Etats-Unis : un policier tue un agent de sécurité noir qui venait de neutraliser le tireur d'une fusillade

Publié le 14 novembre 2018 à 8h53, mis à jour le 14 novembre 2018 à 8h59
Etats-Unis : un policier tue un agent de sécurité noir qui venait de neutraliser le tireur d'une fusillade
Source : Sipa Press

BAVURE - Nouvelle polémique outre-Atlantique après une énième bavure policière : un jeune homme noir a été abattu par un policier. Son seul crime : avoir réussi à maîtriser, arme à la main, l'auteur d'une fusillade dans un bar de la banlieue de Chicago.

Un policier blanc, un homme noir et une nouvelle bavure policière. Jemel Roberson, un jeune homme de 26 ans a été abattu ce dimanche matin, alors qu'il venait de maîtriser un tireur lors d'une fusillade dans un bar. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances du drame, mais déjà les premiers témoignages semblent accablants.

Selon des témoins interrogés par différents médias américains, le tragique incident a débuté par une bagarre dans un bar à Robbins, à une trentaine de kilomètres de Chicago. L'un des protagonistes a commencé à tirer, blessant plusieurs personnes. L'agent de sécurité armé, Jemel Roberson, reconnaissable à son uniforme barré de la mention "Sécurité", décide alors d'agir et parvient à neutraliser le tireur avant même que la police n'arrive sur les lieux.

Il a juste vu un homme noir avec une arme et il l'a tué.
Adam Harris, l'un des témoins du drame

"Il tenait un homme au sol, avec son genou à terre et son arme dans le dos comme pour lui intimer de ne pas bouger", a rapporté Adam Harris, l'un des témoins, sur la chaîne de télévision locale WGN. Arrivé en renfort, un policier a tiré mais a choisi la mauvaise cible. "Tout le monde criait 'sécurité, c'est un gardien de sécurité' et il a juste vu un homme noir avec une arme et il l'a tué", a ajouté Adam Harris. Le jeune homme est décédé peu après avoir été conduit à l'hôpital.

Les circonstances du drame restent floues : on ne sait pas notamment si les policiers se sont identifiés, ni pourquoi l'un d'entre eux s'en est pris à Jemel Roberson. La police de l'Illinois a ouvert une enquête sur "cet événement tragique" pour "assurer la transparence et maintenir la confiance du public", a indiqué dans un communiqué le chef de la police de Midlothian, Daniel Delaney. Il a par ailleurs reconnu que Jemel Roberson était "un homme bon qui faisait de son mieux pour mettre un terme à une fusillade".

Jemel Roberson était l'aîné d'une fratrie de quatre enfants et avait grandi dans la banlieue de Chicago, selon le Washington Post. Sa famille a indiqué qu'il était étudiant en droit et très investi au sein de la communauté catholique. Le révérend Marvin Hunter a confié à Associated Press que le jeune homme jouait de l'orgue dans les églises des environs.

Ce père d'un petit garçon de 9 mois cumulait les emplois pour se procurer un nouvel appartement, alors que sa compagne, Avontea, est enceinte de trois mois. "Ils avaient prévu de l'annoncer à leur famille cette semaine, avant que la police ne le tue", a rapporté l'activiste Shaun King.

Jemel Roberson vient allonger la longue liste de personnes tuées par des policiers en 2018. Selon un décompte du Washington Post, ils seraient 841 dont au moins 19 dans l'Illinois.

Cette fusillade relance la polémique sur les violences policières envers la communauté noire et le débat sur les armes à feu. Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump soutient largement le lobby des armes, répétant après plusieurs fusillades que des agents de sécurité, armés, les "good guys", les gentils, pourraient être des remparts contre les "bad guys", les méchants. Le président américain proposait même d'armer les professeurs pour sécuriser les écoles. Sa rhétorique simpliste prend du plomb dans l'aile.


La rédaction de TF1info

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