Haaland, Blinken, Yellen... qui sont les membres de l'administration Biden ?

Hugues Garnier avec AFP
Publié le 26 janvier 2021 à 18h49
Les premiers membres de l'administration Biden, présentés le 3 janvier 2021
Les premiers membres de l'administration Biden, présentés le 3 janvier 2021 - Source : AFP

ÉTATS-UNIS - Déjà connus du grand public, les membres de l'administration Biden passent au fil de l'eau leur audition de confirmation auprès du Sénat. Des nominations symboliquement chargées pour certaines.

Pendant que Joe Biden enchaîne les décrets présidentiels, détricotant tantôt les mesures symboliques de Trump, engageant tantôt de puissantes mesures de lutte contre la pandémie de Covid et la crise économique qui s'en est suivi, les membres de son administration sont auditionnés au Sénat pour se voir confirmer leur nomination. En attendant la fin de ce processus, qui occupe une bonne partie du temps des sénateurs, qui doivent également penser au futur procès de Donald Trump, présentation de cette administration, sans doute la plus diverse en termes de représentation de l'histoire des États-Unis, mais aussi de la garde rapprochée de Joe Biden.

Ron Klain, un fidèle parmi les fidèles en chef de cabinet

À 59 ans, Ron Klain ne cesse pas de suivre les traces de Joe Biden. Son plus proche conseiller quand il était vice-président, le voilà promu chef de cabinet quatre ans plus tard. Assistant à la Cour suprême, commission des affaires judiciaires du Sénat où il rencontre Joe Biden, il ne quittera plus la Maison Blanche quand celle-ci tourne démocrate, d'abord auprès d'Al Gore puis avec Joe Biden. Ses capacités à gérer une épidémie comme Ebola en 2014 seront éprouvées avec celle du Covid.

Antony Blinken secrétaire d'État ou la fin de l'isolationnisme

Poste clé au sein de l'administration, le secrétariat d'État est l'équivalent du ministère des Affaires étrangères aux États-Unis. Un poste occupé par Mike Pompeo et qui sera désormais occupé par Antony Blinken. Ce diplomate était l'ancien numéro deux du département d'État lorsque Hillary Clinton occupait le poste sous la présidence de Barack Obama. 

Francophone et francophile, Antony Blinken est un fervent défenseur du multilatéralisme qui devra notamment s'occuper du dossier du nucléaire iranien. Un sujet hautement délicat depuis le retrait des États-Unis de l'accord de Vienne en 2018.

Le Congrès a confirmé sa nomination le 26 janvier 2021. Le nouveau secrétaire d'État a dépassé la majorité de 51 sénateurs nécessaires, y compris avec de nombreuses voix républicaines.

Pete Buttigeg aux Transports

Neuvième membre annoncé de l'administration, Pete Buttigieg, 38 ans, se voit récompenser de sa loyauté envers Joe Biden. Après un début de primaires convaincantes au début de l'année, il avait décidé de se rallier à un Joe Biden en grandes difficultés, juste avant le Super Tuesday. À l'instar d'une grande partie des autres candidats centristes. "Mayor Pete", ainsi qu'il était désigné pendant la primaire, devient ainsi le premier membre d'une administration ouvertement homosexuel. En charge des transports, il aura à conduire un ministère central dans les ambitions de transformation climatique que souhaite engager le futur président. Figure montante du parti, c'est aussi son parcours de maire d'une ville moyenne dans le Midwest qui l'a positionné en favori pour ce poste. Pendant les primaires, il s'était souvent montré très critique à l'égard de l'administration Trump, la jugeant "incapable d'engager ses promesses en matière d'infrastructures".

John Kerry de retour au climat

Autre membre de l'administration Obama à faire son grand retour une figure tutélaire du Parti démocrate. John Kerry, ex-candidat à la présidentielle en 2004 et l'ex-secrétaire d'État de 2013 à 2017, sera lui aussi de la partie pour un poste bien particulier puisqu'il sera envoyé spécial du président sur le climat. 

Une nomination loin d'être anecdotique puisque Joe Biden a d'ores et déjà signé un décret actant le retour des États-Unis dans l'accord de Paris sur le climat dès le premier jour de sa présidence. Accord conclu en 2015 et signé par John Kerry lui-même. 

