Le futur député européen LaRem Sandro Gozi a-t-il appartenu à un parti néofasciste italien ?

Publié le 22 août 2019 à 17h34
Le futur député européen LaRem Sandro Gozi a-t-il appartenu à un parti néofasciste italien ?
Source : OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP

EXTRÊME DROITE - L'ancien ministre italien Sandro Gozi, numéro 22 sur la liste de Nathalie Loiseau aux élections européennes, a été membre de l'organisation des jeunesses du Mouvement socialiste italien, selon plusieurs médias italiens. Une information que le principal intéressé ne dément pas, mais minimise.

La case "activités politiques" de son CV démarre en 2005. Mais dans les faits, celles-ci auraient débuté dès les années 1980. Plusieurs médias italiens affirment ainsi, depuis le 16 août dernier, que Sandro Gozi, élu sur la liste de Nathalie Loiseau aux élections européennes, a fait ses débuts au Front de la jeunesse, un groupe affilié au Mouvement socialiste italien. Créé au lendemain de la Seconde guerre mondiale, ce mouvement était ouvertement néofasciste. 

Une photo avec des membres des jeunesses néo fascistes

C'est un média d'extrême droite, Il Primato Nazionale, qui a déniché une photo datée du 9 juin 1987. Sandro Gozi y apparaît aux côtés de membres du Front de la jeunesse (Fronte della Gioventù) et de Giorgio Almirante (au centre du cliché). Une figure connue de l'extrême droite transalpine. Outre la fondation du Mouvement social italien, il a été condamné pour collaboration avec les troupes nazies et a signé le très explicite "Manifeste de la race".

Des débuts qui font tâche pour celui qui se présente comme "premier Marcheur italien" et n'avait eu de cesse, à l'instar du camp macronien, d'ériger la liste Renaissance en rempart contre l'extrême droite. Et qui cadrent mal avec le reste de son CV – disponible en ligne – qui fait état d'un diplôme de Sciences Po Paris en relations internationales, où il a passé son année Erasmus, après une licence à Bologne en droit administratif européen. Elu député sous l'étiquette du Parti démocrate à 37 ans, réélu à deux reprises, il poursuit son ascension en intégrant le gouvernement Renzi en 2014, en charge des Affaires européennes.

Il franchira les Alpes à la fin de son dernier mandat, en se présentant sur la liste de La République en Marche pour les élections européennes de 2019, avec, à sa tête, Nathalie Loiseau, ex-ministre également épinglée pour son appartenance à une liste d’extrême droite lorsqu'elle était étudiante. Positionné à la 22e place, il attend, comme quatre autres élus français, le départ des députés britanniques afin de pouvoir siéger au Parlement européen. Pour patienter, il intègre le cabinet d'Edouard Philippe, chargé de suivre les relations avec le Parlement européen. Une situation qui lui vaut les inimitiés de l'exécutif italien, le futur ex-ministre de l'Economie M5S Luigi Di Maio le menaçant même d'être déchu de la nationalité italienne.

C'était un acte de rébellion
Sandro Gozi, chargé de mission aux Affaires européennes

La révélation du "quotidien souverainiste" n’a pas été démentie par le futur élu, qui a plutôt tenté de minimiser, notamment par son jeune âge. Auprès de l’agence d’information italienne (AGI), il justifie cette affiliation ainsi : "J’avais 16 ans, mon meilleur ami était le secrétaire local du Front de la jeunesse." Il l’a alors suivi vers l'extrême droite "un peu par amitié", "un peu par curiosité" et par "rébellion". "Je viens d’une famille de centre-gauche et, d’une certaine manière, c’était un acte de rébellion." Une expérience qui fut, assure-t-il, de courte durée. "Je me suis rapproché de ce groupe avant de rapidement comprendre que ce n’était pas fait pour moi".

"Rapidement", un adverbe à l'utilisation très subjective. Toujours d’après Il Primato Nazionale, qui a débusqué le relevé des inscrits du Fronte della Gioventù, le jeune homme y était encore inscrit en 1990. Sur cette liste apparaissent en effet le nom et la date de naissance, correctes, de Sandro Gozi. Il avait 22 ans à l’époque. Auprès de nos confrères du Point, le futur eurodéputé dément, cette fois-ci. Il explique que son engagement aurait "diminué" à la fin des années 80 et qu’il n’a "aucun autre souvenir d'action menée dans les années suivantes". Et d’avancer la thèse d’un "renouvellement automatique de l’adhésion" pour expliquer cette présence plus longue que ce qu'il a reconnu.

Un argument repris par son ancien frère d’armes, qui "exclut" l’idée que Sandro Gozi faisait encore partie du Front en 1990. Celui-là même qui se présente comme son "mentor", l’ayant mené dans les rangs ultra-nationalistes, indique dans les médias italiens qu’ils auraient tous deux quitté le groupe avant leur majorité. Et de toute façon, pour lui, il n’y a "pas de scandale". 

Vous souhaitez réagir à cet article, nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse alaloupe@tf1.fr 


Felicia SIDERIS

Tout
TF1 Info