média indique : "Enfant victime du conflit - Hôpital Emel", un hôpital situé à 70 km d'Alep.

"Comment vous sentez-vous ?, demande un internaute à Donald Trump et à Mike Pompeo, en postant une photo d'une violence inouïe : un bébé mort et blessé au visage. La photo - que nous ne diffusons pas ici - date en réalité de 2015. Le site AirForce qui liste les victimes civiles dans les conflits en Irak, Syrie et Libye, indique que la petite fille est décédée le 29 décembre à la suite d'une frappe aérienne de la coalition près d'Azaz, dans la région d'Alep. Aisha Saleh Hassan voyageait avec sa famille en voiture. Quatre autres personnes ont été blessées. On retrouve cette information dans un rapport de Comité des droits de l'homme de Syrie, à la date du 29 décembre 2015.

Le site de fact-checking indien Fact Crescendo avait réalisé un article à ce sujet début septembre. A l'époque, cette photo était déjà détournée, des internautes y voyant la victime d'une attaque au Cachemire.

Des soldats turcs venant en aide aux Kurdes

Sous le hashtag #TurkeyJustKilledTerrorists (la Turquie ne fait que tuer des terroristes) ou #TurkishArmyForThePeace (l'armée turque pour la paix), des internautes partagent des images de soldats turcs venant en aide à la population kurde. Certains donnent des biscuits aux enfants, d'autres portent des personnes âgées sur leur dos (tweet ci-dessous).

Ces images datent de 2016 et ont été prises... en Turquie, plus précisément à Diyarbakir. Cette région du sud-est du pays, à majorité kurde, a été l'objet d'affrontements entre le PKK et les autorités turques.

Une fausse banderole de Greenpeace sur la tour Trump de Las Vegas

Une vidéo publiée le 9 octobre sur Twitter montre une banderole jaune signée Greenpeace au sommet de l'hôtel Trump à Las Vegas. On peut y lire : "Trump a trahi et tué les Kurdes". La branche américaine de Greenpeace a rapidement démenti :  : "Nous voulons clarifier le fait qu'il s'agit d'une animation générée par ordinateur, qui n'est pas l'œuvre de Greenpeace."

Il s'agit en réalité d'un montage vidéo, aucune banderole ne figurait sur la tour, comme l'ont prouvé certains internautes, photo à l'appui. 

"Savoir si cette bannière a été installée physiquement ou créée sur l'ordinateur n'est pas pertinent. La déclaration est faite, l'indignation publique est réelle et le message est diffusé", s'est justifié l'auteur de la fausse vidéo.

En juin dernier, une réalisation similaire avait été postée sur les réseaux sociaux. Cette fois la banderole indiquait "concentration camps", en référence aux centre de détention des migrants aux Etats-Unis. Là encore, l'ONG avait démenti être l'auteur.

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Claire CAMBIER

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