Linda Thomas-Greenfield à l'ONU

Au poste d'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Joe Biden a nommé Linda Thomas-Greenfield pour succéder à Nikki Haley. Cette diplomate afro-américaine a notamment été ambassadrice au Liberia et directrice générale du bureau des affaires étrangères au cours des deux mandats de Barack Obama. Elle avait été congédiée par l'administration Trump peu après l'arrivée du président républicain au pouvoir.

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Marcia Fudge au Logement

Représentante de l'Ohio depuis 12 ans, membre éminente du groupe d'élus afro-américains, Marcia Fudget devient, à 68 ans, la deuxième secrétaire d'État au Logement. Un poste qui sera regardé de près, Joe Biden ayant promis de s'attaquer frontalement aux expulsions immobilières, un des dossiers les plus chauds aux États-Unis, souligné vivement par la crise économique traversée par le pays.

Deb Haaland aux Ressources naturelles

C'est peu de dire que l'information a eu de l'écho. En nommant Deb Haaland, représentante du Nouveau-Mexique, à la tête d'un vaste ministère supervisant les ressources naturelles, Joe Biden a fait dans le symbole. La sexagénaire, présidente du Parti démocrate dans l'État du Sud du Land of Enchantment, est une Amérindienne, la première à intégrer une administration américaine. Un signal fort dans un pays où les autochtones ont longtemps été cantonnés dans des réserves et subissent encore un déterminisme social défavorable. Un symbole, mais pas seulement. 

En effet, les politiques de gestion des ressources naturelles ont souvent fait la démonstration de leurs conséquences néfastes pour la communauté amérindienne. Une évidence pour cette membre de la tribu Laguna Pueblo, qui soutenait, jusqu'à sa désignation : "Je pense qu'il est temps que notre monde - pas seulement notre pays mais le monde entier - commence à écouter les peuples autochtones quand il s'agit de changement climatique et d'environnement". Élue au Congrès en 2018, elle a réagi à l'annonce en critiquant la future ex-administration Trump : "C'est un honneur de faire avancer le programme Biden-Harris pour le climat et d'aider à réparer la relation du gouvernement avec les tribus (amérindiennes), que l'administration Trump a ruinée".

Eric Lander, un ministre à la tête de l'équipe scientifique

Rupture supplémentaire avec l'ère Trump, Joe Biden a décidé de donner une place exécutive aux conseillers scientifiques, qui n'avaient donc pas de pouvoir décisionnel. Si Anthony Fauci n'est pas prolongé, c'est le généticien, biologiste et mathématicien Éric Lander,  63 ans qui prendra ce rôle. Il est notamment connu pour avoir contribué à cartographier le génome humain.  Il dirige actuellement le Broad Institute, un centre non lucratif de recherche biomédical réputé. Il sera donc promu au rang ministériel.

Miguel Cardona à l'Éducation

Qui pour prendre la suite de la milliardaire et fervente partisane de l'école privée, Betsy DeVos ? Joe Biden, dont l'épouse Jill est elle-même enseignante, a choisi Miguel Cardona, enseignant de formation, âgé de 45 ans et originaire de Porto Rico. Il aura pour mission de faire en sorte que l'école soit un "ascenseur social". Notamment chargé de l'éducation dans l'État du Connecticut, il aura pour mission de "rouvrir les écoles en toute sécurité" en dépit de la crise sanitaire. Mais aussi de réattribuer à l'école sa vocation "d'ascenseur social". "Pour trop d'élèves, votre lieu de résidence et votre couleur de peau demeurent la meilleure manière de prédire les opportunités dont vous bénéficierez pendant toute votre vie". Autres dossiers majeurs : l'effacement d'une partie de la colossale dette étudiante, rendre les études supérieures plus abordables et l'école maternelle "universelle".

Marty Walsh au Travail

Il a reçu l'onction du socialiste Bernie Sanders, un temps considéré par Joe Biden pour prendre la tête de ce département "parmi les plus importants" aux yeux du président. Le maire de Boston Marty Walsh, 53 ans, sera donc le secrétaire au Travail de l'administration. Il aura pour mandat d'accompagner la hausse du salaire minimum fédéral à 15 dollars de l'heure, principale promesse présidentielle, la réglementation des heures supplémentaires et la protection syndicale. Dans son discours de présentation, Walsh a rendu un vibrant hommage aux "classes laborieuses" : "Elles souffrent depuis longtemps de l'érosion de leurs droits et de profondes inégalités raciales, sexuées et de classe. Elles ont été attaqués ces quatre dernières années.

