Face à l'emprise de Trump, des cadres républicains songent à créer un parti de "centre-droit"

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Publié le 11 février 2021 à 17h32, mis à jour le 12 février 2021 à 14h35
Face à l'emprise de Trump, des cadres républicains songent à créer un parti de "centre-droit"
Source : Hannah Foslien / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

POLITIQUE - Le mandat de Donald Trump achevé dans l'anarchie, certains membres du parti républicain envisageraient de créer une nouvelle force politique. Plusieurs dizaines d'entre eux ont évoqué cette éventualité il y a quelques jours.

Loin de la Maison Blanche, Donald Trump continue de peser de tout son poids sur le parti républicain. Fort des dizaines de millions d'électeurs et de ses quatre ans à Washington, il est encore perçu comme un faiseur de rois incontournable, en dépit d'éloignements idéologiques concrets avec la base républicaine. Au point que certains de ses membres envisageraient de faire sécession. La mise sur pied d'un nouveau parti politique.

Des dizaines de caciques du parti se sont même réunis sur Zoom vendredi 5 février, selon l'agence Reuters. Parmi eux : des anciens responsables d'administrations qui ont connu le pouvoir sous Reagan, Bush père et fils, mais aussi Trump. Ou encore des élus, d'anciens ambassadeurs ou des dirigeants du parti. Selon quatre participants à la réunion, 120 personnes ont répondu à l'appel. L'un d'entre eux est même sorti du bois : Evan McMullin, qui avait travaillé auprès de l'organisme de stratégie des élus républicains à la Chambre des représentants. Après plusieurs années à la CIA, il s'était présenté à l'élection présidentielle de 2016 avec un statut indépendant.

Des candidats investis aux prochaines élections ?

D'autres pointures de la politique américaine ont eux aussi répondu présents : John Mitnick, avocat général du Département de la sécurité intérieure sous Trump, mais aussi Charlie Dent, ancien membre du Congrès républicain, ou Elizabeth Neumann, chef de cabinet adjoint du département de la sécurité intérieure sous Trump.

Leur point commun ? La défense d'un conservatisme et un attachement à la Constitution qui, selon eux, ont été piétinés par Donald Trump, pendant son mandat mais aussi dans son refus de faciliter la transition vers l'administration Biden. "Une grande partie du Parti républicain se radicalise et menace la démocratie américaine", a déclaré Evan McMullin à Reuters. "Nous devons arrêter d'être le parti qui défende, même d'un iota, une insurrection, la mort d'un policier et d'autres Américains au Capitole", a estimé sur NBC Adam Kinzinger, l'un des dix républicains à la Chambre des représentants à avoir voté la mise en accusation du milliardaire. Plus largement, ces élus modérés ne voient pas d'un bon oeil la part de "trumpisme" que le républicain a imprégné au sein du "Grand Old Party" durant quatre ans, entre nationalisme chrétien et toute puissance de l'État industriel. Mais aussi ses hésitations sur la scène internationale, où ses relations avec la Chine et le monde arabe ont dérouté les caciques du parti.

Quel avenir pour ces frondeurs ? Certains souhaiteraient investir des candidats aux futures élections qui se profilent aux États-Unis, et pourquoi pas soutenir ceux qu'ils considèrent comme de centre-droit, qu'ils soient étiquetés républicains, démocrates ou indépendants. Selon Evan McMullin, environ 40% des participants à la réunion se sont prononcés en faveur de la création d'un nouveau parti. Autre hypothèse : la création d'une "faction" qui opérerait soit à l'intérieur du Parti républicain actuel, soit à l'extérieur de celui-ci.

Simple volonté de vider son sac ou profonde envie de nouveauté, cette réunion illustre la zizanie qui règne actuellement au sein du parti républicain. Dans le "Grand Old Party", certains croient dur comme fer à un retour de Trump en 2024, mais d'autres veulent tourner définitivement la page. Autre catégorie : ceux, nombreux mais plutôt discrets, qui aimeraient passer à autre chose mais ne le disent pas trop fort à ce stade, de crainte de froisser leur base (ce qui explique en partie pourquoi les démocrates manqueront sans doute de voix pour condamner l'ancien président). Car celle-ci porte encore largement Donald Trump dans son cœur, lui qui a obtenu 74 millions de voix en novembre dernier. 

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