300 prêtres accusés de pédophilie aux Etats-Unis : le pape condamne "avec force ces atrocités"

Publié le 20 août 2018 à 14h43, mis à jour le 20 août 2018 à 14h53
300 prêtres accusés de pédophilie aux Etats-Unis : le pape condamne "avec force ces atrocités"

PÉDOPHILIE - Une enquête menée par les services du procureur de l'état américain de Pennsylvanie, et révélée la semaine dernière, accuse 300 prêtres de pédophilie, des actes qui auraient été couverts par l'Eglise catholique. Un nouveau scandale qui met en lumière la faible protection des victimes et l'ignorance de l'Eglise. Ce lundi dans une lettre adressée au "Peuple de Dieu", le pape François dit "condamner avec force ces atrocités".

"Deux mots peuvent exprimer ce que l'on ressent face à ces crimes horribles : la honte et la douleur". Dans un communiqué diffusé jeudi soir, le Vatican avait réagi à l'enquête menée en Pennsylvanie, dans le nord-est des Etats-Unis, sur des abus sexuels perpétrés par plus de 300 prêtres. "Les victimes doivent savoir que le pape est de leur côté. Ceux qui ont souffert sont sa priorité et l'Eglise veut les écouter pour éradiquer cette horreur tragique qui détruit la vie des innocents", avait déclaré le Saint-Siège dans ce texte, en relevant néanmoins que la majeure partie des cas évoqués sont antérieurs au début des années 2000, quand la révélation d'une suite de scandales a poussé l'Eglise américaine à mener "des réformes drastiques".

Ce lundi, cette fois dans une lettre adressée au "Peuple de Dieu", le pape François va encore plus loin. "Ces derniers jours est paru un rapport détaillant le vécu d’au moins mille personnes qui ont été victimes d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de conscience, perpétrés par des prêtres pendant à peu près soixante-dix ans. Bien qu’on puisse dire que la majorité des cas appartient au passé (...) nous pouvons constater que les blessures infligées ne disparaissent jamais, ce qui nous oblige à condamner avec force ces atrocités", y affirme-t-il.  Avant d'appeler toute la communauté catholique, les fidèles et pas seulement le clergé, à se mobiliser pour "dénoncer tout ce qui met en péril l'intégrité de toute personne".  François conclut sa lettre en appelant les croyants au "jeûne et à la prière" pour ouvrir "nos oreilles à la douleur silencieuse des enfants, des jeunes et des personnes handicapées".

Plus de 300 prêtres, 1000 enfants victimes, une Eglise coupable d'inaction.... c'est un phénomène d'ampleur qui a été décrit par le rapport publié mardi 14 août par le procureur de Pennsylvanie. Épais de 884 pages, ce travail est le fruit de deux ans d'enquête et porte sur une période de 70 ans. Il se fonde notamment sur des archives conservées par les diocèses eux-mêmes. 

Il vise nommément  301 prêtres catholiques de l'Etat de Pennsylvanie. "Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles. Ils ont caché tout cela durant des décennies ", a déclaré Josh Shapiro, procureur général de cet Etat. Ce dernier a notamment cité l'exemple d'un prêtre qui a abusé de cinq soeurs d'une même famille dont la dernière avait 18  mois quand les agressions ont commencé. Pour ce cas, le diocèse a négocié l'abandon des poursuites en contrepartie de la signature d'un accord de confidentialité. 

Les noms de prêtres rendus publics

Des crimes qui dans d'autres cas étaient justifiés par la foi. Et le procureur de citer l'exemple d'un prêtre qui aurait décrit à des enfants comment "Marie avait léché Jésus pour qu'il reste propre après sa naissance", afin d'obtenir des fellations. 

Mais, dans la plupart des cas recensés par ce rapport, les prêtres concernés sont soit décédés soit les faits sont prescrits. Sur les 300 "prêtres prédateurs", dont les victimes présumés avaient souvent moins de 10 ans, deux seulement ont été inculpés. L'un pour des agressions sexuelles répétées sur plusieurs enfants, les dernières datant de 2010, et l'autre pour des agressions sur un enfant de 7 ans. Ce dernier a plaidé coupable fin juillet, il encourt 5 ans d'emprisonnement, le chef d'accusation retenu contre lui étant un délit et non pas un crime. 

Les abus au sein de l'Eglise n'ont pas disparu
Josh Shapiro, procureur de Pennsylvanie

"Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles et les hommes d'église qui étaient leurs responsables n'ont rien fait. Durant des décennies", rapportent les jurés de Pennsylvanie. A la manière de l'enquête Spotlight qui avait fait l'objet d'un film, et qui avait mis en lumière les abus sexuels au sein de l'Eglise Catholique et le silence de cette dernière, la hiérarchie de l'église de Pennsylvanie s'est tue , et a couvert les agissements de ses subordonnés. 

La dissimulation a rendu impossible que justice soit rendue pour ces victimes
Josh Shapiro, procureur de Pennsylvanie

Dans son rapport, le jury propose une réforme de la législation de l'Etat pour allonger le délai de prescription au pénal et au civil, et pour restreindre le droit à la confidentialité auquel l'Eglise a recours, selon l'enquête. Aux Etats-Unis, 6721 prêtres ont été accusés d'abus sexuels pour des faits présumés entre 1950 et 2016, d'après l'organisation Bishop Accountability. 


La rédaction de TF1info

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