ÉMEUTES - Des dizaines de manifestants ont été arrêtés après des affrontements avec les forces de l'ordre. Dans les cortèges à Madrid et Barcelone, le mot d'ordre est le même : "Stop à la censure".
Des poubelles incendiées, des barricades levées contre la police et des banderoles "libertat". À Madrid et Barcelone, des milliers de manifestations ont arpentées les rues mercredi à la tombée de la nuit pour demander la libération de Pablo Hasél, un rappeur arrêté mardi après s'être retranché à l'université Lerida, en Catalogne.
Depuis le 12 février, l'artiste, connu pour ses textes contestataires et anti-monarchie, refusait de se rendre aux autorités espagnoles malgré une condamnation à 9 mois de prison ferme. En juin, il avait été reconnu coupable d'apologie du terrorisme, d'injures et de calomnie à l'encontre de la couronne espagnole à cause d'une série de tweets dans lesquels il accusait les forces de l'ordre de tortures et d'assassinats.
Son soutien à l'ETA, l'organisation paramilitaire indépendantiste basque, et ses accusations contre l'État espagnole, qu'il qualifie de "feixista" ("fasciste", en catalan) ont fait de lui un symbole de la liberté d'expression en Catalogne.
Protesters clash with police following a rally against the imprisonment of Pablo #Hasel in #Madrid #Spain . The Spanish rapper has been imprisoned and sentenced to over two years in a penitentiary centre for the crimes of glorifying terrorism and insulting the crown pic.twitter.com/OFYZbsMB1k — IsabelInfantes (@isabelinfantes) February 17, 2021
À Gérone, où se trouve l'université Lerida, près de 5.000 personnes se sont retrouvées mercredi soir pour apporter leur soutien au chanteur et relayer la pétition exigeant sa libération, déjà signée par plus de 200 artistes dans le pays, dont le réalisateur Pedro Almodóvar et l'acteur Javier Bardem. Puerta del Sol, à Madrid, des manifestants derrière des banderoles antifascistes ont défilé pour dénoncer une "censure" exercée par les autorités espagnoles avant de dégénérer en affrontements rangés avec la police nationale.
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Mais c'est dans la capitale de la Catalogne que cette seconde nuit de manifestation a tourné à l'émeute. La place Urquinaona, au cœur de Barcelone, a concentré le gros des 2.000 manifestants présents mercredi soir. Lanceurs des pavés et de bouteilles en verre ont fait face à des policiers qui ont peiné à charger contre la foule. Selon un bilan provisoire de la police autonome catalane, au moins neuf personnes ont été blessées et 29 ont été arrêtées.
Mardi, les manifestations à Barcelone et dans d'autres villes catalanes avaient fait une trentaine de blessés, dont 19 policiers.