Procès en destitution de Trump : l'article transmis ce lundi au Sénat, et après ?

TG
Publié le 24 janvier 2021 à 22h54, mis à jour le 5 février 2021 à 10h55

Source : JT 20h Semaine

IMPEACHMENT - Mis en accusation par le Congrès le 13 janvier, Donald Trump est devenu le premier président américain à faire face à une deuxième procédure de destitution. Voici ce qui l'attend désormais.

Et maintenant ? Mis en accusation mercredi 13 janvier par la Chambre des représentants, Donald Trump, qui a quitté la Maison Blanche ce mercredi quelques heures avant l'investiture de Joe Biden, est entré dans l'Histoire comme le seul président américain à avoir subi à deux reprises l'infamie d'un impeachment. Reste à savoir si ce dernier aboutira. En cause : un timing plus que serré et des failles juridiques. 

Dans le détail, la Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président en cas de "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs". La procédure se déroule en deux étapes. D'abord, la Chambre des représentants vote, à une majorité simple, l'acte d'accusation détaillant les faits reprochés au président (le fameux impeachment, en anglais). 

C'est ce qui s'est produit le 13 janvier : 232 élus, dont dix républicains, contre 197, ont adopté un unique chef d'accusation à l'encontre de Donald Trump : "incitation à l'insurrection".

Un procès intenable avant la fin du mandat

Il revient ensuite au Sénat d'organiser le procès de l'accusé. Au terme des débats, les 100 sénateurs passent au vote. Il faut une majorité de deux tiers pour le condamner, auquel cas la destitution est automatique et sans appel. Autrement, le président est acquitté. S'il est jugé coupable, un autre vote, à la majorité simple, peut le rendre inéligible, lui qui avait laissé entendre qu'il pourrait se représenter en 2024.

C'est là que les choses se corsent. Et ce, pour deux raisons. Tout d'abord le calendrier, lequel joue en faveur de Donald Trump. Comme l'avait anticipé le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell, le procès ne s'est pas déroulé avant la fin de son mandat, ce 20 janvier. Problème : la Constitution ne précise pas comment opérer une fois que l'accusé a quitté ses fonctions. 

La majorité difficile à atteindre au Sénat

Pour avoir des bribes de réponses, il faut se pencher sur la jurisprudence et retourner en… 1876. À l'époque, les sénateurs s'étaient demandé s'ils étaient compétents pour juger le ministre de Guerre William Belknap après son départ du gouvernement. Ils avaient finalement répondu par l'affirmative et l'avaient acquitté des charges de corruption pesant contre lui. 

La Constitution, elle, ne fixe pas non plus de calendrier. La présidente de la Chambre des représentants a décidé d'attendre pour transmettre l'acte d'accusation au Sénat, afin de lui laisser le temps de confirmer la nouvelle équipe au pouvoir et de valider les premières mesures de Joe Biden. Vendredi 22 janvier, le chef de la majorité Chuck Schumer (démocrate) a indiqué que les articles d'impeachment lui seraient délivrés lundi 25 janvier. Dans la foulée, il a annoncé qu'"une fois les dossiers rédigés, l'exposé par les parties commencera la semaine du 8 février"

Ce programme revient à repousser le procès de deux semaines, ce qui permettra à la Chambre haute de confirmer auparavant les nominations de Joe Biden à son gouvernement, et potentiellement de s'occuper d'un plan massif d'aides économiques pour remédier à la crise provoquée par le coronavirus.

Second souci pour les opposants de Donald Trump : la répartition du pouvoir au sein du Sénat. Celui-ci est partagé à égalité parfaite entre 50 élus démocrates et 50 républicains. La majorité des deux tiers semble donc difficile à atteindre, d'autant que, dans le dossier ukrainien, seul un sénateur républicain, Mitt Romney, avait voté avec les démocrates. Mais la donne a depuis changé, le milliardaire ayant caressé l'idée d'une nouvelle candidature en 2024. L'hypothèse de l'écarter définitivement de la vie politique pourrait toutefois encourager certains sénateurs républicains à le déclarer coupable. 

L'influent Mitch McConnell - qui avait tenu ses troupes d'une main de fer en janvier 2020 - a d'ailleurs fait savoir qu'il n'excluait pas de voter pour condamner Donald Trump, n'ayant "pas encore pris sa décision". Certains ont déjà ouvertement fait part de leur volonté de faire tomber le milliardaire. Parmi eux, Dan Newhouse : le représentant républicain a martelé qu'il n'y avait "pas d'excuse pour les actes du président Trump". 

Selon les décomptes faits par le Washington Post, 42 sénateurs (tous démocrates ou membre de la majorité) ont indiqué qu'ils voteraient pour la destitution. 19 autres (dont cinq démocrates) ont signifié qu'ils n'y étaient pas opposés, mais avaient réservé leur position. 22 sénateurs républicains y sont foncièrement opposés et 11 autres (8 républicains et 3 démocrates) n'ont pas fait connaitre leur sentiment. Au total, la destitution requiert le vote de 67 sénateurs.

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