"Il est cupide. À la fin, ce n'est qu'une question d'argent" : le "côté obscur" de Carlos Ghosn peu à peu dévoilé

Publié le 21 novembre 2018 à 6h45, mis à jour le 7 février 2019 à 15h50
"Il est cupide. À la fin, ce n'est qu'une question d'argent" : le "côté obscur" de Carlos Ghosn peu à peu dévoilé

BUSINESS - Arrêté lundi au Japon, Carlos Ghosn est toujours entendu pour des soupçons de malversation. En quelques heures, le patron-star a tout perdu, notamment sa réputation. Alors que la justice japonaise a requis son maintien en détention, les langues se délient à son sujet, laissant entrevoir son "côté obscur".

À 64 ans, Carlos Ghosn était considéré comme l'un des plus puissants capitaines d'industrie au monde. Mais depuis son arrestation au Japon, lundi 19 novembre, et alors qu'un tribunal de Tokyo a requis mercredi son maintien en détention pendant 10 jours, les révélations sur son "côté obscur" se multiplient. "C'est un problème que tant d'autorité ait été accordée à une seule personne", a lâché Hiroto Saikawa, président exécutif de Nissan dont il fut le mentor, tout en mentionnant le "côté obscur de l'ère Ghosn". 

"Il est cupide. À la fin, ce n'est qu'une question d'argent", lançait aussi un responsable de Nissan dans le quotidien Yomiuri. "Il demandait à ses subordonnés de remplir des objectifs difficiles, mais lui-même continuait à percevoir un salaire élevé même quand les activités de Nissan n'allaient pas si bien", ajoute le journal.   

Le parquet japonais reproche au Franco-libano-brésilien d'avoir "conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015", en ne déclarant que 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros au cours actuel) contre près de 10 milliards de yens sur la période. 

Dans une conférence de presse donnée lundi, Hiroto Saikawa a également mentionné "de nombreuses autres malversations, telles que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles". En outre, selon la chaîne de télévision publique japonaise NHK, des milliards de yens provenant des fonds de Nissan ont servi à acheter et rénover les résidences de Carlos Ghosn à Rio, Beyrouth, Paris et Amsterdam. Ces propriétés n'avaient rien à voir avec les activités de Nissan et ne figuraient pas parmi les avantages de Carlos Ghosn.

Ghosn est-il résident fiscal français ?

Carlos Ghosn aurait-il pu également sous-évaluer ses revenus au fisc français ? Impossible de le savoir pour le moment. Bercy n'a pas le droit de dire si le dirigeant est résident fiscal français. Et il pourrait très bien ne pas l'être puisqu'il possède trois passeports : un français, un brésilien, un libanais. Il pourrait donc être résident fiscal de chacun de ces pays. Toutefois, il doit quoi qu'il arrive déclarer aux impôts ses revenus perçus sur le territoire français.  

Depuis toujours, la rémunération de ce patron qui touchait 15 millions d'euros par an, un montant particulièrement élevé pour un industriel européen ou japonais, a donné lieu à des polémiques. En 2010, lorsqu'est connu son salaire de PDG de NIssan (7,56 millions d'euros), le Premier ministre japonais avait fait ce commentaire : "Pourquoi son salaire est-il si élevé ? Parce qu'il est très fort pour licencier des gens." En France aussi, son salaire a fait débat. En 2016, l'assemblée générale de Renault avait rejetté sa rémunération de 7,25 millions d'euros pour l'année 2015 à 54%. Son train de vie a également pu susciter des commentaires, à l'image de sa réception de mariage en grande pompe au château de Versailles en 2016.

Un dirigeant paranoïaque

Ce mardi, Le Parisien cite également un proche de Carlos Ghosn parlant de sa "méfiance maladive qui confine parfois à la paranoïa". En 2011, ce dernier avait accusé plusieurs de ses cadres d'avoir transféré à la Chine des informations cruciales sur la voiture électrique de Renault. Les trois cadres avaient été licenciés avant d'être mis hors de cause. 

Dans l'embarras, le PDG de l'entreprise avait alors dû se confondre en excuses dans les médias, et avait même promis de renoncer à la part variable de sa rémunération pour 2010 et à tout bénéfice de stock-options pour 2011. 


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info