Espagne : arrivée record de 8000 migrants en une journée à Ceuta, 4000 renvoyés au Maroc

M.L. avec A.F.P.
Publié le 18 mai 2021 à 6h59, mis à jour le 18 mai 2021 à 18h48

Source : TF1 Info

FRONTIÈRES - Des milliers de personnes, dont de nombreux mineurs, ont rejoint l'enclave espagnole à la nage ou à pied depuis le Maroc voisin ce lundi, dans des proportions inédites selon les autorités espagnoles.

Les arrivées ont commencé aux premières lumières du jour et se sont poursuivies jusque tard dans la nuit de lundi à mardi à Ceuta. Il ne s’agissait d’abord que de quelques centaines de personnes, en provenance des plages marocaines situées à quelques kilomètres au sud de l’enclave espagnole, au nord-ouest du Magreb. Au fil des heures, le chiffre n’aura cessé de grimper pour atteindre 8000 personnes selon le ministre de l'Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, un nombre "record" d'après un porte-parole de la préfecture. 

Lors d'une conférence de presse faisant suite à un conseil des ministres dominé par cette crise entre l'Espagne et le Maroc, le ministre a annoncé le retour vers le Maroc de 4000 personnes qui étaient entrées ces dernières heures dans l'enclave. La situation avait conduit le Premier ministre espagnol, qui s'est rendu sur place, à annuler un voyage à Paris mardi.

Par ailleurs, 86 migrants sont parvenus à franchir mardi la haute barrière protégeant l'enclave espagnole de Melilla depuis le Maroc voisin, a indiqué la préfecture. Au total, "plus de 300" personnes originaires d'"Afrique subsaharienne" ont tenté de franchir la barrière "vers 4h45". Parmi elles, "85 hommes et une femme ont réussi à entrer", a-t-elle précisé dans un communiqué.

À la nage ou à pied

À Ceuta, les migrants comprenaient de nombreux mineurs – environ un millier – et des femmes. Certains sont parvenus à rejoindre le territoire par la mer, s’aidant parfois de bouées gonflables ou de canots pneumatiques. D’autres ont pu effectuer le trajet à pied par marée basse. Un homme est décédé par noyade dans le trajet.

Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du nord pour les droits de l'Homme basé à Fnideq, à quelques kilomètres de Ceuta, confirme que cet afflux concerne essentiellement "des mineurs, mais également des familles, tous marocains". Les autorités locales ont précisé que ces personnes devaient être hébergées dans des hangars situés sur la plage d'El Tarajal, mais une évaluation de la situation était toujours en cours.

Dans la soirée, le ministère de l’Intérieur espagnol a annoncé un renfort de 200 agents supplémentaires dans les effectifs locaux de la garde civile et de la police nationale. "Les autorités espagnoles et marocaines ont conclu récemment un accord concernant le retour vers leur pays des citoyens marocains qui arrivent à la nage", précise le communiqué, qui soutient que "les contacts avec les autorités marocaines ont été maintenus" de façon "permanente".

Tensions avec le Maroc

Les relations entre Madrid et Rabat se sont effectivement tendues fin avril avec l’accueil sur le territoire ibérique du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, à des fins de soins. Le Maroc avait alors convoqué l’ambassadeur espagnol pour exprimer son "exaspération".

Le statut du Sahara occidental, ancienne colonie hispanique actuellement considérée par les Nations unies comme un "territoire non autonome", oppose depuis plus de 45 ans le royaume au Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Ce dernier réclame la tenue d’un référendum d’autodétermination, tandis que le Maroc propose une autonomie placée sous sa souveraineté.

Lundi soir, les autorités marocaines n’avaient pas délivré de réaction. Entre le début de l'année et le 15 mai, le ministère de l’Intérieur espagnol a dénombré 475 migrants déjà entrés dans le territoire de Ceuta, soit plus du double de l’an dernier pour la même période.  Cette enclave et celle de Melilla constituent les seules frontières terrestres de l'Union Européenne avec l'Afrique. 


M.L. avec A.F.P.

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