Fin du journal Apple Daily : les Hongkongais s'arrachent la dernière édition

TG
Publié le 24 juin 2021 à 8h09

Source : TF1 Info

PRESSE - L'Apple Daily, un quotidien de Hong Kong critique du pouvoir chinois, a cessé de paraître. En cause : une loi sur la sécurité nationale promulguée par Pékin il y a un an.

L'Apple Daily contrant au silence après 26 ans d'existence. Ce quotidien pro-démocratie a cessé de paraitre ce jeudi à Hong Kong, victime de la loi sur la sécurité nationale, dictée par Pékin et entrée en vigueur il y a déjà un an. Cette entrave à la liberté de la presse a ému des centaines d'habitants, qui sont venus saluer les employés pour leur dernier bouclage.

Pour sa dernière Une, l'Apple Daily a d'ailleurs choisi d'afficher une large photo d'un journaliste qui, depuis la salle de rédaction, salue les centaines de personnes rassemblés mercredi devant le siège du quotidien pour lui dire ses adieux. "L'Apple Daily est mort", a écrit le rédacteur en chef adjoint Chan Pui-man, arrêté la semaine dernière pour atteinte à la sécurité nationale, dans une lettre d'adieu adressée aux lecteurs. "La liberté de la presse est devenue la victime de la tyrannie".

"Apple Daily, nous nous retrouverons"

Dans le quartier populaire de Mongkok, aux premières heures du jour, des centaines de personnes ont attendu, certains en chantant "Apple Daily, nous nous retrouverons", d'avoir la dernière édition entre les mains.

Le tabloïd était depuis longtemps dans le collimateur de Pékin pour son soutien au mouvement pro-démocratie et ses critiques récurrentes des dirigeants chinois. Ces derniers n'ont donc pas hésité à mettre à profit la loi sur la sécurité nationale pour le contraindre à disparaître. Et ce, en deux temps : le propriétaire, le magnat de la presse Jimmy Lai, est en détention pour son implication dans des manifestations en 2019 en faveur de la démocratie. Il est également inculpé en vertu de la loi sur la sécurité nationale, passible de la prison à vie. 

Pari gagné pour Pékin

Puis, la semaine dernière, un coup fatal a été porté au journal. La salle de rédaction a été perquisitionnée, cinq de ses dirigeants arrêtés et les avoirs du journal gelés. Dans l'impossibilité de payer ses salariés et ses fournisseurs, le groupe de presse n'a pas eu d'autre choix que de jeter l'éponge et d'annoncer que l'édition de jeudi, tirée à un million d'exemplaires pour 7,5 millions d'habitants, serait la dernière. Dans la nuit de jeudi à vendredi, il a supprimé son site internet et ses comptes Twitter et Facebook. Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles 700 journalistes, sont désormais sans emploi.

En contraignant le titre à fermer, la Chine a gagné son pari. Elle avait imposé l'an passé la loi sur la sécurité nationale pour reprendre en main du territoire après le vaste mouvement pro-démocratie de 2019. Une série d'articles et d'éditoriaux qui, selon la police, appelaient à des sanctions internationales contre la Chine et Hong Kong, sont à l'origine des poursuites engagées contre l'Apple Daily.  

L'Apple Daily réduit au silence, quel avenir pour la liberté d'expression dans l'ancienne colonie britannique ? Depuis des décennies, de nombreux médias internationaux ont fait de Hong Kong leur siège régional, attirés par une réglementation favorable et une liberté d'expression garantie par sa mini-constitution. Mais depuis quelques mois, beaucoup s'interrogent sur leur avenir à long terme dans la ville. La ville ne cesse de glisser vers le bas du classement annuel de l'ONG Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse, passant de la 18e place en 2002 à la 80e cette année. 


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