Israël : le gouvernement donne son feu vert au projet de loi décrié visant à mettre en sourdine les appels à la prière

Publié le 12 février 2017 à 23h36
Israël : le gouvernement donne son feu vert au projet de loi décrié visant à mettre en sourdine les appels à la prière
Source : Steve Parkins/Shutterst/SIPA

CONTROVERSE - Le gouvernement israélien a adopté dimanche un projet de loi qui reviendrait à interdire aux mosquées d'employer des haut-parleurs pour l'appel à la prière tôt le matin et tard le soir.

C'est un projet de loi qui n'a pas fini de faire du bruit. Le gouvernement israélien a adopté dimanche le "projet de loi sur la prévention du bruit des systèmes de sonorisation dans les établissements religieux", un texte qui reviendrait à interdire aux mosquées d'employer des haut-parleurs pour l'appel à la prière tôt le matin et tard le soir.
  

Ce texte, objet de vives polémiques dans le pays, va donc désormais pouvoir être examiné au Parlement. Il concerne théoriquement tous les lieux de culte, mais il a suscité l'indignation parmi les musulmans, alors que l'appel à la prière (adhan, en arabe) est récité par le muezzin cinq fois par jour , généralement via un système de sonorisation puissant installé sur les minarets.
  

Une précédente version du projet avait été rejetée à l'initiative d'un ministre juif ultra-orthodoxe, qui craignait que le texte ne limite aussi le volume des sirènes annonçant le début du shabbat, le repos hebdomadaire. Le nouveau projet interdit l'usage des haut-parleurs de 23 heures à 7 heures.

Un projet ayant provoqué l'ire dans l'ensemble du monde arabe

"Cette loi ne porte ni sur le bruit ni sur la qualité de vie. Il s'agit d'une incitation raciste contre une minorité nationale", a dénoncé dans un communiqué le député arabe israélien Ayman Odeh, chef de file de la Liste unie. "La voix du muezzin résonnait bien avant les racistes du gouvernement (du Premier ministre Benjamin) Netanyahu et elle résonnera encore après eux", a-t-il ajouté.

Le président israélien Reuven Rivlin s'était prononcé contre le projet, qui a provoqué une onde de critiques et de manifestations dans l'ensemble du monde arabe. Le texte s'appliquerait également à Jérusalem-Est, partie de la ville occupée et annexée par Israël où vivent plus de 300.000 Palestiniens, mais pas à la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu saint de l'islam et objet de tensions, selon un responsables israélien. La minorité arabe, qui représente 17,5% de la population israélienne, est de confession musulmane dans son immense majorité et s'estime déjà largement victime de discriminations.

Le député Moti Yogev, promoteur du texte, assure que le volume de l'adhan dérange des centaines de milliers de personnes.


Romain LE VERN

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