Joe Biden investi par les démocrates : quels sont les atouts et les faiblesses du candidat à la présidentielle américaine ?

Publié le 19 août 2020 à 17h59, mis à jour le 21 août 2020 à 10h05
Joe Biden investi par les démocrates : quels sont les atouts et les faiblesses du candidat à la présidentielle américaine ?
Source : ROBYN BECK / AFP

ETATS-UNIS - Comme prévu, Joe Biden est le candidat choisi par les démocrates pour tenter de reprendre la Maison-Blanche à Donald Trump. Pour y parvenir, de quelles armes dispose l'ancien vice-président de Barack Obama ? Et quels défauts pourraient lui être préjudiciables ?

C'est officiel : Joe Biden sera le candidat des démocrates pour la présidentielle américaine le 3 novembre. L'ancien vice-président de Barack Obama, aujourd'hui âgé de 77 ans, affrontera Donald Trump qui l'a accusé d'être la "marionnette" de l'aile gauche du parti. 

Ce "lion de l'histoire américaine", selon les termes de Barack Obama, va donc tenter de faire ce qu'il martèle depuis son entrée en lice en avril 2019 : battre Trump "à plate couture". 

Guillaume Debré, journaliste à TF1 spécialiste des Etats-Unis et auteur du livre "Je twitte donc je suis, l’art de gouverner selon Donald Trump" (Editions Fayard) décrypte les points forts de celui qui doit incarner l'alternative à Trump le 3 novembre. Et les défauts que ne manquera pas de souligner son adversaire. 

SES ATOUTS

"Le premier, c'est qu’il s’agit d’un rassembleur. Il est parvenu à unir un parti démocrate qui est totalement explosé entre les bobos écolos, la classe ouvrière, les électeurs noirs, la communauté LGBT, les intellos de la côte Ouest. C'est une espèce de constellation avec des intérêts sectoriels très disparates, qui n'arrivait pas à se rassembler jusqu'alors. Là, Biden est arrivé à se présenter contre comme le rassembleur d'une gauche désunie. D'abord, en étant extrêmement sympathique. C'est un mec convivial, génial, qui n'est pas clivant. Il a adopté des positions centristes, mais sans jamais mépriser l'aile gauche, c'est donc un candidat qui peut élargir le socle électoral des démocrates.

Deuxième point fort : son histoire personnelle. Il est issu d’une famille de cols bleus de la côte Ouest, et a été élu sénateur à 30 ans. Il a vécu un drame personnel quand sa première femme et sa fille ont trouvé la mort dans un accident de voiture en 1972, puis il a été à nouveau touché dans sa chair lorsque son fils aîné Beau a succombé à un cancer en 2015. Ses origines et ce parcours lui permettent d’avoir cette capacité à retisser des connexions avec l'électorat ouvrier du Parti démocrate qui avait été séduit par Trump, notamment dans les trois Etats-clés du Midwest : le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. Ça, c'est un atout pour aller challenger Trump sur cet électorat crucial.

Le dernier atout de Biden, c'est Trump. Trump, aujourd'hui, a hystérisé le débat politique. Il est affaibli, sur la défensive et si le candidat démocrate joue bien sa campagne, il peut le mettre en difficulté. Ce ne sera pas simple, mais il peut faire de Trump une force électorale pour lui."

SES FAIBLESSES

"Je lui trouve trois défauts. D'abord,  c'est un gros gaffeur. Il dit n'importe quoi. Il mélange les "millions" à la place des "milliards",  son discours manque de structure... Pourtant, il en est déjà à sa troisième campagne. C'est un candidat qui avait essayé à deux reprises d'être président des Etats-Unis (en 1988 et en 2008) et, à chaque fois, il n’a réussi à enlever aucune primaire. Donc ce n'est vraiment pas un animal politique. Face à Trump, qui, lui, est un showman, la réserve de Biden et sa capacité à enchaîner les gaffes politiques, à faire des erreurs, sont un vrai sujet. 

La deuxième faiblesse, c'est que l'ancien sénateur du Delaware est une créature de Washington où il a siégé pendant quarante-huit ans. Et aujourd’hui, les Américains nourrissent un profond rejet de la classe politique et des professionnels de la politique. Pour bien comprendre, ils ont le même rapport à Washington que nous vis-à-vis de Bruxelles. C'est une capitale fédérale lointaine. C’est forcément un des points sur lesquels les Républicains vont essayer d'appuyer.

Enfin, sa troisième faiblesse, c’est qu’il n'est pas Trump. Ce qui pourrait se révéler être une force peut aussi se retourner contre lui. N'oublions pas que Trump a quand même réussi à capter la colère d'une partie de l'Amérique déçue, justement, par Washington. C’est vrai, Trump est clivant et polarisant, mais il occupe l'espace. C'est lui qui structure le narratif politique et électoral. Et ça va être très compliqué pour Biden de déstabiliser Trump, notamment pendant les débats."


La rédaction de TF1info

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