Il remporte l'élection présidentielle en Algérie en dépit d'une abstention massive : qui est Abdelmadjid Tebboune ?

Publié le 13 décembre 2019 à 12h18, mis à jour le 13 décembre 2019 à 13h48

Source : TF1 Info

PORTRAIT - Abdelmadjid Tebboune a été élu président ce vendredi avec 58,15% des voix, à l'issue d'un premier tour très mouvementé, marqué par une abstention record.

Seuls 39,93% des inscrits ont voté. Dans un climat de crise politique, les Algériens attendaient ce vendredi matin les résultats du premier tour de l'élection présidentielle de la veille. Selon l'autorité nationale des élections (Anie), c'est Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre puis chef de gouvernement du président Abdelaziz Bouteflika âgé de 74 ans, qui a remporté l'élection présidentielle avec 58,15% des voix et qui succède à ce dernier. 

Tard dans la soirée de jeudi, la direction de campagne de l'ancien Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika  avait annoncé avec euphorie la victoire "écrasante" et "sans équivoque" de leur prétendant dès ce premier tour de l'élection présidentielle. Un rendez-vous électoral marqué par une abstention record et une défiance de la population à l'égard des candidats censés représenter le peuple. 

Le "Hirak", reflet le plus vigoureux de ce mécontentement ayant poussé en avril le président Abdelaziz Bouteflika vers la sortie, exige au gré de nombreuses manifestations, le démantèlement total du système politique en place depuis l'indépendance en 1962 et envisage ce scrutin comme une manœuvre devant lui permettre de se régénérer. 

Il a tenté de s'attaquer à la corruption

Haut fonctionnaire de carrière, diplômé de l’Ecole nationale d’administration en 1969 et plusieurs fois wali (préfet), Abdelmadjid Tebboune a longtemps travaillé avec Abdelaziz Bouteflika. Il est devenu pour la première fois, brièvement, ministre délégué en 1991, sous la présidence de Chadli Bendjedid et c'est aux prémisses de sa présidence que Bouteflika le rappelle au gouvernement en 1999 où il reste jusqu'en 2002. 

Abdelmadjid Tebboune redevient ministre en 2012, jusqu'en 2017 lorsqu'il prend la tête du gouvernement dans un contexte déjà marqué par la baisse drastique des recettes pétrolières et une montée en puissance des oligarques fédérés au sein du Forum des chefs d’entreprises (FCE, principale organisation patronale). Au bout de trois mois seulement, il est limogé par Saïd Bouteflika, le frère du président, après s'être attaqué aux oligarques gravitant dans l'entourage du chef de l'Etat, dont la plupart sont aujourd'hui emprisonnés dans des dossiers de corruption présumée à l'instar de l’homme d’affaires Ali Haddad. Premier ministre du 25 mai 2017 au 15 août 2017, soit deux mois et vingt-et-un jours, il reste ainsi le chef de gouvernement à la longévité la plus courte à la tête de l'Algérie. 

Il veut faire oublier son passé au service de Bouteflika

Ce fait d'armes qu'il met en avant pour faire oublier son passé au service de Bouteflika ne masque pas le fait qu'en dépit de ce limogeage, il a assuré l'ancien chef de l'état de son soutien pour briguer un cinquième mandat. De même, ses liens solides avec le puissant homme d’affaires Omar Alilat entachent son image de pourfendeur, ce dernier ayant été rattrapé par la justice au beau milieu de la campagne électorale dans des affaires de corruption. 

Comme nous le confiait Azouz Begag en interview, les Algériens ne veulent pas à la tête du pays "un proche du gouvernement Bouteflika, de près comme de loin". Ce qu'étaient les cinq candidats à la présidentielle (Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et donc Tebboune). 

En dépit du rejet massif de cette élection, Abdelmadjid Tebboune était jusqu'alors vu comme un favori du scrutin, jusqu'à une récente campagne contre lui par des médias proches du pouvoir. Membre du Comité central du Front de libération nationale (FLN), il s'est présenté sans l'étiquette de l'ex-parti unique et formation - très impopulaire - de Abdelaziz Bouteflika. Il se définit désormais comme "indépendant" bien que réputé très proche du général Ahmed Gaïd Salah, le nouvel homme fort du pays.


Romain LE VERN

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