Michael Regan à l'EPA

À la tête de l'Agence de protection de l'environnement (EPA en version originale), Joe Biden et Kamala Harris ont misé sur un vieux routard des politiques environnementales. Michael Regan, régulateur des questions liées à la pollution de l'air sous les administrations Clinton et George W. Bush, revient sur le devant de la scène nationale après avoir dirigé le département de l'Environnement en Caroline du Nord. 

Jennifer Granholm à l'Énergie

Ex-gouverneure du Michigan, Jennifer Granholm succède indirectement à ce secrétariat d'État à un climato-sceptique notoire, l'ancien gouverneur Rick Perry, fervent défenseur des hydrocarbures. Connaisseuse du secteur automobile, partisane des énergies propres, elle a pour elle de s'être frottée aux grands groupes automobiles de Detroit, et d'avoir travaillé, entre 2008, au grand plan de sauvetage de l'automobile, sous Barack Obama. Parmi ses missions, développer les alternatives aux énergies fossiles, Joe Biden ayant promis de cesser d'accorder de nouvelles concessions d'exploitation de gaz de schiste, et d'œuvrer pour mettre fin aux passoires énergétiques.

Xavier Becerra à la Santé

Ce juriste de 62 ans, fort de plus de deux décennies à la Chambre de représentants, sort d'un mandat de procureur général de l'État de Californie qu'il a passé, pour les dernières années, à contester les décisions de l'administration Trump. Qualifiée de "surprise" par la presse américaine, celui qu'on destinait plutôt au département de la Justice reste un homme aguerri sur les sujets sanitaires. Fervent défenseur de l'Obamacare, il avait manœuvré sans relâche pour contrer les assauts des républicains à l'endroit de cette réforme globale de l'assurance-santé. Réagissant à sa nomination au secrétariat à la Santé, il a annoncé qu'il "s'assurerait que chaque Américain aura accès à une offre de soin de qualité et bon marché, pendant ce temps de pandémie et au-delà".

Lloyd Austin à la Défense

Ancien des guerres en Irak et en Afghanistan, Lloyd Austin, 67 ans, a été choisi par Joe Biden pour diriger le Pentagone, le puissant et stratégique ministère américaine de la Défense. Ce général afro-américain, qui a fait la rencontre de Joe Biden sous la présidence Obama, avait notamment supervisé le retrait de 50.000 soldats américains d'Irak en 2011. Retraité, il avait converti ses 40 ans d'expérience dans le privé, siégeant au conseil d'administration de Raytheon Technologies, la 3e plus grosse entreprise d'armement au monde.

Retraité depuis moins de sept ans, Lloyd Austin pouvait craindre que cela n'empêche sa confirmation au Sénat. Il n'en a finalement rien été.

Tom Vilsack à l'Agriculture

Un retour aux sources. Comme il l'a fait pour une bonne partie des postes, Joe Biden s'est appuyé sur les forces vives de l'administration Obama pour constituer son propre cabinet. C'est ainsi que Tom Vilsack retrouve le poste qu'il avait occupé entre 2008 et 2016. Ce choix favorisé par sa proximité avec le président élu pourrait souffrir de tensions avec l'aile gauche du parti. Ancien gouverneur de l'Iowa, Vilsack est en effet critiqué pour être proche du lobby de l'agroalimentaire et pas suffisamment des groupes activistes pro-environnement, dans un pays où plus de 75 millions de citoyens ont déclaré ne pas avoir assez à manger. 

Denis McDonough aux Anciens combattants

Ancien chef de cabinet de Barack Obama, Denis McDonough hérite d'un cabinet hautement stratégique, puisqu'il est le deuxième en termes de budget et d'effectifs. Ce qui l'impliquera de très près sur la gestion de la crise sanitaire, au regard du nombre de soignants qui travaillent dans l'armée et du rôle de cette dernière dans l'organisation des tests et des vaccinations.

