EXILÉ - Au cœur d'une enquête pour corruption, l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos s'est résolu ce lundi à quitter son pays.
De la démocratie dans l'Espagne post Franco à l'exil : Juan Carlos s'est résolu à quitter son pays ce lundi, l'ancien roi étant empêtré dans une enquête pour corruption. L'ancien monarque, âgé de 82 ans, a annoncé sa décision de quitter l'Espagne à son fils, le roi Felipe VI, qui l'a acceptée et l'en a remercié.
"Guidé (...) par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne", a écrit l'ancien souverain cité dans le communiqué, qui n'a pas précisé sa destination. Juan Carlos explique à son fils sa décision par la volonté de "faciliter l'exercice de (ses) fonctions", devant "les conséquences publiques de certains événements passés de (sa) vie privée", une allusion transparente à l'enquête ouverte contre lui en juin par le parquet de la Cour suprême.
Son image progressivement ternie
L'avocat de Juan Carlos, Javier Sanchez-Junco, a précisé dans un communiqué que l'ancien monarque ne cherchait pas à échapper à la justice en s'exilant mais restait à la disposition du parquet. Celui-ci cherche à établir si Juan Carlos s'est rendu coupable de corruption en recevant de l'Arabie saoudite une énorme commission lors de l'attribution de la construction d'un TGV entre la Mecque et Médine à un consortium d'entreprises espagnoles. En juillet, le chef du gouvernement Pedro Sanchez s'était dit "troublé" par ces "informations inquiétantes".
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Sur son site où a été publiée la lettre officielle, la Maison Royale précise que le Roi a souligné "l'importance historique" du règne de son père "au service de l'Espagne et la démocratie". De fait, Juan Carlos, choisi par Francisco Franco pour lui succéder, avait surpris après la mort du dictateur en 1975 ménageant une transition en douceur vers la démocratie avec son Premier ministre Adolphe Saurez. Il avait ensuite neutralisé une tentative de coup d’État en février 1981. Cela avait valu au souverain une immense popularité dans un pays où la monarchie est pourtant contestée.
Problème : son image avait été progressivement ternie par des rumeurs de corruption du monarque très proche des monarchies du Golfe. En 2012, alors que les Espagnols souffraient de la grande récession, ils apprenaient que leur roi s'était cassé la hanche lors d'un safari de luxe au Botswana payé par un homme d'affaires saoudien en compagnie de sa maîtresse, une femme d'affaires allemande. Le scandale était devenu intenable et le roi avait fini par abdiquer en faveur de son fils.