Un "hard Brexit" semble bel et bien se dessiner. Alors qu’elle a reçu lundi le soutien enthousiaste de Donald Trump, qui s’est (encore) attiré au passage les foudres et réprobations de certains responsables politiques européens, la Première ministre britannique Theresa May a dévoilé ce mardi sa feuille de route pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Une feuille de route qui pourrait toutefois être amenée à évoluer prochainement si d’aventure la Cour suprême décidait que le Parlement britannique a lui aussi son mot à dire – le jugement est attendu avant fin janvier.
Accusée d’être restée vague jusque-là, si ce n’est quant au déclenchement de la procédure de divorce avant la fin du mois de mars via l’activation du désormais célèbre article 50 du Traité de Lisbonne, la cheffe du gouvernement a cette fois voulu jouer carte sur table. À travers de douze objectifs, allant de l’immigration à l’appartenance au marché commun, Theresa May a exposé durant une quarantaine de minutes ce que serait à ses yeux un Brexit idéal.
C’est la priorité de ses priorités. Le Royaume-Uni veut avoir le contrôle total sur son immigration et, à l’instar des pro-Brexit durant la campagne, Theresa May a fait de cette question l'un des thèmes centraux de sa stratégie en matière de Brexit. Une façon pour le pays, selon la Première ministre, de retrouver sa souveraineté. Le gouvernement espère ainsi couper l’herbe sous le pied des nationalistes, de l'Ukip notamment, dont les idées trouvent de plus ne plus d'écho dans la société britannique.
Si elle s’est montrée ferme sur le contrôle des frontières, Theresa May a en revanche dit vouloir garantir au plus vite le statut des expatriés européens travaillant au Royaume-Uni comme des Britanniques sur le continent. Sans être pour autant très explicite sur ce que seraient ces garanties, la Première ministre a aussi déclaré souhaiter que son pays soit un "aimant pour les talents internationaux".
Theresa May voulait conserver un accès au marché commun européen, elle a dû mettre de l’eau dans son vin. Son jusqu’au-boutisme sur les questions migratoires ayant braqué la plupart des dirigeants du continent, qui refusent une Union européenne "à la carte", la cheffe du gouvernement conservateur s’est résolue à annoncer la sortie prochaine de son pays de l’union douanière.
"Je ne veux pas que le Royaume-Uni soit membre de la politique commerciale commune (de l'UE) et je ne veux pas que nous soyons liés aux tarifs extérieurs communs, ce sont des éléments de l'union douanière qui nous empêcheraient de conclure nos propres accords commerciaux avec d'autres pays", a expliqué Theresa May tout en soulignant vouloir signer un nouvel "accord douanier avec l'UE".
Dans une volonté, déjà, d’aller au-delà de la seule Europe, la Première ministre a d’ailleurs insisté sur la construction d'un Royaume-Uni "ouvert sur le monde", qui signe ses propres accords commerciaux avec des pays du Commonwealth, les géants asiatiques et les Etats-Unis. Elle a aussi dit son intention de renforcer l'union entre les quatre nations constitutives du Royaume-Uni – Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Irlande du Nord – et de maintenir un marché commun avec l’Irlande.
Dans une volonté d’apaiser une société britannique profondément divisée depuis le référendum du 23 juin, Theresa May a également annoncé que l'accord final entre Londres et l'UE serait soumis au vote des deux chambres du Parlement. La Première ministre britannique s’est aussi prononcée en faveur d’un Brexit "par étapes" afin d'éviter "un changement trop brutal déstabilisant".
Résolument offensive, Theresa May a cependant mis en garde ses partenaires européens contre la volonté de punir son pays pour son choix du 23 juin dernier. Un accord qui serait "punitif" serait "un acte calamiteux qui lui nuirait à elle-même (l’UE, ndlr)", a-t-elle expliqué. Un "hard Brexit" semble bel et bien se dessiner.
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Alexandre DECROIX
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