Le président philippin Rodrigo Duterte affirme avoir commis un meurtre lorsqu'il avait 16 ans

Publié le 10 novembre 2017 à 17h36, mis à jour le 10 novembre 2017 à 17h45
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Source : Sujet JT LCI

CRAZY - Jeudi 9 novembre, le président philippin a affirmé devant un parterre de ses compatriotes qu'il avait commis un meurtre lorsqu'il était adolescent. Une déclaration polémique parmi des dizaines depuis son élection en 2016.

Connu pour ses déclarations fracassantes souvent vulgaires ou tout bonnement insultantes, le président philippin Rodrigo Duterte, pourtant relativement calme depuis quelques semaines, a récidivé. Jeudi 9 novembre au soir, lors d’une déclaration à la communauté philippine de la ville vietnamienne de Danang, il a affirmé très sérieusement avoir commis un meurtre lorsqu’il était adolescent. Il a également menacé de gifler Agnès Callamard, rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions sommaires ou arbitraires…

Une "exagération" ?

"Quand j'étais adolescent, je rentrais et je sortais de prison. J'étais dans des bastons ici, des bastons là", a lancé le président philippin. "A 16 ans, j'avais déjà tué quelqu'un. Une vraie personne, une baston, des coups de couteau. J'avais seulement 16 ans. C'était pour un simple regard. Combien de plus maintenant que je suis président ?" a-t-il demandé sur un ton menaçant.

Alors pourquoi Duterte, 72 ans, se vante-t-il d’un meurtre vieux de 56 ans ? Pour montrer sa force et donc sa détermination dans sa lutte contre le trafic de drogue ? Son nouveau porte-parole, Harry Roque, a expliqué que ses nouvelles déclarations pourraient relever de l'exagération.  "Je crois que c'était une plaisanterie. Le président utilise toujours un langage fleuri quand il est avec des Pinoys (Philippins) à l'étranger", a-t-il dit par texto à l'AFP.

Rodrigo Duterte, président des Philippines, autorise la police à "tuer les idiots"Source : Sujet JT LCI
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Ce n’est pas la première fois que l'entourage de Rodrigo Duterte demande aux journalistes de ne pas prendre toutes ses déclarations au pied de la lettre, soulignant qu'il aime plaisanter et que c'est un adepte de "l'hyperbole". En décembre 2016, il avait affirmé qu’il avait personnellement abattu des suspects des suspects pour donner l’exemple à la police lorsqu’il était maire de Davao, la quatrième plus grande ville du pays.

Lancé dans une guerre sanglante contre le trafic de drogue

Rodrigo Duterte a été élu en 2016 sur sa promesse d'éradiquer le trafic de drogue dans son pays, en promettant de faire abattre jusqu'à 100.000 trafiquants et toxicomanes présumés. Depuis son arrivée au pouvoir voici 16 mois, la police a annoncé avoir abattu 3967 personnes. Un chiffre très conséquent auquel s'ajoute, toujours dans des affaires de drogue, les 2290 suspects tués par des inconnus. Des milliers d'autres personnes ont été abattues dans des circonstances non élucidées, selon les chiffres de la police.

Mais ses opposants, aux Philippines comme à l'étranger, l'accusent d'orchestrer des meurtres extrajudiciaires en masse, perpétrés par des policiers corrompus et des miliciens.

Le président philippin accueille en début de semaine prochaine un sommet de l'Association des nations du sud-est asiatique, auquel assistera entre autres le président américain Donald Trump. Les défenseurs des droits de l'Homme estiment peu probable que le sujet de la répression antidrogue soit abordé au sommet de l'Asean et que celui-ci va servir de coup publicitaire à Rodrigo Duterte.

"Duterte bénéficiera d'un cadeau, le silence tacite des leaders de l'Asie de l'Est au sujet de sa guerre meurtrière contre la drogue", a déclaré à l'AFP Phelim Kine, directeur adjoint pour l'Asie de Human Rights Watch. "Le message du sommet, ça sera du gagnant-gagnant économique qui fait bien plaisir et qui passera sous silence le fait que Duterte a déchaîné une campagne de meurtres extrajudiciaires de masse".


Antoine LLORCA

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