"Maison de l'horreur" en Californie : pourquoi les services sociaux n'ont rien vu du calvaire des enfants Turpin

Publié le 18 janvier 2018 à 21h23
"Maison de l'horreur" en Californie : pourquoi les services sociaux n'ont rien vu du calvaire des enfants Turpin

ENQUÊTE - Comment les 13 enfants de la famille Turpin, retrouvés enfermés, affamés et parfois enchaînés dans leur maison de Californie, ont-ils pu échapper au radar des services sociaux et éducatifs ? La principale raison : ils étaient notamment scolarisés à domicile et les autorités n'avaient aucun pouvoir de contrôle sur ce type d'enseignement.

Après la découverte des 13 enfants de David et Louise Turpin, enfermés - et même pour certains enchaînés - et affamés dans leur domicile familial  de Perris, près de Los Angeles, les États-Unis s'interrogent : comment une telle situation a-t-elle pu se produire, sans qu'aucune alerte ne soit jamais donnée ? 

Le Los Angeles Times donne plusieurs éléments de réponse. Ils soulignent tousles failles du système de scolarisation à domicile de certains Etats américains, dont la Californie. Les 13 enfants, âgés de 2 à 29 ans, étaient en effet censés bénéficier d'une scolarisation à domicile, une pratique courante aux Etats-Unis mais dont l'encadrement diffère suivant les Etats.  "Nous n'avions jusque-là jamais été alertés sur des soupçons d'abus d'enfants dans cette résidence", a affirmé Greg Fellows, chef de la police de Perris, ajoutant que les premiers éléments de l'enquête ne permettaient pas de savoir si des agressions sexuelles avaient été commises, ni si les parents auraient fait partie d'une secte. On ignore par ailleurs combien de temps a duré cette séquestration.

Aucun contrôle sur les écoles privées en Californie

En 2010, alors que la famille vivait déjà en Californie, David Turpin avait rempli des documents administratifs pour ouvrir une école privée au domicile familial, rapporte le Los Angeles Times. Pendant plusieurs années, cette école privée, baptisée "Sandcastle Day School", a été décrite comme un établissement religieux. Mais le père de famille a par la suite assuré que ce n'était plus le cas. Ces documents administratifs peuvent être considérés comme des "attestations sur l'honneur". Ils ont été fournis chaque année et indiquaient l'adresse de l'école, son type d'enseignement et la procédure d'inscription. Or c'est tout ce que la loi exige pour ouvrir une école privée en Californie.

Les autorités éducatives locales n'ont en effet aucune autorité sur ce type d'école et les parents qui enseignent à leurs enfants n'ont pas à se soumettre aux vérifications qui sont effectuées sur les autres professeurs. "Les écoles privées doivent se déclarer auprès de l'Etat pour que leurs élèves soient exemptés d'école publique obligatoire. Dans la loi californienne, le Département de l'éducation de Californie (CDE) n'autorise pas, ne contrôle pas, n'inspecte pas et ne supervise pas les écoles privées", souligne le CDE. "Nous ne savons rien à propos d'eux", explique quant à lui le directeur du district scolaire de Perris. "S'ils ont été scolarisés à domicile depuis le début, ils n'ont jamais dû apparaître sur notre radar."

Selon le Los Angeles Times, la Californie fait partie des 15 Etats qui demandent seulement aux parents voulant scolariser leurs enfants à domicile de se déclarer auprès des autorités. Onze autres Etats, comme le Texas,  n'exigent quant à eux aucun document aux parents. "Malheureusement, la loi actuelle n'offre aucun moyen d'arrêter les familles comme les Turpin utilisant la scolarisation à domicile pour isoler et emprisonner leurs enfants", estime la directrice de la Coalition pour une éducation à domicile responsable.


La rédaction de TF1info

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