IVG - Le Sénat de l'Etat d'Alabama a voté la loi la plus répressive des Etats-Unis en matière d'avortement. Elle prévoit des peines de prison pour les médecins pratiquant l'IVG, sans exception en cas de viol ou d'inceste.
Il y a comme un air de "La Servante Ecarlate" flottant au-dessus de l'Alabama... Ce mardi 14 mai, le Sénat de cet Etat américain a adopté le texte le plus répressif du pays en matière d'avortement. Il prévoit notamment de lourdes peines de prison pour les médecins pratiquant l'IVG, allant de 10 à 99 ans et aucune exception ne sera tolérée en cas de viol ou d'inceste. En revanche, elle sera tolérée en cas d'urgence vitale pour la mère ou d'anomalie létale du fœtus. Un texte qui a été promulgué par la gouverneure de l'Etat, Kay Ivey, jeudi 15 mai, cette dernière justifiant son soutien au texte en ce que "toute vie [serait] un cadeau de Dieu".
Le projet de loi avait été adopté début mai par la Chambre des représentants de l'Alabama. Dénoncée par des associations, en particulier celle de défense des droits civiques (ACLU), cette loi devrait se retrouver devant la Cour suprême des Etats-Unis, afin de convaincre celle-ci de revenir sur sa décision emblématique de 1973, "Roe v. Wade" qui a reconnu le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n'est pas viable.
Roll Call Vote of the amendment that dealt with making rape and incest an exception in HB314. pic.twitter.com/UDKBFrm4pz — Vivian Davis Figures (@vivian_figures) 15 mai 2019
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Le côté excessivement répressif de cette loi a été largement critiqué par les sénateurs démocrates. "Vous venez de violer vous-même l'Etat de l'Alabama", a déclaré Bobby Singleton, membre démocrate du Sénat, après le rejet par les sénateurs d'un amendement demandant des exceptions à l'interdiction de l'avortement. "Vous dites à ma fille : tu ne comptes pas dans l'Etat de l'Alabama... Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte", a-t-il ajouté, la voix parfois tremblante d'émotion.
BREAKING: Alabama Republicans just tried to sneak through a measure that would make nearly all abortions a felony punishable by up to 99 years in prison without even so much as a normal a roll call vote. Watch all hell breaking loose on the Alabama Senate floor: pic.twitter.com/C9KKSGqbqG — Arlen Parsa (@arlenparsa) 9 mai 2019
En tout depuis quelques moins, ce sont 28 Etats américains qui ont introduit plus de 300 nouvelles règles depuis le début de l'année afin de limiter l'accès à l'avortement, selon un décompte de l'Institut Guttmacher qui défend le droit des femmes à l'IVG.
Le Kentucky et le Mississippi ont ainsi interdit les avortements dès que les battements du cœur du fœtus sont détectables, soit environ à la sixième semaine de grossesse. En comparaison, en France, l’avortement peut être pratiquée jusqu’à la fin de la 12e semaine de grossesse, soit 14 semaines après le 1er jour des dernières règles. Des mesures comparables au Kentucky et au Mississippi sont en passe d'adoption en Géorgie, Ohio, Missouri et Tennessee. Un juge a bloqué la mise en oeuvre de la loi du Kentucky, tandis que celle du Mississippi doit entrer en vigueur en juillet.
La semaine dernière, le gouverneur de Géorgie a signé une loi qui interdit aux femmes de cet Etat conservateur du Sud des Etats-Unis d'avorter dès que les battements de cœur du fœtus peuvent être détectés. Le texte revient pour ses détracteurs à interdire de facto les avortements, puisque le cœur peut être entendu dès la sixième semaine de grossesse, quand de nombreuses femmes n'ont pas encore conscience d'être enceintes. Le gouverneur républicain Brian Kemp a signé le texte, parmi les plus restrictifs du pays, en dépit de menaces de boycott de stars d'Hollywood.