États-Unis : les images inédites de l'intrusion des manifestants pro-Trump dans le Capitole

par Hugues GARNIER
Publié le 18 janvier 2021 à 8h20, mis à jour le 19 janvier 2021 à 13h15

Source : TF1 Info

WASHINGTON D.C. - Le "New Yorker" dévoile des extraits vidéos exclusifs qui permettent de mieux comprendre ce qui s'est passé au siège du Congrès américain le 6 janvier dernier.

L'assaut vu de l'intérieur. Le célèbre magazine américain The New Yorker a révélé dimanche des images exclusives de l'intrusion du Capitole le 6 janvier dernier par des militants pro-Trump. Un événement durant lequel sont survenues de multiples violences ayant entraîné la mort de cinq personnes dont un policier. 

Luke Mogelson, un reporter américain du New Yorker, est parvenu à s'infiltrer parmi les manifestants qui sont entrés dans le bâtiment fédéral américain, siège du pouvoir législatif aux États-Unis. C'est dans une cohue générale que des dizaines d'individus parviennent à briser une vitre leur permettant d'accéder au Capitole, l'un des lieux les plus sécurisés pourtant de la capitale américaine.

Des agents de sécurité en sous-nombre

S'ensuit une altercation avec des forces de sécurité qui, en sous-nombre, sont contraintes de se replier et de laisser les lieux aux intrus le temps de l'arrivée des renforts de police. Impuissants, les agents de sécurité laissent les militants circuler comme bon leur semble dans les allées du lieu où le Congrès s'était réuni pour certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine.

Dénonçant la "trahison" des élus républicains non opposés à l'élection du candidat démocrate et appelant à "défendre la Constitution", les manifestants - pour certains équipés comme des militaires - parviennent à trouver l'entrée de la chambre haute. 

"Pendant qu'on est là, on devrait instaurer un nouveau gouvernement", propose un militant tandis qu'un autre se demande où se trouve Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants et cible des pro-Trump. Quelques personnes occupent alors l'hémicycle du Sénat, désert et vidé de ses occupants évacués pour raisons de sécurité. 

Certains n'hésitent d'ailleurs pas à s'installer sur le siège du président du Sénat, un poste occupé par le vice-président Mike Pence accusé de traîtrise par les manifestants pro-Trump pour ne pas s'être opposé à la certification de la victoire de Biden.

À la recherche de preuves de fraude électorale

"Il ne faut pas être irrespectueux", estime un militant tandis qu'un autre s'offusque de cette situation : "Ils peuvent voler une élection mais on ne peut pas s'asseoir sur un siège ?". Plusieurs d'entre eux sortent alors leurs téléphones et commencent à fouiller les bureaux, déterminés à trouver des preuves de fraude électorale, pourtant jamais établie par les instances fédérales. 

"Il doit bien y avoir quelque chose qu'on peut utiliser contre ces enfoirés", espère en vain un manifestant en scrutant les affaires au pupitre Ted Cruz.

Jake Angeli, aussi connu sous le nom de Q Shaman, fait alors son entrée dans la pièce accompagné d'un officier de sécurité. Ce militant portant sur la tête des cornes de bison est une figure connue parmi les partisans des théories conspirationnistes de QAnon.

Une prière dans l'hémicycle du Sénat

L'agent de sécurité les appelle dans un premier temps à quitter les lieux avant de se résoudre - seul contre tous - à leur demander de respecter l'endroit. 

"Je vais m'asseoir ici parce que Mike Pence est un ****** de traître", lui répond alors Jake Angeli qui affirme ne pas prendre souvent des photos de lui-même, "mais je vais faire une exception pour cette fois". Le Q Shaman écrit enfin un message en majuscule sur un bout de papier posé sur le bureau du président du Sénat "ce n'est qu'une question de temps, la justice arrive !"

Une prière se tient alors en plein hémicycle au cours de laquelle la dizaine de militants présents remercient le seigneur d'avoir pu entrer dans cet endroit et adressent un message "aux tyrans, communistes, mondialistes... C'est notre nation, pas la leur ! Nous ne les laisserons pas faire tomber l'Amérique". L'hémicycle sera évacué peu de temps après. 

De vives tensions y compris à l'extérieur du bâtiment

Mais les incidents se poursuivent vers une autre entrée du Capitole où les relations entre manifestants et forces de l'ordre sont bien plus tendues. Du gaz lacrymogène est jeté en direction de la foule pour l'empêcher d'accéder au bâtiment et les pro-Trump sont contraints de se replier face à des policiers plus nombreux et mieux équipés.

Forcés de reculer, les militants s'en sont finalement pris à des équipements de l'agence de presse Associated Press (AP) auxquels ils ont cherché à mettre le feu. Résignés de ne pouvoir se rendre à leur tour dans le Capitole, certains appellent à poursuivre le mouvement et à pendre ou passer à la guillotine leurs dirigeants. Une colère qui témoigne une nouvelle fois de la profonde scission de ce pays, plus que jamais désuni.


Hugues GARNIER

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