Iran : qui est Ebrahim Raïssi, le nouveau président ultraconservateur élu dès le 1er tour ?

TG
Publié le 19 juin 2021 à 7h40, mis à jour le 19 juin 2021 à 8h41

Source : JT 20h WE

ÉLECTION - Sa victoire ne faisait aucun doute. Ebrahim Raïssi, un ultraconservateur proche de l'ayatollah Khamenei, a été élu ce samedi président dès le 1er tour à l'issue d'une campagne où ses principaux adversaires ont été disqualifiés.

"Un nouveau président a été élu au 1er tour". C'est ainsi que l'actuel président Hassan Rohani a annoncé - sans citer de nom - ce samedi l'élection d'Ebrahim Raïssi qui prendra sa succession à la fin du mois d'août prochain à la tête de la république islamique d'Iran.  "Je félicite le peuple pour son choix", a déclaré Hassan Rohani dans un discours télévisé."Mes félicitations officielles viendront plus tard, mais on sait qui a eu suffisamment de voix lors de cette élection et qui est élu  aujourd'hui par le peuple", a ajouté le chef du gouvernement. Une élection sans surprise : Ebrahim Raïssi, 60 ans a fait en campagne avec un costume de favori, ses principaux adversaires ayant été disqualifiés à son profit, lui qui est très proche de l'ayatollah Khamenei. Selon les premiers chiffres communiqué par les autorités en milieu de matinée, Raïssi a obtenu 62% des voix.

Né en novembre 1960 dans la ville sainte de Machhad (nord-est), Ebrahim Raïssi a rapidement gravi les échelons du régime iranien. Il est nommé procureur général de Karaj, à côté de Téhéran, à seulement 20 ans, dans la foulée de la victoire de la Révolution islamique de 1979. Il restera plus de trois décennies dans le système judiciaire : procureur général de Téhéran de 1989 à 1994, il sera également chef adjoint de l'Autorité judiciaire de 2004 à 2014, année de sa nomination au poste de procureur général du pays.

Le possible successeur du Guide suprême

En 2016, ce partisan assumé de l'ordre prend du galon. Le guide suprême Ali Khamenei le place en effet à la tête de la puissante fondation de charité Astan-é Qods Razavi, qui gère le mausolée de l'Imam-Réza à Machhad ainsi qu'un immense patrimoine industriel et immobilier. Trois ans plus tard, il le nomme chef de l'Autorité judiciaire.

Sans grand charisme et toujours coiffé d'un turban noir de "seyyed" (descendant de Mahomet), ce père de deux filles, marié à une professeure de sciences de l'éducation, cultive ses liens avec le Guide suprême. Derrière sa barbe poivre et sel et ses fines lunettes, il a en effet suivi les cours de religion et de jurisprudence islamique de l'ayatollah. Selon sa biographie officielle, il enseigne lui-même depuis 2018 dans un séminaire chiite de Machhad. Plusieurs médias iraniens voient en lui le possible successeur du Guide suprême, qui aura 82 ans en juillet. Il est d'ailleurs membre du bureau directeur de l'Assemblée des experts, à qui il revient de nommer le Guide.  

"Nous déracinerons la sédition"

Fort du soutien des deux principales coalitions de partis politiques conservateurs et ultras, il est le seul des cinq candidats ultraconservateurs à l'élection à pouvoir se prévaloir d'un large ralliement sur sa personne au sein d'une mouvance conservatrice très diverse, voire éclatée. Mais pour l'opposition en exil, le nom d'Ebrahim Raïssi reste associé aux exécutions massives de détenus marxistes ou de gauche en 1988, à l'époque où il était procureur adjoint du tribunal révolutionnaire de Téhéran. 

Interrogé en 2018 et en 2020 sur cette page noire de l'histoire récente, Ebrahim Raïssi a nié y avoir joué le moindre rôle, mais a rendu "hommage" à l'"ordre" donné selon lui par l'ayatollah Khomeini, fondateur de la République islamique, de procéder à cette épuration. Partisan de la manière forte face au Mouvement vert, contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle de 2009, il déclara à l'époque : "A qui nous parle de 'compassion islamique et de pardon', nous répondons : 'Nous allons continuer d'affronter les émeutiers jusqu'à la fin et nous déracinerons la sédition'."


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