Alors que la Turquie "ne retiendra plus" les migrants, l'UE tape du poing sur la table

Publié le 28 février 2020 à 16h02, mis à jour le 2 mars 2020 à 10h13
Des soldats grecs à la frontière avec la Turquie, le 28 février 2020
Des soldats grecs à la frontière avec la Turquie, le 28 février 2020 - Source : Sakis MITROLIDIS / AFP

IMMIGRATION - Pour obtenir l'appui de la communauté internationale à la frontière syrienne, la Turquie brandit, encore une fois, la menace d'un nouvel afflux de migrants vers l'Europe. La Grèce, principale concernée par ce flux, a d'ores et déjà réagi en fermant totalement ses frontières.

C'est l'une des menaces qui pèse sur le continent. Alors que depuis 2016, l'Union européenne a un accord avec la Turquie sur la gestion du flux migratoire venu du Moyen-Orient, cette dernière menace ce vendredi 28 février de laisser passer les populations voulant se rendre en Europe. Un levier de pression qu'Ankara utilise afin de réclamer le soutien de la communauté internationale après la mort d'au moins 33 de ses soldats dans des frappes du régime de Damas, soutenu par Moscou. 

C'est un ultimatum que brandit régulièrement Ankara. Réclamant davantage d'aide européenne pour faire face à la catastrophe humanitaire à Idleb, où près d'un million de personnes ont fui les bombardements pour se réfugier pour la plupart près de la frontière turque, elle avait auparavant annoncé le renvoi de djihadistes étrangers dans leurs pays. L'Union européenne ne veut cependant pas craquer sous la pression. La Commission répond en appelant simplement Ankara à un "respect de ses engagements". Car les deux partis ont signé un accord "qui tient toujours", comme l'a souligné le porte-parole, Peter Stano, lors d'un point de presse quotidien. Signé dans le cadre du pacte migratoire conclu en 2016, il prévoit notamment une aide aide financière pour la Turquie. Elle n'est pas des moindres. En tout, l'UE a versé six milliards d'euros contre le renvoi systématique des migrants de l'autre côté de la mer Méditerranée.

Mauvaise nouvelle pour la Grèce

Mais en Grèce, on ne se satisfait pas de ce rappel à l'ordre. Car si la Commission assure qu'elle "évalue la situation en ce qui concerne les mouvements de réfugiés", la Grèce, elle, est aux premières loges. Le pays, qui a d'ores et déjà noté une hausse des arrivées ces derniers mois, est d'ailleurs secoué depuis plusieurs semaines par la colère des insulaires. Des affrontements avec la police ont notamment fait des dizaines de blessés sur ces îles où 38.000 demandeurs d'asile s'entassent dans des camps prévus pour six fois moins de personnes. A Lesbos, par exemple, la police a violemment riposté après avoir été visé par des jets de pierres. "Vous allez mourir ici", avait lancé un manifestant aux forces de l'ordre. 

Avec une situation déjà explosive sur son territoire, la Grèce a donc décidé d'agir rapidement. Le gouvernement a annoncé avoir renforcé "au maximum" ses patrouilles aux frontières "terrestres et maritimes". Selon une source policière grecque citée par  l'AFP, le nombre de patrouilles a en effet été doublé et un appel à la mobilisation générale a été passé en interne. "Nous surveillons la situation et adaptons nos forces" en fonction, a expliqué une autre source policière.

En France, l'extrême droite s'offusque

Côté français, l'extrême droite s'est - sans surprise - aussitôt insurgée. Marine Le Pen a ainsi estimé qu'il y avait "urgence à réagir" après la menace turque. "Quelles décisions Emmanuel Macron compte prendre pour éviter à la France les conséquences catastrophiques de la trahison d'Erdogan ?", se demande-t-elle. "L'ouverture des frontières aux migrants va créer un afflux aussi ingérable que dangereux. Il y a URGENCE à réagir !", a écrit la présidente du Rassemblement national. Un tweet auquel le RN a ajouté un communiqué, dans lequel le parti accuse la Commission européenne d'avoir "failli" en "confiant dans la précipitation et une naïveté consternante le contrôle des frontières extérieures à un pays qui n'en est pas membre et dont l'hostilité du pouvoir à l'égard de l'Europe est manifeste". 

Décrivant un chantage "insupportable", Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a quant à lui requis "l'arrêt immédiat des subventions versées à la Turquie" et "le recouvrement de notre souveraineté territoriale". 


Felicia SIDERIS

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