"La plus grande baisse d'impôts de l'histoire" : Donald Trump savoure sa victoire sur la réforme fiscale

Publié le 21 décembre 2017 à 1h00, mis à jour le 21 décembre 2017 à 6h20
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Source : JT 20h Semaine

POLITIQUE - Avec ces mots, le président américain s'est félicité de l'adoption d'une grande réforme. La première depuis son accession au pouvoir, alors qu'il multipliait jusque-là les revers politiques.

Le président américain Donald Trump a célébré mercredi à la Maison Blanche l'adoption par le Congrès de la plus grande baisse d'impôts depuis 31 ans. Ce succès scelle la réconciliation entre la majorité et le milliardaire, qui les avait ouvertement critiqués après l'échec de l'abrogation de la loi sur la santé de Barack Obama. "Vos impôts vont baisser et votre salaire va augmenter", a lancé Donald Trump a l'adresse des Américains. 

Ce vote ne s'est pas déroulé sans couac. La Chambre des représentants, à majorité républicaine, a approuvé la réforme en début d'après-midi mardi 19 décembre (heure américaine). Mais trois articles mineurs n'étaient pas en conformité avec certaines règles budgétaires. La minorité démocrate a retoqué le texte, qui a dû donc repasser mercredi à la Chambre pour son adoption définitive. 

Une réforme fiscale pour relancer la croissance

La minorité démocrate était unanimement opposée à cette réforme mais la majorité républicaine s'est finalement rassemblée, après des semaines de marchandages. Le calendrier initial - la fin de l'année - a même été respecté. "C'est l'exemple parfait d'une promesse faite et d'une promesse tenue", s'est réjoui Paul Ryan, président de la Chambre et porteur de la réforme. "Nous rendons aux gens de ce pays leur argent, c'est leur argent !", s'est-il écrié.

Au Sénat, malgré l'absence de John McCain, soigné pour son cancer du cerveau, la majorité sénatoriale est restée soudée. La réforme réduira dès 2018 les impôts fédéraux sur les sociétés et sur le revenu. Un coût de 1.500 milliards de dollars pour les finances publiques sur la prochaine décennie. 

Mais le locataire de la Maison Blanche espère qu'elle installera durablement la croissance économique américaine au-delà des 3% actuels, ce qui générerait en retour de nouvelles rentrées fiscales. "La réforme fiscale nous amènera à 3%", a martelé Paul Ryan.

Une victoire en demi-teinte ?

La réforme était également censée simplifier le code des impôts afin que les Américains puissent remplir leurs déclarations de revenus sur une "carte postale". Mais la promesse a fait long feu, les lobbies ayant réussi à sauver tel abattement ou telle niche fiscale, par exemple sur la déduction des intérêts d'emprunts immobiliers.

Et si la baisse d'impôts est permanente pour les sociétés, elle ne durera que jusqu'en 2025 pour les ménages, faute d'accord à plus long terme. Le gain de pouvoir d'achat pour les familles s'érodera ainsi progressivement sur la prochaine décennie, jusqu'à s'annuler pour la moitié d'entre eux en 2027, selon le Tax Policy Center.

L'adoption sera néanmoins une victoire politique majeure pour le président Trump, qui espère que les Américains s'en souviendront quand ils se rendront aux urnes en novembre 2018, pour les législatives.

Les Américains en majorité contre la réforme

Pour l'heure, les Américains sont sceptiques : 55% s'opposent à la réforme, selon un sondage publié par CNN, et deux tiers jugent qu'elle profitera plus aux riches qu'à la classe moyenne. Mais "les résultats la rendront populaire", assure Paul Ryan. Dès février, les impôts prélevés à la source baisseront. Le texte inclut aussi deux grandes revendications conservatrices : l'annulation de l'amende imposée par "Obamacare" aux personnes qui ne sont pas assurées et l'ouverture de terres protégées de l'Alaska aux forages pétroliers. 

Pour les démocrates, la loi est effectivement un cadeau de Noël... mais pour les plus riches et les entreprises. "Souvenez-vous de ce jour", a lancé Nancy Pelosi, chef des démocrates de la Chambre. La loi est, dit-elle, "un vol pur et simple de la classe moyenne".

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Le président milliardaire en profitera-t-il lui-même ? La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, n'a pas répondu, assurant à la place que la réforme "coûterait beaucoup d'argent au président" du côté "personnel", mais qu'il en profiterait sans doute "du côté entreprises".

Maintenant que la réforme fiscale est adoptée, les parlementaires disposent de seulement trois jours pour désamorcer une crise budgétaire, avant vendredi minuit. Il faudra voter des crédits à l'Etat fédéral, ainsi que de multiples mesures sur la santé, le renseignement, les catastrophes naturelles voire l'immigration. Or, l'opposition démocrate retrouvera sa minorité de blocage au Sénat et donc son pouvoir de chantage, contrairement au débat fiscal, qui selon une procédure spéciale ne requérait qu'une majorité simple.


La rédaction de TF1info

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