Alejandro Mayorkas à la Sécurité intérieure

À la tête du ministère de la Sécurité intérieure, Joe Biden a choisi de nommer Alejandro Mayorkas. Né à la Havane, ce fils de réfugiés cubains est en terrain connu dans ce service où il fut ministre adjoint de 2013 à 2016. 

"Quand j'étais très jeune, les États-Unis ont offert un refuge à ma famille", a écrit cet ancien procureur fédéral sur Twitter en réaction à sa nomination. "Maintenant j'ai été nommé (...) pour superviser la protection de tous les Américains et de ceux qui fuient la persécution et sont à la recherche d'une meilleure vie pour eux et les personnes qui leur sont chères"

Gina Raimondo au Commerce

Figure montante du Parti démocrate, la gouverneure de Rhode Island hérite d'un des dossiers les plus compliqués, héritage direct des années Trump où les États-Unis se sont embarqués dans une guerre commerciale avec la Chine mais aussi dans des tensions avec l'Union européenne, au regard de droits de douanes imposées sur les importations du Vieux continent. Gina Raimondo, 49 ans, d'origine italienne, a conduit à Rhode Island une réforme des retraites qui lui a valu de fortes critiques de la part des syndicats et de l'aile progressiste du Parti démocrate. Proche de Michael Bloomberg, éphémère candidat très centriste aux primaires démocrates, Raimondo prend en charge un dossier qui incarne les fractures du Parti démocrate. D'un côté, le cercle présidentiel plaide pour maintenir la suprématie économique du pays à travers le monde, tandis que les membres de l'aile gauche voient cette posture comme une des causes de l'affaiblissement industriel des Etats-Unis.

Avril Haines au renseignement national

C'est une ancienne directrice adjointe de la CIA que Joe Biden a choisi pour diriger le renseignement national. Elle est devenue la première membre de l'administration Biden à être officiellement confirmée par le Congrès, et ça, dès le lendemain de l'investiture du 46e président des États-Unis. Avril Haines, ancienne conseillère adjointe à la sécurité nationale de 2015 à 2017, doit coordonner les différentes agences fédérales actives dans ce domaine, jusqu'ici uniquement occupé par des hommes. 

Janet Yellen, une ancienne de la Fed à la Trésorerie

Le 30 novembre dernier, Joe Biden avait annoncé la nomination à la tête du Trésor de Janet Yellen, ex-présidente de la Banque centrale, et celles des membres-clés de sa future équipe économique, dont la priorité sera d'apporter "un soutien économique immédiat" au pays affecté par la pandémie de Covid-19.

"Alors que nous commencerons à travailler pour mettre le virus sous contrôle, voici l'équipe qui apportera un soutien économique immédiat aux Américains pendant cette crise économique et nous aidera à reconstruire notre économie encore plus forte que jamais", a écrit Joe Biden dans un communiqué.

Confirmée par le Sénat le 25 janvier, Janet Yellen devient la première femme à diriger le Trésor après avoir été la première femme à avoir dirigé la Réserve fédérale (Fed).

Merrick Garland, ancien candidat à la Cour Suprême, au ministère de la Justice

Il avait été proposé en 2016 par Barack Obama pour intégrer la prestigieuse et puissante Cour Suprême des États-Unis, mais le Sénat républicain s'était opposé à sa nomination. Merrick Garland a été choisi par Joe Biden pour succéder à William Barr au poste de ministre de la Justice. Un poste clé où de nombreuses réformes sont attendues après les épisodes de violences et de racisme survenus lors du mandat Trump, dont la mort de George Floyd, un Afro-Américain mort asphyxié par un policier blanc.

William Burns, un ancien diplomate à la tête de la CIA

"Un diplomate exemplaire". C'est en ces termes élogieux que Joe Biden a choisi d'annoncer la nomination de William Burns à la tête de l'agence américaine CIA, en charge des services de renseignement et d'espionnage extérieurs. William Burns a notamment officié en tant qu'ambassadeur des États-Unis en Russie de 2005 à 2008. Un diplomate à la tête de la CIA fera figure de première aux États-Unis si sa nomination est confirmée par le Sénat.

Le président élu entend ne pas perdre de temps dans la constitution de son administration qu'il souhaite opérationnelle dès le début de son mandat pour s'attaquer au coronavirus et "guérir le pays".


Hugues Garnier avec AFP

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