Une statue du président Lincoln et d’un esclave noir retirée d’un parc de Boston

Publié le 30 décembre 2020 à 18h08
Cette statue du président Lincoln et d'un esclave noir avait été érigée en 1879
Cette statue du président Lincoln et d'un esclave noir avait été érigée en 1879 - Source : AFP

HISTORIQUE – Sur décision de la mairie de Boston, une statue d'Abraham Lincoln a été retirée d’un parc de la ville mardi. Le 16e président des États-Unis y figurait debout au-dessus d’un esclave noir.

C’est un symbole fort, dans une Amérique marquée par la mort de George Floyd. Alors que plusieurs statues associées à l’histoire de l’esclavage ont été déboulonnées sauvagement ces derniers mois outre-Atlantique, c’est sur la décision de la mairie de Boston qu’un bronze représentant Abraham Lincoln, a été retiré ce mardi d’un square de la ville. Le 16e président des États-Unis s’y tient debout face à un esclave noir, dénudé et à genoux.

Un choix qui peut paraître surprenant puisque le 16e président des États-Unis est l’origine de l’abolition de l’esclavage, en plein guerre de Sécession. Pour motiver sa décision, la municipalité démocrate de Boston a estimé que la statue avait un rôle "dans la perpétuation de préjudices blessants" envers les Afro-Américains et qu'elle contribuait à sous-estimer leur rôle "dans la lutte pour la liberté de la nation"

Le retrait de cette statue trouve sans doute aussi son origine dans les conditions de son installation, en 1879. Réplique d'une statue érigée trois ans plus tôt à Washington, elle avait été financée par un groupe composé majoritairement d'anciens esclaves. Or ceux-ci n'avaient pas eu leur mot à dire sur le dessin de la statue qui avait pour but de commémorer la Proclamation d'émancipation de 1863 et d'honorer Abraham Lincoln.

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Ce n’est pas la première fois que les autorités américaines décident de faire disparaître un témoignage du passé douloureux de leur pays. En avril dernier, bien avant l’affaire Floyd, le gouverneur de Virginie avait mis en place une commission chargée de réfléchir au remplacement de la statue du général sudiste Robert E. Lee, installée dans le National Statuary Hall du Capitole de Washington depuis 111 ans.

"Un héritage de division, d’oppression et de racisme"

À l’époque, plusieurs représentants démocrates de l’État de Virginie avait estimé que la statue de ce défenseur de l’esclavage durant la guerre de Sécession était "un héritage de division, d’oppression et de racisme". Elle a finalement été déboulonnée le 21 décembre, en présence de nombreuses caméras. Pour la remplacer, la commission plaide pour une représentation de Barbara Johns, pionnière du mouvement des droits civiques.

Symbole de la lutte contre la ségrégation raciale, cette New-yorkaise originaire de Virginie était entrée dans l’Histoire en dénonçant, à l’âge de 16 ans, le traitement réservé aux Africains-Américains dans son lycée de Farmville, en 1951. La décision sera prise en janvier prochain.


Jérôme VERMELIN

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