Invasion du capitole : les ratés des services de sécurité

par Allan DELAMOTTE
Publié le 7 janvier 2021 à 17h06

Source : JT 13h Semaine

FAILLE - Des centaines de partisans pro-Trump ont envahi le Capitole à Washington alors que le comptage des votes des grands électeurs au Congrès devait sceller la victoire de Joe Biden. Mais comment ont-ils pu pénétrer au sein d'un bâtiment aussi sécurisé ?

Ces scènes de chaos ont traumatisé l'Amérique. Mercredi, alors que le comptage des votes des grands électeurs devait se dérouler au Congrès afin de valider définitivement la victoire de Joe Biden, des milliers de manifestants pro-Trump ont pris d’assaut le Capitole, brisant des vitres, des portes et renversant des meubles et des objets. Mais comment un tel envahissement a-t-il été possible, et ce alors que Donald Trump lui-même avait invité ses partisans à marcher vers le Capitole ?

Lieu emblématique et symbole de la démocratie américaine, le Capitole a été envahi en à peine 15 minutes par les militants venus en masse sur la Capitol Hill mercredi. Trop peu nombreux, le personnel de sécurité présent autour de l'édifice a rapidement été contraint de reculer. Pourtant, comme l’affirment plusieurs médias américains, entre 1700 et 2000 officiers sont chargés de la sécurité du bâtiment.

Des incidents prévisibles ?

Selon des informations de Newsweek, des responsables du FBI, de la sécurité intérieure, du Pentagone ou encore de la Garde nationale étaient conscients du risque réel de débordements aux abords du Capitole mercredi. Ainsi, une demi-douzaine de sources anonymes de ces services a indiqué au journal le week-end dernier avoir prévu d’éventuelles émeutes, sans pour autant prendre les dispositions nécessaires pour les anticiper. Des sources ont même indiqué à Newsweek que la police du Capitole pourrait "ne pas agir" durant ces débordements. De plus, selon plusieurs sources, le ministère de la Défense n’aurait pas répondu immédiatement à la demande des autorités locales d’avoir recours à la Garde nationale, d’où son arrivée tardive sur les lieux. 

Pour Amy Porter, porte-parole du groupe "Democrats Abroad France" et interrogée sur LCI, cet envahissement si rapide pose question : "Il va falloir que la police revoie sérieusement sa copie, il n’est pas normal que ces milliers de gens aient pu investir le Capitole avec autant d’aisance. Y avait-il des complicités, on ne sait pas trop. (…) J’ai vu une seule image où les barricades érigées avaient été plus ou moins ouvertes par la police pour laisser passer les gens. Peut-être pensaient-ils qu’ils allaient juste venir sur les marches pour faire leur manifestation, peut-être n’imaginaient-ils pas qu’ils allaient casser des vitres, des portes et rentrer par la force."

Une "complaisance" de la part des policiers ?

Cette dernière s’est également étonnée du contraste avec les manifestations Black Lives Matter survenues en 2020 : "Quand on se remémore les images des protestations Black Lives Matter cet été et le dispositif policier qui avait été mis en place, qui était parfois surdimensionné, cette fois-ci c’est tout le contraire. Ils ont laissé passer les gens comme si de rien n’était. Il va falloir qu’il y ait des investigations pour comprendre comment cela a pu être possible."

Selon elle, le responsable est tout désigné, il s’agit du président Trump : "A Washington, ce n’est pas un Etat, il n’y a pas de gouverneur, c’est le Président lui-même qui a le contrôle de la Garde nationale. Pourquoi n’a-t-elle pas été appelée avant ? Elle est arrivée après. On a entendu que cette décision, de faire venir finalement la Garde nationale avec d’autres forces de police, avait été négociée par le vice-président Mike Pence avec le département de défense. Où était Trump ? Il ne gouverne plus, il est invisible !"

La police des Etats voisins appelée à la rescousse

Les jours précédant les incidents au Capitole, la maire de Washington Muriel Bowser avait demandé la mobilisation de près de 340 gardes nationaux pour anticiper un éventuel rassemblement aux abords du bâtiment. Cette dernière avait néanmoins fait le choix de les désarmer, ne voulant pas faire usage des armes ni faire appel à l’armée pour gérer cette situation. Lors d'un point-presse tenu après les événements, Muriel Bowser a indiqué dans un point-presse avoir demandé l'aide des polices de l'Etat de Virginie et du Maryland "pour reprendre le contrôle du Capitole", au plus fort des heurts.

Des équipes du SWAT - unités d'intervention spécialisées dans les opérations paramilitaires dans les grandes villes - sont même intervenues en renfort après les incidents en compagnie d'officiers de la garde nationale pour expulser le reste des partisans présents dans le Capitole. En tout, 52 personnes ont été interpellées. Une femme a été tuée par balles. Elle est décrite comme une "partisane déterminée de Donald Trump". Trois autres décès ont été signalés aux abords du Capitole mais leurs causes sont toujours inconnues.


Allan DELAMOTTE

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