Immigration : qu'est-ce que le programme des "Dreamers", que Trump a décidé de supprimer

Publié le 5 septembre 2017 à 20h35, mis à jour le 5 septembre 2017 à 21h29
Immigration : qu'est-ce que le programme des "Dreamers", que Trump a décidé de supprimer
Source : SAUL LOEB / AFP

REVE AMERICAIN – Donald Trump a annoncé ce mardi sa volonté de mettre fin au programme Daca, qui protège les jeunes immigrés clandestins, les "Dreamers", d’une expulsion des Etats-Unis. De quoi s’agit-il ? Qui est concerné ? Éléments de réponse.

Bientôt la fin du rêve américain pour les "Dreamers" ? Sur décision de Donald Trump, ces jeunes immigrés clandestins vont en effet voir prochainement la supression du programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals), qui assure leur présence aux Etats-Unis en les protégeant d’une expulsion du territoire. Selon les services d'immigration et de la citoyenneté (USCIS), quelque 800.000 sans-papiers sont actuellement concernés.  "Nous devons nous rappeler que les jeunes Américains ont aussi des rêves", a indiqué le président américain ce mardi. "Notre plus grande priorité en réformant le système d'immigration 

doit être d'améliorer les emplois, les salaires et la sécurité des travailleurs américains et de leurs familles", a-t-il ajouté.

Un scénario qui devrait provoquer une levée de bouclier dans le camp démocrate -Barack Obama a d'ailleurs aussitôt parler de "décision cruelle"-, mais aussi chez certains républicains, comme le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, dubitatifs quant au bien-fondé d’un tel retour en arrière. Ils ne sont pas les seuls. Craignant une perte de 460,3 milliards de dollars pour le PIB américain, plusieurs dizaines de dirigeants de grandes entreprises – Amazon, Apple, Facebook, eBay, GM ou Microsoft – avaient ainsi en garde Donald Trump contre la remise en cause du statut Daca. 

Quoi qu'il en soit, le sort des quelque 800.000 personnes -qui bénéficient actuellement de ce statut, est désormais suspendu à un énorme point d'interrogation. La Maison Blanche a en effet donné au Congrès un délais de six mois pour légiférer, mais un compromis sur l'immigration, sujet qui divise Washington depuis des années, est loin d'être acquis.

Ces villes qui résistent à la politique anti-immigration de TrumpSource : JT 20h WE

5 questions pour tout comprendre aux "Dreamers"

Qu’est-ce que le Daca ?

Mis en place par un décret de Barack Obama en 2012, le Daca ambitionnait de faire sortir de l'ombre les clandestins arrivés sur le sol américain avant l'âge de 16 ans – les fameux "Dreamers". Le programme permet de régulariser de facto, bien que temporairement, des enfants et jeunes adultes en situation irrégulière, sous certaines conditions.

Qui en bénéficie ?

Pour en bénéficier, outre être arrivés avant l'âge de 16 ans aux Etats-Unis, les requérants doivent avoir été présents continuellement depuis 2007 sur le territoire et être titulaires d’un casier judiciaire vierge de toute condamnation grave. Ils doivent également être inscrits à l'école, posséder un diplôme équivalent au bac ou avoir été engagés dans l'armée. Par souci de rétroactivité, les personnes âgées de moins de 31 ans au 15 juin 2012 peuvent également se porter candidates. 

Quelles en sont les garanties ?

Les "Dreamers" reçoivent l'équivalent d'un permis de séjour d'une validité de deux ans, renouvelable, qui leur permet de travailler légalement. Explicites et sans équivoques, les autorités fédérales assuraient que ces bénéficiaires n'étaient pas expulsables pendant la durée de leur titre. À noter que le statut Daca ne donne droit à aucune régularisation future et ne garantit aucune naturalisation.

Qui s’y oppose ?

Si certains membres du Grand Old Party ne souhaitent pas la suppression du Daca, beaucoup y sont largement favorables. Dix Etats contrôlés par les républicains avaient ainsi donné à l'administration à Donald Trump jusqu'à ce mardi 5 septembre pour y mettre fin, faute de quoi ils menaçaient de lancer une procédure contestant la légalité du programme devant la justice fédérale. 

Qu’en pense Trump ?

Durant la campagne, Donald Trump s'était engagé à supprimer le programme. Mais il avait envoyé des signaux contradictoires depuis son arrivée à Washington, insistant notamment sur sa volonté d'aborder ce dossier "avec cœur". Quitte, parfois, à verser dans l’émotionnel. "Pour moi, c'est l'un des sujets les plus difficiles qui soit", soulignait-il par exemple il y a quelques mois. Vendredi, dans le Bureau ovale, il déclarait encore : "Nous aimons les 'Dreamers', nous aimons tout le monde." La réponse de mardi a été claire.


Alexandre DECROIX

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