Ex-agent de la DGSE passé à Al-Qaïda : quelles sont les pistes possibles ?

Publié le 6 octobre 2014 à 12h50
Ex-agent de la DGSE passé à Al-Qaïda : quelles sont les pistes possibles ?

SYRIE - Selon un groupe de presse américain, un ancien agent français des services secrets a combattu avec Al-Qaïda en Syrie avant d’être la cible des premières frappes occidentales. Une hypothèse crédible selon l’ancien cadre supérieur des services secrets Alain Chouet, qui avance également d'autres pistes.

Un espion français chez les djihadistes. Cette information digne des meilleurs polars a été révélée lundi matin par McClatchy, le site d’un grand groupe de presse américain : un ancien agent des services de renseignement français (DGSE) aurait en effet rejoint la nébuleuse Al-Qaïda, devenant une cible prioritaire pour les missiles du Pentagone sur le sol syrien en septembre. Une information qui embarrasse les autorités françaises.

Il faut dire que les détails avancés par McClatchy sont précis : l'homme, un "expert en explosifs", aurait notamment servi en Afghanistan et en Syrie dans les rangs d’Al-Qaïda. Il aurait ensuite rejoint le front Al-Nosra, cette branche syrienne d'Al-Qaïda qui lutte contre Bachar al-Assad et rivale de l'État islamique. Toujours selon le site américain, cet agent – à la tête d’un groupe de cinq hommes – aurait survécu à 47 frappes de missiles de croisière américains.

"Manipulation" ou "désertion" ?

Un "gros poisson" en somme, dont une source au sein du ministère de la Défense a reconnu l'existence auprès du Monde : "Ce Français existe mais ce n'est ni un ancien des services secrets ni même un ancien militaire. A notre connaissance, il se serait juste entraîné physiquement avec d'anciens membres de l'armée française". Auprès de l'AFP, un responsable du ministère a cependant assuré que "les informations parues (...) sont totalement et parfaitement erronées". Contactée par metronews, la direction de la DGSE s’est pour l’instant refusée à tout commentaire. "Nous ne commentons pas les rumeurs de presse", a de son côté déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal.

Des réactions qui ne surprennent guère Alain Chouet, ancien chef de poste de la DGSE à Damas puis cadre supérieur des services secrets. "Le problème de ce genre d’information, en imaginant qu’elle soit avérée, c’est que cela ne sert à rien de démentir. Les démentis ne sont jamais crus", nous explique ainsi ce spécialiste du Moyen-Orient et du djihadisme.

Selon Alain Chouet, l’explication serait en fait tout autre : "J’ai plutôt tendance à envisager une manipulation de propagande" de la part des djihadites en direction de l'Occident, avance-t-il. L’ancien patron de la DGSE n’exclut pas pour autant la piste d’une désertion. "Un certain nombre d’agents ont été affectés au soutien des rebelles syriens modérés. Il y en a toujours un qui peut avoir pété les plombs avant de passer à l’adversaire. Ce serait une première depuis la guerre d’Algérie."

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Thomas GUIEN

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