Législatives en Suisse : pourquoi la droite anti-immigration a cartonné

Publié le 19 octobre 2015 à 14h50

DECRYPTAGE - La droite populiste suisse, l'UDC, a enregistré dimanche une progression spectaculaire aux élections législatives, qui la conforte comme premier parti de la Confédération Helvétique. Un succès en grande partie liée à sa campagne anti-immigration.

La Suisse toujours plus à droite. Après plusieurs années à grignoter du terrain dans les urnes, l’Union Démocratique du Centre (UDC) s’est offert dimanche soir un virage sans précédent, obtenant près d'un tiers des sièges du Conseil National (29,7% des voix). En clair : la droite populiste - associée au Parti Libéral radical (PLR) sur de nombreux sujets – prend les rênes de l’organe législatif du pays où le bloc de droite prend désormais la majorité.

Si cette percée n’est guère une surprise, tant les journalistes et les politologues en font leur choux gras depuis plusieurs semaines, personne ne s’attendait à un tel succès de l’UDC. Pourtant, force est de constater que la campagne, essentiellement axée sur la crise migratoire, a été propice au parti.
"Nous n’avons parlé que de cela, explique à metronews Xavier Lambiel, journaliste pour le quotidien Le Temps . L’UDC a thématisé là dessus, et les autres partis n’ont pas su qu’en faire".

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"La moitié de la population décide de ce qu’il se passe"

Pourtant, c’est peu dire que la Suisse s’avère plutôt épargnée en la matière. "C’est la crise migratoire qui a décidé de cette élection, ce qui est très curieux car je ne crois pas que la Suisse soit pour l’instant très concernée", abonde Xavier Lambiel. Et d’ajouter : "Les gens de l’UDC n’arrêtaient pas de dire : ‘Cela va arriver chez nous, le trajet passant par l’Autriche et l’Allemagne passe par chez nous.’ Sauf que jusqu’à présent nous sommes épargnés, surtout que des législations existent déjà."

Pour mieux frapper les esprits et interpeller les électeurs, l’UDC a tout misé ces dernières sur ses affiches de campagne. Des tracts auxquels a recours le parti depuis une dizaine d’années : pêle-mêle, ceux-ci mettent en scène une musulmane voilée devant un drapeau suisse transpercé de minarets en forme d'obus, ou une carte d’identité avec Oussama ben Laden. Sulfureux, à l’image de certaines figures de proue du parti, qui ont fait de l’immigration leur quasi-unique thème de campagne. Néanmoins, il y a une autre UDC, plus modérée, appelée en Suisse "l’aile agrarienne", composée notamment d’agriculteurs.

Ce sont ces derniers qui, dimanche, sont venus voter en masse en faveur du parti, à l’heure où la majorité des électeurs désertent les isoloirs. En effet, pour ce scrutin législatif, l’abstention a grimpé à 48% des inscrits. "Moins de la moitié de la population décide de ce qu’il se passe. Cela peut expliquer le glissement à droite du pays", analyse Xavier Lambel, dans un pays qui, démocratie directe oblige, vote en moyenne tous... les trois mois.

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Thomas GUIEN

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